Chapitre 10

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Lucas observa la jeune fille s'éloigner à grands pas, frustré. C'était la deuxième fois ce jour-là. Derechef, il ne sentait pas qu'il était en bonne position pour la retenir. C'était encore trop tôt. Cependant, il regrettait de ne pas au moins avoir pris son numéro de téléphone pour s'assurer qu'elle arrive à sa destination saine et sauve.

— Merde, jura-t-il dans un soupir.

Pour pallier à son envie de la suivre, il termina sa bière près des flammes et se focalisa sur le lac silencieux. Ensuite, il replia quelques chaises qu'il transporta une à une jusqu'à la cabane de sauveteurs qui se trouvait à une dizaine de mètres de son petit campement. Cela lui avait donné si chaud qu'il fut obligé de retirer son t-shirt noir malgré la froideur de la nuit qui ne le persécutait pas du tout.

Il éteignit le feu à coups de pieds sableux avant de prendre son sac et longea la plage, sac et t-shirt dans les mains. Il n'était pas très tard, le faisant alors penser que Brendon ne devait certainement pas dormir. Le connaissant, il s'adonnait probablement à sa petite dose de dépression quotidienne en pensant à son ex. Soit en regardant leurs vieilles photos de l'été d'avant ou en écoutant leur playlist de chansons favorites.

En arrivant près des boisés qui coupaient la plage, Lucas décida de courir jusqu'au chalet où se trouvait son ami afin de décompresser un peu. Chez Mitch et Anaïs. Le blond avait toujours vécu avec eux. Bien qu'il n'aimât pas parler des circonstances ni des raisons pour lesquelles il considérait plus Anaïs comme sa propre mère que celle qui l'avait véritablement mis au monde. Cette histoire mystérieuse était la seule chose qui empêchait Lucas de connaître son meilleur ami du bout des doigts. Il songeait que celui-ci finirait sans doute par la lui raconter, mais il allait devoir se montrer patient.

Il arriva sur le terrain de la demeure O'Connell en très peu de temps et ne ralentit sa course qu'une fois en face de la galerie. Il s'apprêta à entrer, mais se stoppa en réalisant qu'il était toujours torse-nu. Il réenfila rapidement son t-shirt noir et entra à l'intérieur de la maison.

Depuis le hall d'entrée, Lucas cru distinguer la silhouette de la femme de la maison danser sur le mur, au bout du couloir. Elle devait certainement être en train de ranger sa cuisine, elle qui aimait tant cuisiner. Lucas hésita à écouter son estomac affamé et aller rejoindre la rejoindre, mais se ravisa en se disant qu'il allait devoir ressortir de toute façon. Il ne se posait pas, il venait chercher son acolyte.

De ce fait, il déposa son sac à dos dans l'entrée avant de traverser le salon à pas de loup jusqu'à la porte du garage. Il avait été reconverti en chambre pour que Brendon ait enfin droit à un peu d'intimité. Toutefois, il n'eut pas le temps de cogner à la porte d'entrer qu'une voix féminine l'interpella derrière lui :

— Auras-tu oublié tes bonnes manières ?

Lucas pinça les lèvres, même si un sourire ne tarda pas à remplacer cette expression affligée. Clairement, il pouvait berner qui il voulait, sauf elle. Il pivota et réalisa qu'il avait su prédire l'image d'Anaïs avant même de la voir. Elle le fixait sans cligner des yeux, les bras croisés sur lesquels frôlaient la pointe de ses cheveux bruns et bouclés. Elle portait un tablier à motifs et tenait un fouet de sa main droite, signe qu'elle cuisinait encore à cette heure. Lucas s'avança vers elle et attrapa ses épaules avant de poser un baiser contre sa joue.

— C'est déjà mieux, lança-t-elle dignement.

Il n'existait pas plus gentille qu'Anaïs sur terre. Si elle voulait jouer les mamans autoritaires, c'était raté. Bien qu'aucun de « ses enfants » n'aient vraiment été les siens, elle remportait le flambeau de la meilleure mère.

— Désolé maman, s'excusa Lucas en faisant un pas en arrière. Je venais seulement chercher Brendon.

— Vous ne vous étiez pas déjà vu ce soir ?

L'Alpha - Volume 1 : Le Clan O'ConnellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant