L'Alpha - Volume 1 : Le Clan O'Connell

Chapitre 20

Lily laissa échapper un soupir en déposant son sac, et appuya ses mains contre ses cuisses pour retrouver son souffle. Elle négligeait constamment le fait que le simple acte de transporter des objets pouvait s'avérer épuisant pour une personne comme elle. En particulier ce sac de sport dans lequel elle avait réussi à entasser des couvertures, quelques décorations, des vêtements et sa trousse de toilette.

Lorsqu'elle parvint à installer ses bagages sur la banquette arrière de la voiture de son père, elle s'empara de sa boisson glacée ; un mélange d'eau et de thé fruité, posée sur le capot de la Maserati Quattroporte blanche et datant de deux ans. Une voiture sur laquelle Brendon avait toujours flashé.

Non.

Ne pense pas à lui.

Lily enfila son casque et lança sa musique avant de s'affaler sur le siège avant. Son père, arborant le parfait profil d'entrepreneur, ne possédait qu'un seul défaut ; une non-ponctualité incorrigible. C'était un trait de caractère qu'il partageait avec l'ex de la jeune fille, d'ailleurs.

Non, ça suffit ! se maudit-elle.

Un ravin sans fin se referma dans l'esprit de Lily, éclipsant temporairement le visage du blondinet. Elle savait que retourner vivre sur le campus lui rappellerait un tas de souvenirs, qu'ils soient bons, mauvais, voire très mauvais. Elle pressentait également que son retour ne se ferait pas dans la discrétion et que la nouvelle se rendrait rapidement aux oreilles de Brendon. Tout comme les ragots concernant son poids et sa santé qui n'avait pas pris du mieux.

Le claquement sec de la porte principale du foyer Garnier tira l'aînée de ses rêveries. C'était James, tenant une valise d'une main et cherchant frénétiquement ses clés dans la poche de son pantalon gris de l'autre. Malgré son emploi du temps chargé, le père de famille était toujours le désigné pour les trajets en voiture, en particulier pour conduire ses filles à l'école. Il préférait largement cela plutôt que de confier cette tâche à Louise qui restait à la maison, consacrant la majeure partie de son temps à rédiger des nouvelles et des articles pour le lectorat féminin de petits magazines locaux.

Quand il s'avança vers son automobile, une petite fille bondit du balcon et se mit à le suivre. C'était Cathy, la plus jeune de la famille. Lily se demanda alors si un petit frère finirait par s'ajouter à leur petite troupe, mais en douta vue la ménopause qui commençait à pourrir les hormones de sa mère. En effet, il y a peu de chances ! songea-t-elle en plongeant son nez dans son horaire de cours. Cependant, le survol de son emploi du temps s'avéra très court, car deux petites mains ainsi qu'un nez dodu s'aplatirent contre la fenêtre à sa droite. Lily s'empressa de retirer ses écouteurs et d'appuyer sur le bouton qui permettait de faire descendre la vitre.

— Ne fait pas ça, Cath. Papa déteste les traces de doigts, dit-elle en lui faisant signe d'aller s'asseoir sur la banquette.

La gamine écouta sa grande sœur et se rendit à l'arrière avec son sac à dos et sa boîte à lunch, tous deux assortis à un thème de dessin animé qu'elle visionnait régulièrement. James entra dans la voiture peu de temps après, fébrile. Il allait être en retard.

— Je t'avais dit que ça ne me dérangeait pas de prendre le bus, s'excusa Lily lorsqu'il fut derrière le volant.

— Et je t'ai répété mille fois que ça me faisait plaisir de t'amener, rétorqua-t-il en démarrant le moteur. On dépose Cathy et on ira longer la plage tout de suite après. Tu ne seras pas en retard, j'espère ?

— Non, je suis encore large. De toute façon, je vais sûrement devoir rater le début de mon premier cours pour aller récupérer mes livres et déposer mes trucs dans ma chambre.