L'Alpha - Volume 1 : Le Clan O'Connell

Chapitre 7

Laura avait quitté l'hôpital dans une colère noire.

À peine avait-elle pu se mettre au fait de la situation qu'Alyson s'était remise à vomir. Elle ne pouvait faire autrement que de laisser son corps recracher tout le charbon et les médicaments qu'elle avait ingérés. Sa mère ainsi que les médecins avaient donc été formels ; Laura devait la laisser se reposer. Néanmoins, elle avait eu la chance de promettre à son amie qu'elle reviendrait la voir le soir-même sans faute.

En bonne et due forme, Manon lui avait demandé si elle avait besoin d'être escortée quelque part, mais Laura avait refusé, demandant plutôt de la monnaie pour prendre le bus. Désormais, elle n'avait qu'une intention ; aller dire sa façon de penser à Scott. L'idée de le confronter faisait trembler Laura, mais ce n'était qu'un détail futile en dépit de l'état de rage dans laquelle elle se trouvait.

Elle savait où se situait son appartement, c'est-à-dire à quelques rues du campus. Elle avait eu l'occasion de s'y rendre durant les vacances, la journée où elle et Scott avaient fait connaissance pour la première fois. À la demande d'Alyson, bien sûr. Laura songea que c'était sans doute la journée la plus ennuyante qu'elle avait passée de tout l'été. Alyson était restée accrochée à Scott sans trop porter attention à elle alors que cela faisait des mois qu'elles ne s'étaient pas vue. L'amour, s'était-elle dit au moment des faits. À ce stade, ça passait encore. C'était même quelque chose de naturel, selon Laura. Ce jour-là, elle avait tenté de se persuader qu'Alyson ne le faisait pas de manière intentionnelle et qu'elle se révélait tout simplement aveugle d'amour pour Scott.

Ça, oui ! Elle l'était jusqu'à hier soir !

Il semblait invraisemblable pour Laura que son amie ait dû passer à deux doigts de la mort pour de se rendre compte des vraies intentions de Scott. Le seul point positif était que peut-être pourrait-elle s'extraire de son état de zombie, maintenant ? Une journée auparavant, Alyson avait le quotient intellectuel d'une fougère, ce qui révoltait la rousse puisqu'elle avait toujours admiré sa meilleure amie pour son audace et son caractère.

Laura dut attendre le bus de ville durant une quinzaine de minutes, se disant que le précédent était sans doute passé juste avant son arrivée à l'arrêt. Elle se trouvait sur la rue principale de Kincardine. C'était l'endroit où les bus passaient de manière plus fréquente. Lorsque l'énorme engin mécanique se stoppa devant elle, elle y grimpa, paya son passage et alla s'asseoir à l'arrière. Elle tentait d'anticiper le moment où elle se retrouverait en face de l'ex petit-ami d'Alyson qu'elle pouvait désormais considérer comme un ennemi juré. Elle souhaitait tant qu'Aly finisse par le détester autant qu'elle, et vite.

Elle préparait ses arguments, même si elle savait qu'au moment de les sortir, ils allaient s'échapper maladroitement de sa bouche. Elle voulait le prendre par surprise et par la pire des manières ; par les sentiments. Par la culpabilité, en songeant qu'il en ressentait. Son objectif était de lui soutirer des excuses pour ses actes et de s'assurer qu'il ne continuerait pas à gâcher la vie d'Aly. Ça ne réparerait rien, mais au moins, ce serait légitime.

Ce fut affalée sur un des derniers bancs de l'allée gauche que Laura passa son trajet, un livre traitant de psychologie à la main. Même si tous ces textes ne la laissaient pas indifférente, chaque arrêt et chaque nid de poule la distrayait de sa lecture. C'était dans ce genre de moments que la jeune fille regrettait Huntsville ainsi que sa petite maison de campagne, mais aussi sa grand-mère. Si seulement elle me voyait ! pensa-t-elle avec ironie. C'était bien une chose dont la vieille dame l'avait avisée ; les imprévus.