Chapitre 62

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— La transformation a commencé.

Les mots de Mitch blessèrent Lucas plus que les pointes de la pince chirurgicale qui se plantait dans sa peau au même moment.

Laura et lui avaient été escortés au chalet après les événements de la forêt. Il avait repris conscience dans la jeep, sur la banquette arrière, allongé contre le corps immobile de la rousse. À ce moment-là, il avait tant espéré que cette situation n'était que le fruit de son imagination.

Malheureusement, ce n'était pas le cas.

Laura était bel et bien inconsciente sur le divan-lit du sous-sol de la demeure des O'Connell. Pire encore, une morsure était présente sur son bras et saignait abondamment. C'était la raison pour laquelle Mitch vérifiait ses signes vitaux depuis plusieurs minutes déjà et qu'Anaïs, elle, tentait de retirer la balle logée dans l'épaule de Lucas.

Lucas n'arrivait toujours pas à réaliser que Brendon était responsable de la trace de crocs sur le corps de la femme qu'il aimait. Cela l'insupportait au point où il n'arrivait même plus à parler. Même si son meilleur ami n'avait pas décidé d'aller se défouler à l'extérieur pour ses propres raisons après son arrivée, Lucas songea qu'il n'aurait même pas eu la force de le confronter tant il était dévasté.

— Lucas, tu m'as entendu ? répéta son père. La transformation a commencé.

Mitch se retourna vers lui afin de voir s'il avait capté son attention, mais non. Pas du tout. Le brun continuait de fixer le sol en béton tandis qu'Anaïs s'acharnait à retirer les débris de métal sous sa peau. L'alpha ne poussa pas plus loin. Il s'occupa de brancher la rouquine à un émetteur cardiaque et à un soluté ainsi qu'à tout un tas d'appareils qu'il entreposait pour ce genre d'occasion. Même s'il était certain qu'elle s'en sortirait, il ne pouvait pas risquer une défaillance imprévue de son corps et de son système. Il en profita pour désinfecter la plaie avant de l'enrouler d'un bandage et d'adhésif.

Sa femme termina son travail avec Lucas à peu près au même moment. Tous les morceaux de balle de fusil reposaient désormais dans un petit bocal en verre. Elle terminait tout juste de bander sa blessure dont elle avait facilement réussi à arrêter l'hémorragie. Ce qui l'inquiétait, c'était le manque de réaction de Lucas : il ne parlait pas, ne grognait pas, ne gémissait pas. S'il avait pu, elle songea qu'il se serait épargné de respirer. Il restait là, assit sur sa chaise à fixer le vide.

En se redressant, Anaïs lui caressa tendrement le crâne en espérant qu'il réagisse.

— Est-ce que tu veux quelque chose à boire, à manger ? lui demanda-t-elle. Je dois sûrement avoir des anti-douleurs quelque part en haut si tu sens que tu en as besoin.

Lucas fit un signe négatif de la tête.

La louve lança un regard impuissant à son mari qui lui fit signe de le suivre au rez-de-chaussée. Lucas sentit une dernière caresse de sa mère dans ses cheveux courts avant qu'elle ne s'exécute. Mitch et elle montèrent à l'étage, le laissant ainsi seul avec Laura qui semblait n'être qu'un corps inerte allongée sur le divan. Lucas lança un regard en sa direction, et en sentant que des larmes commençaient à monter, il se leva de sa chaise. Il se rappela bien vite sa blessure à l'épaule, car il grogna en se maudissant de s'être mit debout avec tant de presse.

— Putain, gémit-il à voix basse.

Il avança, pas par pas, presqu'en boitant jusqu'à la jeune fille. Malgré les élancements dans son bras, il s'agenouilla par terre et posa son oreille contre la poitrine de Laura. Les battements de son cœur le rassurèrent, bien qu'il sût qu'ils ne seraient plus là lorsque l'immortalité prendrait place en elle.

L'Alpha - Volume 1 : Le Clan O'ConnellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant