L'Alpha - Volume 1 : Le Clan O'Connell

Chapitre 29

Ce fut la respiration pesante et grave du blondinet qui réveilla Lily. Lorsqu'elle reprit conscience, elle comprit qu'elle se trouvait bel et bien dans ses bras. Elle réalisa aussi dans un sentiment de frustration énorme qu'elle n'avait pas eu un sommeil si réparateur depuis très, très longtemps. Brendon semblait bien dormir, lui aussi. Son front généralement plissé par l'inquiétude était lisse comme la peau d'un nourrisson. Son torse semblait faire des vagues lentes et imposantes. Même endormi, l'eau et la plage le suivait. Lily ricana le plus silencieusement possible, se demandant s'il rêvait à sa chaise de sauveteur.

Elle releva un peu plus la tête pour jeter un œil au cadran posé sur la table de chevet de sa coloc et remarqua qu'à peine une demi-heure s'était écoulée et heureusement. Il aurait été impossible pour elle de se rendormir jusqu'au lendemain si leur sieste avait été plus longue.

Elle reposa son crâne contre le torse de Brendon et soupira. Elle ne pouvait pas le laisser passer la nuit avec elle et ce, même si elle en éprouvait l'envie. C'est égoïste, songea-t-elle en serrant les dents alors qu'elle hésitait à le réveiller. Je ne peux pas lui faire subir ça : lui faire croire que tout va bien, que rien ne s'est passer et lui refaire vivre l'enfer.

Alors que la brune pesait le pour et le contre, le cliquetis d'un porte-clé résonna dans le hall et elle vit la poignée de la porte d'entrée s'agiter. Lily afficha une expression pleine de surprise lorsqu'elle se rendit compte que sa coloc rentrait déjà.

Dès que Laura entra dans la chambre, elle se redressa et d'une voix pleine d'espoir, elle demanda :

— Alors ? Comment ça s'est passé ?

— Très mal !

Lily tressauta face à tant de colère. Brendon, lui, se tortilla dans les draps en gémissant. Clairement, ce réveil ne faisait pas partie des meilleurs qu'il avait connus.

— Pardon, pardon, pardon ! chuchota Laura en traversant l'entrée à pas de souris. Je ne voulais pas le réveiller.

Lily pouffa de rire.

— T'inquiète. Il le fallait, de toute façon.

— Comment ça ? marmonna Brendon, léthargique.

Son ex-copine ignora sa question.

Tout en jetant sa sacoche sur son lit, Laura s'empressa de retirer ses talons-hauts et d'aller partager sa frustration avec son matelas ainsi que son oreiller dans lequel elle enterra son visage.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda le blond, une fois mieux réveillé.

— Disons que le fameux rencard n'en était peut-être pas un finalement, expliqua-t-elle en jouant nerveusement dans ses cheveux encore fraîchement bouclés. Tout allait bien quand je suis arrivée, on s'est servi à boire, on a discuté et ensuite, Lucas m'a invitée à danser et... (Elle fit une pause.) Je ne sais pas. Il s'est mis à trembler, à suinter, comme s'il faisait un malaise. Il était brûlant ! J'ai voulu appeler une ambulance, mais il m'a demandé de partir sans me donner aucune explication et il m'a littéralement claqué la porte au nez !

Tout à coup, Brendon tourna la tête vers Lily, et les yeux écarquillés, regarda en direction de la fenêtre. La nuit commençait à tomber et une lune pleine décorait le ciel. Il se mit à se maudire intérieurement, se demandant comment il n'avait pas pu s'en rendre compte plus tôt. Quand Lily fut frappée par la même révélation, elle voulut lui dire de se dépêcher d'aller rejoindre Lucas, mais celui-ci avait déjà bondit hors du lit pour enfiler ses souliers.

Laura avait remarqué la stupeur dans leurs yeux.

— Qu'est-ce qu'il y a ? les interrogea-t-elle.

— Je viens de me rappeler que j'ai un truc hyper urgent à faire, balbutia Brendon en tentant de garder l'équilibre sur un pied alors qu'il enfilait sa chaussure sur l'autre. Je n'ai pas vu le temps passer !

Il espérait faire passer la pilule en rigolant un peu, mais en réalité, son rire de constipé n'aidait pas à rendre son mensonge plus crédible. Lorsque Laura se mit à consulter son portable, il attrapa son veston bleu et attira Lily à l'extérieur de la chambre.

— Est-ce que tu te sens bien ? s'inquiéta-t-elle.

— Moi, ça peut aller. J'espère seulement que Lucas est encore dans sa chambre ou qu'il a eu le temps de quitter le campus avant de perdre le contrôle, répondit Brendon en essuyant son front suintant.

Il commençait à être fiévreux, mais Lily savait pertinemment que c'était l'inquiétude pour son meilleur ami qui produisait cet effet chez lui. Par expérience, elle était presque déçue qu'il ne puisse pas rester auprès d'elle durant ce soir de pleine lune.

— Je dois y aller.

— Je sais, répondit Lily du tac-au-tac. Est-ce que tu... (Elle hésita.) Est-ce que tu reviendras me voir bientôt ?

Ils recommencèrent à se parler sans ouvrir la bouche. En guise de promesse, Brendon l'attrapa par les joues et posa un court baiser sur ses lèvres, et il fila aussi vite que son ombre. La jeune fille demeura dans le couloir un bon moment, pensive, avant de choisir de retourner dans la chambre.

Sans surprise, elle trouva Laura encore affalée sur son lit. Celle-ci éteignit l'écran de son téléphone et le laissa tomber contre sa poitrine dans un geste délibéré. Exaspérée, elle demanda :

— Est-ce que tu crois que je devrais retourner le voir ?

— Surtout pas ! s'écria Lily. (Laura lui lança un regard interrogateur.) Enfin, je veux dire, il ne le mérite pas après le coup qu'il t'a fait. À ta place, je le laisserais mariner un petit peu. Tu vois ?

— Tu as raison.

La rousse retourna vagabonder dans ses pensées et Lily n'eut d'autre choix que de faire pareil, les lèvres encore engourdies du dernier baiser échangé avec Brendon.