Chapitre 38

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Alyson était parvenue à se calmer une fois qu'elle eut entendu la voix de son père, Patrick, au téléphone. Ce sentiment était partagé. Il y avait longtemps que sa fille ne lui avait demandé si elle pouvait venir passer un séjour chez lui. Pourtant, il avait tout fait pour qu'elle en éprouve l'envie et le besoin : il avait repeint sa chambre, acheté de nouveaux meubles, adopté un chien, fait nettoyer la piscine dans laquelle il ne se baignait jamais. En dehors d'Alyson, sa vie avait toujours manqué en histoires et en événements rocambolesques. Pour lui, une simple soirée devant la télé avec elle devenait un souvenir précieux. Cependant, lorsqu'Aly arriverait chez lui, Patrick aurait déjà quitté sa demeure afin de se rendre à son travail dont les quarts étaient toujours très changeants. Par chance, cela ne dérangeait pas spécialement la jeune fille.

Elle avait toujours préféré son père, même si elle n'avait jamais osé évoquer ce fait devant qui que ce soit. Même s'il était peu consciencieux vis-à-vis les études et qu'il méprisait les métiers dénoués de toutes branches artistiques, elle l'adorait. Elle adorait la manière dont il l'encourageait, qu'il lui répétait que même si la vie était une saloperie, il ne fallait jamais rien lâcher. Il avait raison, il était franc. Pas comme Manon. Son père arrivait à lui dire que dans la vie, elle allait en baver, mais qu'il la supporterait peu importe ce qui arriverait. Sa mère, elle, lui faisait sentir que ses difficultés étaient éphémères et que pour l'instant, elles la transformaient en une parfaite déception à ses yeux.

Lorsque la jeune fille descendit du bus qui menait à quelques mètres de la maison de son père, elle n'eut pas le réflexe de remercier le chauffeur, car elle avait été surprise par les vibrations de son téléphone. Croyant qu'il s'agissait de sa mère, elle ne prit même pas la peine de le sortir de sa poche. Les portes du bus se refermèrent et il s'éloigna sur la route de gravier. Alyson entama alors sa marche sur le rebord de la route montagneuse jusqu'au panneau qui indiquait une propriété privée, à l'intersection d'une rue secondaire. Tel qu'elle l'avait fait des milliers de fois, elle enjamba la chaîne qui bloquait le passage.

Son portable sonna de nouveau. Agacée, la brune le saisi d'un geste brusque et constata avec étonnement que l'appel entrant ne provenait pas de Manon. C'était Dylan. Elle s'empressa de répondre.

— Salut ! clama-t-elle avec un sourire irrépressible.

— Salut. Tu n'es pas chez toi ?

Alyson rit de bon cœur.

— Est-ce que tu m'espionne, par hasard ?

— Non. Ce n'est que l'intuition, plaisanta-t-il. En fait, j'ai essayé de t'envoyer des messages et tu ne les recevais pas.

— Ça fait du sens, répondit-elle aussitôt. J'étais en bus et là, je suis dans un endroit perdu, donc le réseau ne doit pas être super.

Un moment de silence s'écoula, témoignant de la réflexion de Dylan.

— Où es-tu ? finit-il par demander.

— Je me suis disputé avec ma mère, donc j'ai décidé d'aller passer la nuit chez mon père.

Alyson lâcha un soupir en regardant un peu partout autour d'elle. Le silence perpétuel de Dylan sur la ligne commençait à la mettre sur les nerfs, outre ses manies de maniaque du contrôle en ce qui concernait ses moindres faits et gestes. Elle n'en voulait pas.

L'Alpha - Volume 1 : Le Clan O'ConnellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant