L'Alpha - Volume 1 : Le Clan O'Connell

Chapitre 27

« Lily, je t'aime. Mon amour pour toi reste intact, tu le sais. Je vais toujours t'aimer, ça ne changera jamais, mais... je n'y arrive plus. Je ne peux pas rester là à te regarder mourir, je refuse d'assister à ça. Je ne peux pas. Il faut que tu ailles chercher de l'aide. »

Elle avait attendu. Attendu lentement que Brendon cesse de parler, qu'il se taise. Qu'il se décide à finalement la laisser tomber dans le cratère alors que lui, resterait là, à la voir s'éloigner dans l'obscurité depuis la surface. Elle voulait qu'il cesse de se battre pour elle, du moins pour le peu qu'il en restait. Elle ne souhaitait qu'une chose avant de se laisser sombrer, c'était que Brendon promette de ne garder que des bons souvenirs d'elle, de ce qu'elle avait été, jadis.

« Je n'arrive pas à m'arrêter. Je n'y arrive pas. »

« Si, tu peux. C'est juste que tu ne veux pas. »

« L'anorexie ne se choisit pas, Brendon. On pense être en parfait contrôle, mais c'est tout l'inverse. »

Mais depuis quand avait-elle perdu ce contrôle, cet équilibre ? Brendon avait un moment pensé que Lily était tombée enceinte, qu'elle ne savait pas quoi en faire, voire pire encore, qu'elle avait peur de lui avouer. En réalité, il avait tout simplement ignoré le fait qu'elle ne se nourrissait plus correctement, qu'il ne l'avait pas vue manger un repas complet depuis des mois. Il avait remarqué son tour de taille rapetisser, devenant de plus en plus préoccupant. Il se demandait si ses problèmes étaient survenus soudainement ou si elle les avait dissimulés depuis le début de leur relation.

Le son des livres qui se referment retentit dans la salle. Lily sursauta, puis cligna des yeux. La fin de son cours de littérature avait sonné et les autres étudiants rassemblaient leurs affaires avec un enthousiasme débordant. Pour la plupart, comme pour Lily, il s'agissait du dernier cours de la journée, et l'envie de faire la fête était palpable. Cette frénésie semblait étouffante. Tout allait trop vite alors qu'elle, elle allait lentement.

Elle détourna son regard bleuté vers le banc à côté du sien, qui, comme prévu, était vide. À l'époque, quand Brendon n'avait pas envie de boire et que Lucas ne se joignait pas à eux, ils se rendaient à l'Erie Belle Restaurant, l'endroit idéal pour déguster des fish 'n chips près de la plage. Ils s'y rendaient souvent avant de retourner s'amuser et s'ébattre dans le sable. Les pensées de la jeune fille l'envahirent de nostalgie, et elle eut les larmes aux yeux. C'était dans ce genre de moments qu'elle se rendait compte que l'une des choses qui l'avaient le plus affectée après sa séparation avec Brendon était son absence. Elle n'arrivait pas à s'y habituer. Le vide faisait mal en toute circonstance.

Lily se leva et descendit l'estrade, livres dans les mains. La plupart des élèves avaient déjà quitté la salle. Monsieur Merchant lui portait alors toute son attention, la dérangeant aussitôt. Elle s'apprêtait à sortir de la classe en le saluant d'un léger signe de tête, espérant que leur pseudo-interaction en reste là. Elle était le chat qu'il ne fallait pas déranger. Pourtant, l'enseignant s'adressa à elle sans aucune hésitation :

— Vous avez l'air préoccupée, Lily.

— Absolument pas, rétorqua-elle. Tout va bien.

Il ne répondit rien. Lily se donna alors le droit de partir sans rien ajouter. Ce genre de comportement ne la surprenait plus depuis longtemps, même s'il n'en demeurait pas moins déplaisant. Elle persistait à se demander pourquoi les gens étaient si stupides en croyant qu'elle ne savait pas prendre soin d'elle.

« Peut-être parce que c'est le cas, ma vieille ! » lui avait dit sa sœur, Hashley, quelques mois plus tôt alors qu'ils en parlaient à l'hôpital.