L'Alpha - Volume 1 : Le Clan O'Connell

Chapitre 58

Laura était sortie de la maison pieds nus.

Il y avait deux choses dont elle était bel et bien certaine ; Lucas était dans la forêt sous la forme d'un animal imposant et effrayant pour certain et secundo, une balle s'était perdue. Le bruit résonnait encore sur la superficie de la montagne au moment où Laura avait entamé sa course sur le parking dans l'intention de s'enfoncer dans les bois.

Une fois qu'elle put établir un rythme de course plus régulier, Laura ne savait pas si c'était le fait qu'elle était paniquée d'une manière différente de ce qu'elle connaissait, mais elle se concentrait sur des choses totalement futiles afin de penser à autre chose. Les épines des sapins qui lui piquait le dessous des pieds, l'odeur de la pluie qu'il y avait eu plus tôt dans la journée et la couleur du ciel qui avait tourné dans d'étranges nuances d'oranges et de mauves.

Elle avait arrêté sa course, trop essoufflée et momentanément aveugle pour bien voir où elle mettait les pieds. Ce fut à ce moment exact qu'elle regretta de ne pas avoir apporté son cellulaire avec elle et d'avoir quitté la maison avec autant de précipitation. Elle était perdue, ça, elle n'avait pas besoin d'un diplôme ou de connaissances d'élève surdouée pour le saisir.

— Lucas ! hurla-t-elle à pleins poumons.

Elle était partie à sa recherche afin de le sauver et là, tout ce qu'elle souhaitait était que Lucas apparaisse pour qu'ils puissent inverser les rôles.

— Est-ce que quelqu'un m'entend ?! cria-t-elle d'une voix écorchée.

Elle failli trébucher, ce qui l'obligea à s'accrocher de justesse à un arbre. Mais dans cette action et à ce moment précis, elle était convaincue d'avoir entendu un bruit au loin. Laura se figea.

— Lucas ?

Des toussotements retentirent. Elle se remit à gambader sans se préoccuper de sa respiration sifflante et paniquée. Elle craignait de tourner en rond ou que la forêt se joue d'elle, comme pouvaient le faire beaucoup d'autres créatures mal intentionnées. N'était-ce pas déjà arrivé plusieurs fois ? Des randonneurs disparus en voulant suivre des chuchotements mystérieux dans la nuit ?

— Laura ! fit à nouveau une voix masculine.

Heureusement pour la jeune fille, ce n'était pas son cas.

Elle poursuivit les toussotements et les gémissements jusqu'à une clairière bien plus sombre encore, dont le sol était couvert de feuilles mortes. Lucas était là, nu, recroquevillé sur lui-même et une douleur apparente déformait son visage. Laura eut une expression similaire en l'apercevant et en se jetant à ses pieds.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? Est-ce que tu es blessé ? demanda-t-elle, paniquée. Oh mon Dieu.

Elle focalisa toute l'adrénaline qui coulait à grands flots dans ses veines pour retourner Lucas sur le dos, mais surtout pour s'empêcher d'hurler de terreur. Une plaie béante traversait l'épaule droite de Lucas, et dans un moment de lucidité, elle réalisa qu'il venait de se faire tirer dessus. Elle voulut crier à l'aide, mais aucun son ne sortit simplement parce qu'elle était trop sous le choc.

— Il faut trouver Brendon, gémit Lucas en tentant de la calmer et surtout de se calmer lui-même.

Un aboiement résonna et fit vibrer le cœur de la jeune fille. Une ombre avait passé tout près d'elle, ça, elle en était convaincue. Elle en était même tombée à plat sur le sol, comme si on venait tout juste de la bousculer violemment. Elle ne sentit qu'une chose ; les battements de son cœur envahir son bras droit pris de soudains élancements.

— Lucas, paniqua-t-elle sans crier.

Celui-ci s'était vite remis sur ses pieds ou plutôt sur ses genoux, maintenant à l'affût. Il se tenait d'une manière chambranlante sur ceux-ci et surtout de son bras droit où logeait toujours une balle. Ses yeux brillaient, ainsi que ses dents. Laura prit un temps monstre à réaliser qu'un loup se tenait à quelques centimètres d'eux. Mais ce qui lui avait mis encore plus du temps à remarquer, était que du sang s'était mis à couler le long de son bras jusqu'à ses doigts et ses ongles peinturlurés de vernis bleu, d'où la douleur qui persécutait son bras depuis que l'ombre animale l'avait plaquée au sol. Brendon avait tant été poussé par ses instincts qu'il l'avait mordu.

— BRENDON ! NON !

La voix de Dylan sembla venir de tout part. Il décida de repousser Brendon de Lucas et sa compagne. Le blond était toujours sous la forme d'un mammifère au pelage blanc. Lorsqu'il fut assez près de Laura pour constater que ce qu'il avait perçu au loin était bien ce qu'il croyait, il plaqua ses mains contre son visage.

— Bordel, chuchota Dylan à lui-même.

Laura se mit à trembler de peur, le regardant droit dans les yeux. Elle ne savait pas ce qui était le pire : le fait que Brendon l'ait mordu ou qu'un vampire se tienne en face d'elle en l'observant avec appétit. La seule chose dont elle pouvait remercier le ciel à cet instant, était que l'adrénaline effectuait bien son travail et que la morsure dont elle avait été victime était supportable.

Dylan secoua la tête, serra la mâchoire, et dans une manœuvre contrôlée, plaqua le loup blanc d'un grand coup d'épaule. Le canidé recula et gronda de plus belle à l'adresse du vampire. Lucas, lui, n'était plus en mesure d'agir ; il avait perdu connaissance.

— Brendon, reviens à toi ! lui cria Dylan d'une voix pleine de détresse. Reprends-toi ! Elle perd du sang, je ne pourrai pas me contrôler !

Les cris insistants étaient devenus des échos, des phrases sans sens distinctifs pour Laura. L'éclat d'adrénaline commençait à chuter dangereusement, au point où, une fois dans la même position que Lucas, elle n'arrivait même plus à soulever son crâne pour voir ce qu'il se passait à quelques mètres d'elle, au milieu de la clairière. Il n'y avait plus que l'auditif qui même lui faisait défaut, tout comme sa vision de plus en plus trouble et floue. Malgré la noirceur de la forêt, un voile blanc semblait s'être posé sur ses yeux, lui laissant plus que la vision d'un ciel clair et parsemé de taches colorées jusqu'à ce qu'elle plonge dans l'inconscience.