L'Alpha - Volume 1 : Le Clan O'Connell

Chapitre 2

Jamais il n'avait imaginé avoir un jour le privilège de la regarder bouger et gesticuler de cette manière : les yeux fermés, les lèvres humidifiées par l'alcool, le corps svelte enchaînant les mouvements gracieux. Sous les jeux de lumières, Alyson Williams brillait de mille feux. Si seulement elle avait su que quelqu'un n'avait d'yeux que pour elle, sans doute n'aurait-elle pas gaspillé sa soirée à essayer d'impressionner son minable petit-ami ?

À cette pensée, Dylan, le jeune homme qui persistait à garder un simple rôle d'observateur, se cala dans son siège. L'ombre du canapé lui était préférable aux reflets colorés de la boule à facettes. Du moins, c'était le cas avant qu'il ne s'ouvre le bras une demi-heure plus tôt. Sur la terrasse, à l'arrière de la maison, à l'écart de tous. Durant les premières minutes, il avait essayé de calmer sa respiration paniquée dû au geste qu'il avait finalement eu le cran de poser. Puis, à force de tirer sur son joint et de se vider de son sang, il avait fini par lâcher prise et s'assoupir.

Après un black-out qu'il n'était pas parvenu à mesurer, il avait repris conscience comme si sa tentative de suicide de plus tôt n'avait pas eu lieu. Pourtant, son poignet saignait toujours et l'entaille se révélait bel et bien réelle. Pris d'une soudaine prise de conscience, il s'était rapidement précipité à l'intérieur et plus particulièrement dans la salle de bain afin de trouver de quoi panser sa blessure volontaire. C'était là qu'il était tombé sur Laura, la meilleure amie de la jeune fille qu'il tentait de courtiser, du moins en avait-il l'illusion.

Après de nombreux vertiges qui lui avaient donné l'impression d'être dans des montagnes russes, Dylan avait tenté d'ignorer la fièvre et de retourner dans les entrailles bouillonnantes de la soirée. S'il était en train de mourir lentement comme il le pensait, peut-être que quelqu'un le verrait et le conduirait aux urgences ? Dans tous les cas, il savait que la perte de sang n'y était pour rien. Plus maintenant. Cette fièvre lui paraissait mystique, à la fois terrassante et source d'une puissance inestimable. C'était elle qui lui avait permis de se lever du carrelage de la salle de bain et de se traîner jusqu'au divan. Rien que pour admirer la fille qui le faisait vivre, en pensant qu'il s'agissait de ses derniers moments. Peut-être la vie lui offrait-elle une seconde chance, après tout ?

Il réitéra cette théorie quand il vit la jeune fille se diriger vers l'escalier qui menait à l'étage supérieur.

— Non, grogna-t-il.

Elle cherchait Scott et Kelly, il le savait. Ce qu'il savait encore plus, c'était qu'elle allait les surprendre en plein milieu d'une liaison intime, bien que le petit ami de la brune ne se cachait même plus pour faire ses avances à l'autre. Cette idée insupporta Dylan qui tenta de s'extirper du canapé pour la rattraper, ce qui ne fut pas sans difficulté. Il avait l'impression d'avoir pris un cachet, d'avoir aspiré un truc ou d'avoir fumé une plante hallucinogène. Rien à voir avec le simple joint qu'il s'était roulé pour l'accompagner dans la mort. Ses sens étaient multipliés, mais l'empêchaient d'être aussi efficace qu'il le voulait.

Arrivé au pied de l'escalier, il se fit interrompre par une main qui se posa avec force contre son torse.

— Ça va, mec ?

C'était Shawn, son meilleur ami.

— Qu'est-ce qui t'arrive ? s'inquiéta-t-il. Pourquoi tu saignes ? Ne me dit pas que t'as fait une connerie. Merde, Dylan !

Il tenta de se défendre en vain, submergé par des sensations qu'il n'arrivait toujours pas à comprendre. Son ami empoigna son bras, et en découvrant la coupure désormais entourée d'une morsure, Shawn afficha une expression de stupeur.

— Aller, on bouge. Maintenant.

Toujours muet, Dylan essuya son front moite sur lequel se plaquaient ses cheveux bruns. Il essaya d'expliquer à son ami qu'il ne pouvait pas partir. Qu'il devait empêcher Alyson de monter ces escaliers qui semblaient s'étirer à chaque fois qu'il les regardaient. Qu'il devait la rattraper avant qu'elle ne découvre ses deux bourreaux ensembles.

Mais alors que son ami le traînait vers la sortie, la voix d'Alyson Williams lui parvint comme un sanglot, si clair qu'il se demanda s'il n'était pas devenu fou.

— Scott ?