Chapitre 30

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Une douleur autre que celle causée par la métamorphose attaqua le ventre du jeune homme quand il poussa Laura en dehors de sa chambre et qu'il claqua la porte ; il se sentait déjà coupable. Il tenta d'oublier le regard de biche rempli d'incompréhension qu'elle lui avait lancé dans la dernière minute, sachant que cela n'aiderait pas du tout sa cause. Il fallait qu'il se calme et penser à la rousse provoquait l'effet inverse.

Puisqu'il s'était laissé glisser contre la porte d'entrée un peu plus tôt, Lucas se traîna à quatre pattes par terre dans l'objectif de rejoindre l'autre côté de la chambre. Une fois ceci accompli, il se hissa au rebord de la fenêtre ouverte afin respirer un peu d'air frais. La lune venait d'apparaître entre deux amas de nuages et de brume. Elle était lumineuse, ronde et pleine. Lucas n'avait pas pu faire autrement que de la regarder, terrifié à l'idée de jeter un œil en bas et de voir Laura se diriger vers son bâtiment

Il ne savait pas combien de temps il avait passé ainsi, accroché aux volets à prendre de grandes inspirations et à rafraîchir son front en sueur. Bien que cela lui avait paru être des heures, en réalité, moins de dix minutes était passé que quelqu'un tambourina à sa porte à grands coups de poing :

— Lucas, c'est moi ! Ouvre-moi !

Il soupira de soulagement en réalisant que la voix qui provenait du couloir était celle de Brendon. Mais il se remit bien vite à haleter de panique en se rappelant qu'il avait enclenché le verrou.

— J'peux pas me lever ! cria-t-il de désespoir à l'adresse de son ami. Défonce la porte, je n'y arriverai pas !

— Fait un effort, merde ! Allez !

Lucas soupira. Il lui avait semblé entendre Mitch durant un instant. Il était certain qu'il aurait sorti une phrase du genre s'il avait été témoin de sa lâcheté. Cette simple pensée fut un moteur assez suffisant pour l'encourager à ramper jusqu'à l'entrée de nouveau. Il fût rassuré davantage en voyant la tête aux cheveux longs de son ami apparaître dans l'embrasure de la porte.

Malgré la gravité et dangerosité de la situation, Brendon ne put s'empêcher d'afficher un sourire moqueur :

— Le rencard ne s'est pas passé comme prévu, hein ? Qu'est-ce qu'elle t'a fait la jolie rousse ? Elle t'a malmené ?

— Il se passe quoi si je réponds oui ?

— Bah j'me fous de ta gueule pendant que tu souffres le martyre, voyons. Tu me connais mieux que ça.

Le blond s'accroupit devant son ami fiévreux adossé contre le mur, par terre. Étant donné le temps que ça lui avait pris pour venir lui ouvrir, il ne savait pas s'il devait l'amener loin du campus au plus vite ou attendre qu'il se calme d'abord. En songeant à tous les civils qu'il y avait dans le coin et les instructions de leur alpha, son choix fut vite fait.

— Tu crois pouvoir marcher ?

— Oui, mais je ne vais pas me presser. Mon cœur bat déjà trop vite, j'ai peur que ça déclenche la transformation. J'ai un goût de sang dans la bouche, ce n'est pas bon signe. (Lucas tendit le bras.) Tu m'aides ?

L'Alpha - Volume 1 : Le Clan O'ConnellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant