Chapitre 64

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L'Enfer.

Il s'agissait du mot idéal pour décrire le retour d'Alyson chez sa mère. Par chance, Manon avait eu l'allégeance de se montrer compréhensive en ce qui concernait la mort de son ex-mari. Elle n'arrivait pas vraiment à croire à une telle tragédie. Benoît, qui pensait avoir réponse à tout, l'avait rassurée en expliquant que le déni était une phase tout à fait normale durant le deuil et que ça lui passerait. Tout comme la peine de sa fille passerait, elle aussi. Selon Alyson, son beau-père n'avait jamais perdu un être cher ou il n'avait tout simplement pas de cœur pour dire des conneries pareilles.

Deux jours après son retour, Aly avait déjà été contrainte de retourner en cours et de reprendre ses rencontres avec sa psychologue à la clinique du centre-ville. Elle n'y avait vu aucun inconvénient, sauf celui de retourner en classe. Elle savait qu'elle n'aurait rien à dire durant ses entretiens psychologiques. Elle n'avait rien à raconter et d'ailleurs, elle ne voulait même plus penser à sa situation tant cela lui faisait mal. Tout ce qu'elle voulait, c'était passer à autre chose. Mais pour ça, elle avait besoin de réponses. Malheureusement, l'enquête à propos de l'incendie était toujours en cours. Il fallait attendre.

Dylan n'avait toujours pas donné de nouvelles et ce, même si la brune s'était acharnée à lui téléphoner une vingtaine de fois. Laura ne répondait pas à ses messages et à ses appels, elle non plus. C'était comme s'ils avaient disparu ou s'ils n'avaient jamais existé. Personne ne pouvait témoigner de ce qu'ils avaient fait durant les derniers jours, les dernières heures, ni savoir comment ils se sentaient. C'était un mystère. Alyson ne savait même pas comment la fête chez son père avait pris fin. Elle songeait que les invités s'y trouvaient encore, poursuivant les festivités pour l'éternité. Comme si une malédiction avait été jetée sur la maison.

— Penses-tu qu'il aurait voulu qu'on fasse ça comme ça ? se questionna Manon, encore. C'est un peu immoral un buffet à des funérailles, non ?

Il était dix-huit heures. Lundi. La journée parfaite et inévitablement désignée pour la salade spéciale de Benoît en guise de repas. En résumé : de la laitue, des tomates cerises, de l'huile d'olive et du tofu mariné et beaucoup trop poivré.

— Non, je ne pense pas, répondit-il sans émotion particulière.

Puisqu'Alyson et sa mère étaient la seule famille qui restait à Patrick, elles étaient chargées d'exaucer ses dernières volontés ainsi que d'organiser ses obsèques. En revanche, Manon avait jugé bon d'écarter Aly de cette planification et d'y inclure les goûts de son nouveau mari. C'était « beaucoup, beaucoup trop dur » pour l'adolescente.

Pff.

Ma mère vient de m'enlever tout ce qu'il me restait.

— Et pour la musique ? Est-ce qu'on demande pour un chant religieux ou quelque chose de plus sobre ?

Benoît laissa retomber ses bras sur la table, agacé.

— Écoute, je n'en ai aucune idée ! cracha-t-il entre deux mastications de salade. S'il était croyant, j'imagine que ce serait pour le mieux... (Il soupira.) Je ne sais pas pourquoi tu me demandes ça, je ne le connaissais pas, moi, Pat.

— Pour une fois, je suis d'accord avec lui, ajouta Aly en croisant les bras. Je ne vois pas pourquoi tu lui demandes son avis.

— Parce que tu n'es pas en état de prendre des décisions aussi importantes, répondit sa mère.

— Ça, c'est ce que tu crois.

Celle-ci referma la couverture de son carnet dans lequel elle avait noté un tas d'informations concernant les funérailles et se décida enfin à attaquer son repas.

L'Alpha - Volume 1 : Le Clan O'ConnellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant