L'Alpha - Volume 1 : Le Clan O'Connell

Chapitre 42

Lorsque le camion de Patrick se mit à ralentir en face du lycée, sa fille unique se mit à paniquer. Son séjour chez son père était passé si vite qu'elle croyait l'avoir rêvé. Ce n'avait été qu'en sortant des limbes le matin-même qu'elle avait réalisé qu'il avait bel et bien existé. Et malgré le manque de conviction de son père en ce qui concernait les études et le fait qu'il était bien moins sur son dos que sa mère à ce sujet, elle lui avait quand même demandé de l'amener au lycée. Elle préférait obéir à sa mère dans la mesure du possible, voulant à tout prix éviter qu'une guerre éclate entre ses parents. C'était à peine s'ils arrivaient à se supporter au téléphone.

Malgré tous ses efforts ce vendredi matin-là, elle arriva tout de même en retard à bord de l'automobile de son père. Sa non-ponctualité était une malédiction tout aussi horrible que ce lycée.

— Bonne journée mon ange, dit Patrick avant de poser un baiser sur le front de la fille.

Alyson voulut esquisser un sourire, mais il lui fut impossible d'exprimer une quelconque forme d'enthousiasme en dépit de l'endroit où elle se trouvait. Les portes principales semblaient l'interpeller avec des rires menaçants, un peu plus loin.

— Merci, répondit-elle avec fébrilité. Passe une bonne journée aussi.

Après avoir trouvé le courage de sortir de la voiture, elle la regarda s'éloigner avec lenteur jusqu'à la sortie du stationnement. Elle n'eut qu'une envie ; poursuivre l'automobile et supplier son père de la ramener avec lui à la maison. Pour pallier cette envie, elle se força de se retourner en direction de l'école et d'avancer. Un pas à la fois.

À peine venait-elle de traverser le parking et de rejoindre l'allée qui menait aux grandes portes vitrées qu'elle fut persécutée par un sentiment qu'elle haïssait plus que tout. Celui d'être suivie.

— Je ne m'attendais pas à te revoir de sitôt.

Aly se retourna en sursautant, mais fut rassurée d'apercevoir Dylan. Bien que ses traits soucieux et crispés ne le laissassent pas paraître. La jeune fille expira bruyamment et ne put s'empêcher de rire d'elle-même, et Dylan ne s'en priva pas non plus.

— Désolée. Je suis nerveuse.

— Ça se voit, répondit-il d'une intonation plus triste.

Absorbée par le regard bleuté du jeune homme qui, à cause de la météo pluvieuse, virait au gris, elle n'entendit pas la cloche. Lorsqu'elle revint à ses esprits, ce bruit provoqua un fourmillement tout le long de son épine dorsale. Si elle abandonnait là, à cet instant précis, elle aurait au moins eu le mérite d'avoir essayé.

— Tu viens ? l'encouragea Dylan.

Lorsqu'ils pénétrèrent enfin dans l'établissement, Alyson remarqua que le bras de Dylan s'était faufilé derrière elle. Et quand ils arrivèrent dans l'allée où se trouvait son casier, il le resserra carrément autour de sa taille. Scott et Kelly discutaient, à quelques mètres d'eux. Un sentiment de frayeur ne tarda pas à se manifester chez Aly qui s'était accrochée à son ami par réflexe. Dylan continua d'entraîner la jeune fille en direction de sa case sans quitter l'ennemi des yeux. Le vampire savait que Kelly et lui préparaient quelque chose, mais il ne savait pas quoi ni quand cela se ferait.

Quand Scott remarqua leur présence, il se mit à marcher en leur direction. Pas dans l'intention d'aller les voir, mais bien pour quitter l'école. Il passa à côté d'eux en toisant la brune sans honte et sans peur, et traversa les portes principales. Par chance, celui-ci n'était pas complètement inconscient et ne semblait pas exprimer le besoin de se donner en spectacle. Kelly le suivit quelques secondes plus tard.

Dès qu'ils furent sortis, le corps d'Alyson se déraidit. Elle se retourna alors vers son compagnon qui semblait toujours aussi remonté.

— Dylan, l'interpella-t-elle alors qu'elle tentait de se détacher de lui.