Le lendemain, Lily n'avait toujours pas parlé de l'incident à Brendon. Elle aurait pu mettre ça sur le dos d'un manque de temps, mais en vérité, il s'agissait plutôt d'un manque de courage évident. Pourquoi avait-elle tant honte d'aller mieux ?
Parce que je ne vais pas assez bien.
Pas comme tout le monde le voudrait.
Lily existait à travers les yeux des autres, bien qu'elle fût particulièrement ouverte à ce concept et prudente à la fois. Dans les faits, son propre avis sur son cheminement s'avérait souvent erroné par un grand nombre de personnes. Louise en était le parfait exemple, parce que malgré les photos envoyées, dont celles où elle pouvait y apercevoir les pieds de Lily posés sur une balance ainsi que son poids qui grandissait à chaque jour, elle ne croyait pas en d'éventuels progrès. Tout comme son mari, Brendon, Laura, les médecins et les inconnus qui dévisageaient l'anorexique dans la rue. Louise voulait une vérité, des explications crédibles, presque irréfutables. Le temps serait le seul messager de Lily, bien que ce ne fût pas le cas ce jour-là.
Il était seize heures. Jeudi après-midi. Comme l'indiquait son horaire, Lily était écrasée sur sa chaise dans le cours de littérature de Monsieur Merchant. Elle persistait à cogner son index contre son manuel au même rythme de la plus fine aiguille de l'horloge accrochée au-dessus de la porte. Naturellement, la brune ne faisait que prétendre être douée d'oreilles ultra sensibles et s'imaginer être en accord avec les cliquetis du temps qui passait.
Lorsque que la cloche de l'établissement sonna et qu'elle se leva enfin de sa chaise, elle fut victime d'un vertige saisissant et puis... plus rien.
Que du noir.
Tout noir.
Un cillement.
Une crevasse qui n'en finit plus de finir.
Durant un court instant, elle oublia tout. Comment elle était tombée dans les pommes jusqu'à son existence elle-même. Elle était vide de corps et d'esprit. Plus qu'une onde qui s'émeut d'un point de départ à un point d'arrivée hasardeux. Curieux. Tout comme l'hypothèse que Lily puisse aller mieux. Tout comme Louise ne distinguait pas la vérité, mais sans éliminer la théorie qu'elle puisse un jour guérir. Tout comme l'espoir qu'elle rangeait dans un tiroir sombre et caché jusqu'au jour où la preuve du contraire lui serait démontrée.
Ce ne fut qu'au moment où l'étudiante senti un fourmillement lui ravager le corps et qu'elle prit conscience du bruit aigu qui lui traversait le crâne qu'elle put se rappeler qu'elle vivait. Son nom, qui elle était, ça, ils s'agissaient encore d'informations approximatives.
Lorsqu'elle fut dans la capacité de créer une brèche entre ses paupières, elle ne vit que cinq silhouettes aux formes humanoïdes perchées au-dessus d'elle. De leurs têtes jusqu'à leurs supposées poitrines, mais pas au-delà. Encore plongée dans une confusion totale, Lily grogna en guise d'affolement. Elle pensait être en présence d'espèces moindres ou supérieures à la sienne. D'extraterrestres, peut-être ? Elle ne pouvait pas mettre de mots sur ça, ni même par la pensée. Aucun d'entre eux ne faisait de mouvement, si ce n'était qu'un léger oscillement.
— Lily ? fit une voix distordue.
Là, elle voulut se redresser, mais on l'en empêcha. L'une des nombreuses silhouettes s'était accroupie. Une pression accabla ses épaules sveltes et l'obligea à rester immobile.
— Vous devriez rester allongée, Mademoiselle Garnier. Vous venez de perdre connaissance, expliqua l'enseignant qui avait accourut après avoir vu son élève s'effondrer par terre.
Soudain, elle se remémora où elle se trouvait, mais pas le moment où elle s'était évanouie. Ce qui l'effraya comme toutes les fois où cela avait eu le malheur de lui arriver. Elle réalisa aussi que les silhouettes situées un peu plus haut n'étaient nulles autres que des élèves de sa classe. Elle dût se retenir d'exploser en larmes face à sa peur du vide qui avait effacé son existence un court instant, mais qui l'avait aussi remplie d'une étrange sensation de paix et de satisfaction.
VOUS LISEZ
L'Alpha - Volume 1 : Le Clan O'Connell
ParanormalLaura, une étudiante timide, fait son entrée à l'Université de Kincardine. Une nouvelle vie intrépide pour la jeune fille qui n'a dès lors jamais connu le monde extérieur, ayant vécu avec sa grand-mère la majorité de sa vie. Tout semble bien aller j...