Pendant un instant, je restai pantelante. Je me relevai tant bien que mal et m'appuyai au rebord, avant de tourner la tête et balayer du regard le pont. Beckmann était accroché au gouvernail, la plupart des autres se relevaient tant bien que mal après une telle accélération. Je fus soulagée en voyant qu'aucun n'était blessé.
- Isis, qu'est ce qu'il s'est passé ? Eh... Tout va bien ?
Mon capitaine venait d'arriver, il me regardait avec inquiétude. Je voulus avancer vers lui, mais au premier pas que je fis, mes jambes cédèrent. Je tombai lamentablement au sol, soudainement prise de vertiges.
- Isis !
- POUSSEZ-VOUS !
- T'as mal où ?
- Ces enfoirés t'ont blessé ?Je restai au sol, les yeux fermés et les dents serrées. Ma respiration s'accélérait, mon crâne me faisait un mal de chien, ça tournait, toutes ces voix m'assassinaient les tympans, et mon ventre... Mon ventre... Prise d'un haut-le-coeur, je rendis mon repas du midi. J'entendis des cris d'exclamation, une main vint se poser sur mon front. Mon corps resta immobile, il ne m'obéissait plus, j'arrivais seulement à respirer. J'entrouvris les yeux. Je voyais flou, je perdais petit à petit conscience du monde qui m'entourait. La main sur mon front partit, j'entendis des voix plus distinctes et plus proches que les autres. Je sentis alors qu'on passait un bras sous mes épaules. On m'aida à me relever, et à marcher dans ce brouhaha et ce mélange de couleurs qui m'étaient insupportables. Et dans tout cela, des cheveux roux et des cheveux gris.
En me voyant m'écrouler, Shanks s'était précipité. Il avait constaté ma température, puis avait demandé à Beckmann de m'éloigner de toute cette agitation, ce qu'il avait fait. Il m'emmena dans ma chambre, et me fit asseoir sur mon lit. Je me laissai faire. Une fois assise, j'attrapai mes draps dans mes mains et encrai mes pieds au sol dans une tentative désespérée de faire cesser le tournis. Je penchai la tête vers l'avant et toussai, j'avais peur d'avoir un nouveau haut-le-coeur. Je sentis une main se poser sur mon épaule. Je relevai doucement la tête, et discernai les traits de Beckmann. Il me souriait, un sourire de réconfort. J'étais étourdie, je ressentais à peine son contact et avais à peine conscience de la gentillesse et de l'inquiétude de mon interlocuteur.
- Eh... Tu peux t'allonger ?
Le regard dans le vague, j'hochai la tête presque automatiquement. Les heures qui suivirent ne furent pas des plus agréables. On me laissa me reposer, le médecin de bord était venu m'administrer des soins médicaux, j'avais même une bassine à la droite de mon lit, au cas où. Lorsque j'eus retrouvé l'usage de la parole et un minimum de bonne santé, Shanks vint me rendre visite, et je lui expliquai ce qu'il s'était passé exactement. Je passai la journée du lendemain à dormir, en mangeant et buvant un peu.
Le surlendemain, je me sentais mieux. Après que le médecin ce fût assuré de mon état, je pus me lever, et je me dépêchai de rejoindre mes nakamas. Ils m'accueillèrent avec le sourire, certains très tactiles me prirent dans leurs bras, d'autres me donnèrent des tapes dans le dos, ils étaient soulagés. Leur attachement me touchait, ils étaient si gentils et je dus leur assurer plusieurs dizaines de fois que je n'allai pas mourir de ce malaise.Je repris mon quotidien. La journée se déroula sans encombre, tout était normal, il faisait même très beau, ce qui nous conduisit à passer le reste de notre après-midi à nous prélasser sur le pont.
Tandis que j'imitais les autres, et me dorais au soleil, allongée sur les planches du navire, on vint me secouer par l'épaule, délicatement. J'ouvris un œil, puis l'autre.- Hm ?
- Salut. Comment tu vas, depuis avant-hier ?Je me redressai et m'assis en tailleur. Beckmann m'imita et s'assit en face de moi. Je lui offris un sourire rassurant, me rappelant de son inquiétude de l'autre jour.
- Ça va mieux, t'en fais pas. Merci d'ailleurs, j'aurai sûrement fini par y passer sans toi et Shanks.
Bon, j'exagérai un peu. C'était un malaise, pas une blessure mortelle, mais bon sang que ça avait été horrible à vivre. Ma remarque fit rire l'homme aux cheveux gris. D'un geste de la main, il répondit à mon remerciement.
- Paraît, d'après Shanks, que tu as un peu abusé de tes pouvoirs.
Je soupirai et secouai la tête en souriant néanmoins. Shanks s'inquiétait quand même au point de sur-interpréter mes dires. Je n'avais pas abusé de mes pouvoirs, non, je nous avais juste tous sauvé. Juste ça.
- Je n'en ai pas abusé, mais mon corps n'est pas encore habitué. Après quelques entraînements, je suis sûre que ça ira.
Je regardai le second dans les yeux. J'étais sûre de moi et de ce que j'avançai, et je voulais que cela se voit. N'étant pas vraiment prise de tête, je me fichai bien de si je paraissais faible, mais je ne voulais pas inquiéter les gens que j'aime, comme mon père, Kobby, Yūki, Shanks, Beckmann, et l'équipage.
Beckmann souriait. Comme chez Shanks, son regard était bienveillant. Les deux faisaient vraiment la paire.- Et si c'était moi, qui t'entraînais ? Ça te dirait ?
La surprise me fit perdre mon sourire. Je restai à fixer le second, assimilant petit à petit ses paroles. J'avais bien compris, il voulait vraiment m'aider, m'entraîner ? Il semblait tout à fait sérieux. Je ne savais pas quoi dire face à cette proposition, ou plutôt si, mais je ne savais pas par quoi commencer. J'eus un grand sourire en m'efforçant de ne pas m'enflammer de joie.
- Avec plaisir, Beckmann ! Ce serait vraiment génial.
Son visage se retroussait en un rictus heureux. Je déduisis qu'il était aussi ravi que moi. J'étais heureuse de reprendre un entraînement avec un homme comme lui, que j'admirais et respectais.
- On s'y met quand, professeur ?
M'amusant de la nouvelle situation, je revêtis une mine joyeuse avec un sourire en coin. Face à ma réaction et mes paroles, le second éclata de rire.
- Première fois qu'on m'appelle professeur !
Il se leva. Je restai assise, et dus donc lever la tête pour ne pas le perdre de vue.
- On commencera sur la prochaine île, ça te va ?
- Sans problème ! Et c'est laquelle, d'île ?
- Erbaf !
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Une Question de Justice [One Piece]
FanfictionLa Justice n'est pas un simple mot. C'est toute une idéologie, capable de causer des guerres. La Justice n'est pas aussi simple qu'il y paraît. Elle peut être corrompue, ou trop extrême. La Justice n'est pas la Marine. Encore moins le Gouvernement M...