Chapitre 15

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- Alors c'est ça, Erbaf ?

Les yeux écarquillés, j'admirai cette nature à l'état brut qui prospérait. Au loin, je voyais des maisons gigantesques en bois, autour desquelles jouaient des enfants de taille surprenante. Erbaf, l'île des géants. J'avais beau avoir déjà croisé des géants, c'était impressionnant de se rendre compte de notre petitesse face à eux.

- C'est ça.

Beckmann jetait par dessus-bord quelques petites affaires, que je vins récupérer et emporter à l'écart. Une fois la transaction terminée, mon nakama descendit et me rejoignit sur la terre ferme.

- Tu as bien tout pris ? Tes armes, aussi ?
- Oui c'est bon.

Shanks nous regardait depuis le pont, avec le reste de l'équipage. Il souriait. J'avais fini par apprendre qu'il avait comploté avec Beckmann pour que celui-ci me prenne sous son aile et m'entraîne. Les petits cachotiers. Le capitaine leva la main en l'air et l'agita.

- Bon courage à vous, revenez vite !
- On en a pour un mois à tout casser !
- Au revoir Shanks !

J'agitai également la main tandis que mon nouveau mentor croisait les bras en souriant. Les au revoir finirent dans la joie, le rire et le sourire, nous attendions tous déjà les retrouvailles.
Dès que le Red Force fût hors de vue, je me tournai vers le second de l'équipage. D'un signe de tête, il m'indiqua les affaires, et nous commencions à nous installer dans la forêt bordant le village.

Deux semaines plus tard...

J'étais perchée sur la branche d'un arbre. Accroupie, je gardais une attention particulière à maintenir mon équilibre sans faire de bruit. Une fois stabilisée, je penchai la tête et regardai Beckmann. L'homme aux cheveux gris était assis à même le sol, il fumait. Il ne m'avait pas repérée, tant mieux.
J'attendis qu'il eût fini de fumer pour bondir de mon arbre. En retombant vers lui, je tendis les jambes devant moi pour l'atteindre dans le dos. Au dernier moment, il se décala, je dûs faire une roulade pour me relever de ma chute. En me mettant debout, je saisis mes saï et fit face à mon mentor, qui avait pris un couteau. Je me mis en garde, avant de m'élancer vers lui en poussant un cri d'attaque. Nos lames s'entrechoquèrent. J'avais cependant un avantage sur lui : j'avais deux armes, lui une. Mais j'avais beau essayer de l'atteindre, il détournait toujours mes attaques. Je serrai les dents, il fallait que j'arrive à leurrer son Haki... J'essayai de feinter en l'attaquant sur le côté avec l'un de mes saï. Ma lame percuta la sienne. Le coeur battant, je m'appliquai à enchaîner tous mes gestes le plus rapidement possible. Sans laisser à Beckmann le temps de réagir. De mon autre saï, je vins lui donner un coup au flanc, tandis que je brisai sa lame. Désarmé, il recula et jeta son couteau au sol. Il sortit son pistolet et s'apprêta à tirer dans ma direction, mais je ne le laissai pas faire. D'un cri, je retournai les balles à l'envoyeur, qui se hâta de les éviter.

Durant ce temps de chaos, je profitai de la distraction de mon adversaire pour pousser un cri vers le sol. Dès que les ondes de ma voix eurent atteint la terre, je fus propulsée dans les airs, et une fois en l'air, je tendis mes jambes de sorte à guider ma chute pour arriver devant Beckmann. Je rangeai mes saï à ma ceinture tout en atterrissant sur mes pieds. Je tentai alors d'administrer des coups de poings, des coups de jambes et des uppercuts au pirate. Il avait jeté son pistolet, et s'occupait de parer ou esquiver mes coups. Arf... Plus rapide, plus fort, plus vite. Je redoublai d'attention, de vitesse et d'agilité. Il s'appliquait à dévier toutes mes attaques mais il perdait peu à peu le rythme, il devenait de plus en plus lent. Et il commit une erreur, il faisait moins attention. Je pus lui asséner un coup de poing à la mâchoire, la puissance de mon attaque le fit valser jusqu'à un arbre dans lequel il s'encastra. Devant tant de fracas, je fus brièvement aveuglée. Puis, plus un bruit.

- ... Beckmann ?

Je m'approchai de l'arbre, soudain prise d'inquiétude. Même si la force de Beckmann était phénoménale, j'avais peur d'y être allée trop fort, d'autant plus que mon mentor ne répondait pas à mon appel. Arrivée devant l'arbre en question, quelle fût ma surprise quand je constatai les débris de bois sans trace du second de l'équipage. Il n'était plus là.

- Beckmann ? Beckmann !

Je criai son nom, de plus en plus alertée. Où pouvait-il bien se trouver ? Était-il blessé ? Je regardai autour de moi, et ne constatant pas sa présence, je tournai les talons... Et me retrouvai au sol.

Beckman était derrière moi, et il avait profité que je me retournes pour me faire basculer à terre d'un coup de jambe. J'étais à présent au sol, et très surprise d'y être. Le quinquagénaire, les bras croisés, souriait. Il était fier de son coup.

- Ne baisse jamais ta garde, ça t'évitera de te faire tuer.

Je lui donnai un coup dans le tibias puis le fit à son tour tomber. Une fois que son dos eût atteint le sol, je m'asseyai sur sa taille pour l'empêcher de se relever et plaçai la pointe d'un de mes saï sous sa gorge. Les yeux écarquillés, il ne savait que faire et ne remarqua que trop tard mon arme. Il leva les yeux vers moi, et ce fût à mon tour de sourire et de faire la fière.

- Ne baisse jamais ta garde, ça t'évitera de te faire tuer.

Je m'étais amusée à répéter mot pour mot sa tirade. Il eut un hochement négatif de la tête et poussa un soupir amusé, avant de lever les mains, façon de reconnaître sa défaite. Je rangeai mon saï, me levai et lui tendis la main pour l'aider à se relever.

- J'ai gagné.

À ma remarque, il eut un léger grognement. Ça m'amusais de le voir ainsi, bougon suite à une défaite. Je vins lui donner une légère tape sur l'épaule puis un sourire, espérant calmer son côté bougon.

- Tu m'as battu...
- Faut bien que l'élève dépasse son maître.
- ... Bravo.

Il était passé d'un visage mécontent à une expression joyeuse, je compris alors qu'il avait joué la comédie. Nous éclations de rire en tapant dans la main de l'autre, sonnant solennellement la fin du combat.

L'entraînement avait été rude. Nous passions toute la journée à se battre, ne nous accordant des pauses que pour dormir et pour les repas, repas que nous partagions avec les géants. Ceux-ci étaient adorables et j'imaginais parfaitement que Shanks et Beckmann avaient de bons antécédents avec eux, car ils nous avaient accueillis les bras ouverts.

En deux semaines, Beckmann m'avait été d'un véritable aide. Grâce à lui, j'avais une meilleure aisance avec mon Fruit, je ne faisais plus de malaise et avais développé de nouvelles techniques. J'avais également perfectionné ma maîtrise des saï, du corps à corps et du Haki de l'observation. Je m'étais améliorée, j'étais plus forte. Forte au point de battre Beckmann, même si il avait été assez gentil niveau attaque. Je savais que les amiraux respectaient mon mentor en combat, alors cette petite victoire me faisait quand même chaud au coeur, car je voyais mes progrès. J'espérais, à la fin du mois, pouvoir surpasser un Beckmann à pleine puissance, c'était mon objectif.

- Tu viens ? Si tu traînes trop, je vais finir par manger ta part !
- Eh ! Pas question ! Attends-moi !

Je me dépêchai de le rattraper. Il riait en plus, le bougre. Il y avait de quoi aussi, il avait fini par me connaître et il savait comment me motiver : menacer sur la nourriture ou sur le sommeil. Quel manipulateur.
Note à moi-même : piocher dans l'assiette du vieux quand il aura le dos tourné.

Une Question de Justice [One Piece]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant