Chapitre 47

6 2 1
                                    

Le fait de prendre une douche n'avait jamais autant dégoûté Alyson. Elle qui pensait qu'elle se sentirait mieux après. C'était raté.

Les lignes entre les carreaux blancs de la douche étaient noires comme du charbon et les murs n'étaient plus blancs, mais jaunes. C'était normal vu la vitesse et la manie incessante qu'avait Ricky de fumer des cigarettes et des pétards. Il y avait des traces d'urine partout sauf dans la cuvette. De plus, l'eau de la douche qui se déversait dans le bain prenait du temps à traverser le drain à cause de l'accumulation de cheveux qui obstruait le tuyau.

Une fois sortie de cet enfer, Alyson s'enroula d'une serviette que Ricky avait eu l'amabilité d'aller nettoyer dans la salle de lavage, dans le sous-sol de l'immeuble. Elle frotta le miroir couvert de buée et s'observa dans le miroir.

Qu'est-ce que je fais là ?

Le vide était resté longtemps, mais pas assez longtemps. Son cœur avait réitéré les coups à sa poitrine et ses émotions étaient revenues la tabasser lorsque les textos et les messages vocaux avaient commencé à faire sonner son téléphone. Manon avait tenté de la persuader de revenir à la maison à peine une heure après son départ. Elle avait envisagé que sa fille ne reviendrait pas. Dylan avait appelé, lui aussi, mais beaucoup plus tard. Cependant, il ne lui avait pas écrit, ni laissé de message dans sa boîte vocale. Alyson songea que le jeune homme devait être trop occupé à la chercher un peu partout depuis les coups de vingt-et-une heures.

Les vingt-deux heures approchaient. Selon Ricky et ses magouilles pas très légales, ceux qui allaient bientôt représenter des billets à ses yeux demandaient régulièrement des services à cette heure-là. Particulièrement au cours d'un vendredi soir comme celui-ci. C'était la raison pour laquelle elle s'était empressée de se doucher et à sécher ses cheveux devant la glace de la minuscule salle de bain. Son proxénète, lui, était allé lui chercher de quoi s'habiller pour « l'occasion » durant ce temps.

Elle s'attendait à de la lingerie osée comme elle avait pu en voir dans les reportages qui parlaient de la vie des stripteaseuses ; un soutien de gorge très invitant de deux tailles au-dessus ainsi qu'un déshabillé très coloré, mais non. Alyson fut agréablement surprise lorsqu'elle déballa ce qu'il lui avait acheté à la boutique de lingerie. C'était une brassière et une culotte en dentelles noires. Une fois les deux bouts de vêtements en main, la brune leva les yeux vers Ricky.

— Merci.

Elle avait voulu que ses remerciements aient l'air sincères, mais même pour ça, elle ne pouvait plus faire semblant. Sans gêne, elle se dévêtit de sa serviette devant lui avant d'enfiler les sous-vêtements neufs. Et ce ne fut qu'au moment où Aly entendit le téléphone du jeune homme sonner et qu'il se dépêcha d'aller le récupérer dans le salon qu'elle eut un bref moment de lucidité. C'était comme si son esprit venait de réintégrer son corps, lui envoyant tous les signaux de détresse qu'elle avait tenté d'engourdir depuis.

— C'est trop dur ! l'interrompit-t-elle. J'peux pas !

— Tu en as besoin, non ? demanda Ricky en brandissant son portable sous ses yeux.

— J'ai honte, je... (Elle secoua la tête, ne trouvant pas ses mots.) Je ne peux pas, c'est tout. Ça me dégoûte.

L'Alpha - Volume 1 : Le Clan O'ConnellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant