Chapitre 54

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— Aly.

L'interpellée afficha un sourire en entendant la voix de Dylan à son oreille. La jeune fille avait replongé dans un sommeil profond à ses côtés. Leurs ébats de la journée l'avaient épuisé. Cependant, elle constata très vite que le jeune homme n'était plus affalé à ses côtés dans son lit, mais qu'il était perché au-dessus d'elle, habillé et parfumé.

— Il y a du monde qui commence à arriver, ajouta-t-il avant d'embrasser son cou.

Elle gémit.

— C'est de la triche, grogna Aly en le repoussant d'une force infantile. Tu sais très bien qu'il faudra s'en abstenir durant toute la soirée.

— Je sais, se moqua Dylan avec un sourire.

Alyson se laissa retomber sur le matelas alors qu'elle venait tout juste de parvenir à se redresser.

— Aller, lève-toi et prépare-toi. (Elle ne bougea pas.) Sors de ce lit avant que je te donne une bonne raison d'y rester.

Ce commentaire poussa Aly à n'ouvrir qu'un œil.

— Ah bon ? Tu vas faire quoi ? le provoqua-t-elle.

— Je te préviens, c'est toi qui vas souffrir pour le reste de la soirée.

Il passa sa langue étrangement froide et humide dans son cou, ce qui fit vibrer la brune.

— Jusqu'à ce que le dernier invité passe la porte, ajouta-t-il.

Sa langue poursuivit son chemin sur sa jugulaire, descendant jusqu'à son épaule, son bras puis, son ventre.

— Arrête, soupira Aly.

— Arrête-moi.

Derechef, ses yeux furent clos. La jeune fille avait l'impression que les baisers s'éparpillaient partout sur son corps et elle ne savait jamais quand prévoir le suivant.

— Je sens que ça va être long, ricana Dylan.

— C'est bon, je me lève ! fit Aly en se tortillant.

Alors qu'elle avait passé la demi-heure suivante à se préparer au sous-sol. Dylan était monté au rez-de-chaussée afin d'accueillir une poignée d'étudiants qui fréquentaient le même lycée qu'eux et qui avaient répondu à l'invitation.

Alyson avait brossé et aplatis ses cheveux avec minutie dans l'espoir de leur faire gagner un peu de longueur. S'il y avait bien une chose qui n'avait pas changé chez elle depuis son enfance, c'était sa coupe très courte. Sa chevelure n'avait jamais descendu en bas de ses épaules. En réalité, elle les préférait comme ça, car elle ne voulait pas passer des heures à devoir les coiffer.

Ce fut donc ainsi qu'Alyson rejoignit la soirée ; cheveux plats, pantalons noirs et bouffants assortis à un haut aux bretelles fines. La nuit était tombée et elle s'en rendit compte qu'une fois en haut des escaliers, en regardant à travers les fenêtres de la façade de la maison. Parmi la douzaine d'ados qui se trimballaient désormais à travers son salon et sa cuisine, la seule personne qu'elle reconnut en dehors de Dylan, fut Shawn. Autrement, elle replaça trois ou quatre visages, mais sans plus. Cela ne la dérangeait pas, d'autant plus que le nombre de bouteilles d'alcool était passé d'une à dix. Comme espéré, les invités avaient prévu et apporté de quoi rester ivres pour les dix prochains jours.

— Salut, La Belle Aux Bois Dormants ! fit Dylan avec un sourire malicieux.

Alyson le fusilla du regard. Elle ne savait pas si c'était l'influence de la présence de Shawn qui le rendit ainsi, mais elle témoignait rarement d'un tel parlé chez lui.

— Tu peux bien te moquer, espèce de tricheur ! rétorqua-t-elle en allant l'enlacer avec tendresse.

Elle collapsa aussi son poing contre celui de son ami Shawn lorsqu'elle fut assez près. Comme d'habitude, le motard avait un joint à la bouche. Tel le grand fêtard qu'il était, il fut le premier à s'approprier quelque chose à boire et à en offrir à son hôte. Il ne s'embarrassa pas pour trifouiller dans les armoires de la cuisine afin d'y dénicher des shots et d'y verser du gin dans trois d'entre eux.

— C'est un peu dur pour commencer, non ? commenta Aly en reniflant l'alcool blanc.

— C'est ça qu'il faut !

Shawn avala sa gorgée sans problème. Dylan échangea un regard peu serein à sa compagne et ils cognèrent leurs deux verres ensemble. Aly porta le minuscule verre jusqu'à ses lèvres, et juste avant qu'elle ne décide à se lancer, la sonnette retentit dans toute la maison et la freina. Mais avant même qu'elle ne puisse déposer son verre sur le comptoir afin d'aller répondre, un invité s'en chargea et elle se résolut à rester à la cuisine. Inconsciente de qui venait d'entrer chez elle, elle avala l'alcool et manqua de s'étouffer avec en regardant en direction de la porte d'entrée. Un peu comme Dylan, d'ailleurs ; il s'agissait de Ricky. Le corps et les mains de la jeune fille se crispèrent si durement qu'elle crut que son verre en vitre éclaterait entre ses doigts.

Paniquée, elle se retourna vers Dylan qui la regardait déjà avec un certain mépris.

— Tu l'as invité ? s'énerva-t-il.

Elle n'eut pas le temps de répondre, car il envoya son verre valser et se fracasser dans l'évier derrière lui en jurant. Soudain, le temps sembla se stopper. Alyson avait voulu attraper Dylan lors de son premier pas vers la porte de la maison et crier au second, mais c'était trop tard. Il atteignit le salon en vitesse et le traversa plus vite encore, bousculant quiconque oserait se mettre au travers de son chemin. De toute manière, peu importe qui voyait les yeux glacés de Dylan en cet instant n'avait qu'un objectif ; s'enfuir, courir. Très loin.

Lorsqu'il surgit au petit escalier qui donnait sur le hall, Ricky avait déjà entamé sa montée dans la première marche, mais ne fut pas en mesure d'atteindre la seconde. Les deux pieds de Ricky décollèrent du sol lorsque celui de Dylan frappa de plein fouet contre son thorax. Malgré la distance, Alyson crut entendre le souffle du dealer se scinder avant de réaliser qu'il s'agissait de sa propre respiration. Elle avait eu mal à sa place, pour ne pas dire plus mal que lui.

Ricky fut propulsé directement à l'extérieur puisque la porte d'entrée était toujours grande ouverte. Il atterrit avec brutalité sur le parking dans un grondement affreux. Ce ne fut qu'à ce moment-là qu'Alyson récupéra sa voix :

— Dylan, arrête !

Celui-ci se retourna vers elle.

Un regard.

Un seul regard et Alyson songea qu'elle n'avait jamais eu aussi peur de toute sa vie.

L'Alpha - Volume 1 : Le Clan O'ConnellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant