Chapitre 4

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Le cœur de Laura avait fait un bond au moment où elle avait su. Sa respiration s'était bloquée. Son cerveau s'était arrêté. Le sang qui circulait encore dans ses veines et qui n'avait eu l'audace de se glacer, s'était retrouvé dans ses pommettes. Ses mains étaient si moites qu'elle ne put se résoudre à tenir son portable que d'une seule.

— Laura ? Tu es toujours là ?

Celle-ci secoua la tête avant de poser la paume de sa main sur son front dégoulinant de sueur. Elle tenta d'articuler, mais ne put dire qu'un mot.

— Oui.

Sa gorge était si serrée que cela lui fit mal. Elle entendit Manon se moucher bruyamment et peu de temps après, elle reprit la parole d'une intonation plus rassurante :

— Je me doute bien que tu dois être ébranlée. Mon mari et moi sommes dans le même état. Mais si tu peux, ce serait bien que tu passes à l'hôpital. Alyson va avoir besoin de toi.

Laura accumula tout le courage qu'il lui restait pour ne pas se laisser tomber par terre. Les signaux terrifiants que lui envoyait son corps, les sentiments qui s'emparaient d'elle lui donnaient l'impression qu'elle perdrait connaissance d'une seconde à l'autre.

— D'accord, rétorqua-t-elle, peu convaincante.

— Très bien. Écoute, je vais devoir raccrocher, le médecin demande à me voir. Je vais t'envoyer un message avec l'adresse de l'hôpital et le numéro de chambre. Préviens-moi quand tu seras en route, OK ?

L'étudiante haleta en guise de réponse et l'appel prit fin dans un bruit strident qui lui fit savoir que Manon venait de raccrocher.

Ton cœur bat trop vite.

Laura avala son air trop vite, ce qui n'aida pas à rendre son teint moins blafard qu'il ne l'était déjà. Elle rangea son portable dans la poche arrière de son pantalon et ne trouva pas de solution pour calmer ses angoisses, si ce n'est que de faire des allers-retours dans le coin de la cafétéria.

Tu ne sens pas, là ? Il y a un truc qui ne va pas.

Lucas, même de sa position, remarqua que la jeune fille était en détresse. Il l'avait senti. Il attrapa donc son sac à dos ainsi que celui de Laura avant d'aller la rejoindre.

— Est-ce que tout va bien ?

Il y a un truc qui ne va pas.

Dans l'incapacité de répondre, elle secoua la tête, laissant déferler les gouttes de sueur sur ses joues qui ne tardèrent pas à se mêler à celles de ses pleurs. Son cœur était comprimé et donnait de grands coups dans sa poitrine. À croire qu'il imploserait.

Il faut que tu appelles les urgences, tu vas mourir !

— Voyons ! s'étonna le garçon d'une mine plus inquiète. Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce que tu as ?

Dans la panique, elle arracha son sac des mains de Lucas et pointa les portes principales de la salle en couinant :

— Je dois... J'ai une... (Elle inspira sans pouvoir expirer par la suite.) Urgence ! Désolée !

Elle quitta la cafétéria à grandes enjambées, presqu'à la course. En se précipitant à travers le couloir, elle faillit trébucher sur ses propres pieds quand elle croisa la porte des toilettes. Toujours en état d'hypervigilance, elle jeta un regard vers le bout du couloir en se disant que la sortie lui semblait bien trop loin. Elle s'empressa donc d'entrer dans les toilettes.

C'est sûr que tu vas mourir.

Laura poussa sur la porte de la cabine la plus proche et s'y enferma avant de se laisser tomber en position assise sur la cuvette.

Tu as du mal à respirer.

Elle déposa son sac chargé de bouquins sur le sol en marbre et elle dézippa sa veste, pensant que sa respiration reprendrait un flot plus régulier une fois sa gorge et sa poitrine dénudés.

Il y a des gens qui sont morts de ça et maintenant, c'est ton tour.

Les bruits de sa respiration saccadée étaient la seule chose qui lui était donnée d'entendre, en dehors des battements désordonnés de son cœur. Ça n'aidait pas. La panique s'était installée en elle, plus affamée que jamais. Sa longue expérience avec l'anxiété et des crises d'angoisse l'amenait à constater qu'elle ne s'était jamais sentie aussi terrifiée.

As-tu mal au bras gauche ? Comment va ton bras gauche ? Sur cette prise de conscience, elle se mit à palper son bras ainsi que le dessus de son sein gauche. S'il est engourdi, ça veut dire que tu fais une crise cardiaque !

La jeune fille fut pétrifiée par cette idée et cette information que son subconscient venait tout bonnement de lui lancer. Bien sûr, ce n'était pas anodin pour elle d'avoir cette petite voix intérieure qui ne faisait qu'envenimer des situations stressantes, voire des situations dans lesquelles il n'y avait aucune raison de se faire du souci. Elle se sentait si affolée en permanence qu'elle s'était presque habituée à son corps qui se créait des maux. Mais cette fois-là, elle aurait très bien pu s'en passer.

Laura engouffra son visage entre ses mains humides et pleurnicha face à la terreur. Elle était certaine de devenir folle. Elle croyait ne plus jamais pouvoir redevenir elle-même après cette crise colossale.

Alors que la douleur à sa poitrine persistait, elle eut un moment de lucidité et réussit enfin à expirer, ce qu'elle n'avait pas eu la capacité de faire depuis qu'elle avait quitté la salle à manger.

Tu vas mourir.

— Non.

Si. Tu vas mourir.

— Non, ça va ! se força-t-elle à croire pour se rassurer. Ce... Ce n'est qu'une crise d'angoisse. Ça ne va pas durer.

Tu vas mourir.

— Tais-toi. Je t'en prie, tais-toi.

Elle laissa sa tête s'abattre contre le mur droit de la cabine. Elle soupira longuement, arrivant finalement à calmer son pouls et sa respiration sifflante. À l'instant d'après, elle reçut le texto promit par Manon et lui répondit qu'elle irait les rejoindre à l'hôpital le plus tôt possible. S'il y avait bien une chose qui pouvait lui faire oublier ses propres besoins et intérêts, c'était que sa meilleure amie allait avoir besoin de soutien, de réconfort ainsi que d'une oreille alerte et attentive.

Elle ne savait pas encore ce qui avait pu pousser Aly à vouloir se suicider, mais elle était convaincue que cela avait un lien avec Kelly et Scott.

L'Alpha - Volume 1 : Le Clan O'ConnellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant