Chapitre 36

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Il y avait longtemps qu'Alyson n'avait pas réussi à manger un véritable repas autour d'une table en compagnie de sa mère et de son beau-père. Il y avait plus longtemps encore qu'elle n'était parvenue à l'apprécier. Même si ça n'avait pas été facile, Manon avait bien fini par admettre que sa fille se paralysait de peur et était incapable de quitter la maison lorsqu'il s'agissait de se rendre en cours. Elle avait eu la bonté de la dispenser de se rendre au lycée pour ce mercredi, ainsi que pour le reste de la semaine. Du moins, jusqu'à ce que sa psychologue puisse lui prescrire des médicaments qui pallieraient le problème.

La réticence d'Alyson était normale avec ce qu'elle avait vécu. Même si ce que lui avait fait Scott ne se justifiait en aucune manière, elle n'avait pas eu la force d'en parler à des professionnels et encore moins à sa mère. Ça aurait été l'Armageddon. Dans le meilleur des cas, Scott se serait fait mettre la main dessus par les autorités avant que Manon le fasse. Mais la jeune fille n'avait pas l'énergie pour s'embarquer dans de telles démarches.

— Tu as bien mangé ? demanda Benoît à l'adresse de la jeune fille.

Elle se dépêcha de mastiquer et d'ingurgiter sa dernière bouchée afin de pouvoir répondre. La jeune fille avait dévoré son repas comme s'il s'agissait du dernier. C'était d'une ironie sans nom, elle qui avait toujours prétendu détester la cuisine de Benoît. En vérité, c'était plutôt lui qu'elle détestait. Mais lorsqu'il le voulait, celui-ci pouvait se montrer très avenant.

— Oui, c'était très bon. Merci pour le souper, répondit Aly en lui tendant son assiette en forçant un petit rictus.

Il lui rendit son sourire et se leva de table, rassembla son plat et celui de sa femme avant de se diriger dans la cuisine pour déposer le tout dans le lave-vaisselle. Sans signe annonciateur, Manon tapa sur l'épaule de sa fille afin d'attirer son attention sans trop faire de vagues.

— Est-ce que ta psychologue t'a redonné des nouvelles pour ta médicamentation ? l'interrogea-t-elle à voix basse.

— Je lui ai envoyé un mail tout à l'heure. Elle m'a demandé si c'était urgent et j'ai répondu que ce l'était un peu donc elle s'est trouvé un créneau mardi prochain, expliqua Aly. Je lui parlerai de tout ça à notre prochaine rencontre, promis.

De glace, la mère hocha la tête et s'enfila une gorgée de son vin rouge qu'elle avait à peine touché depuis le début du repas.

— Bien.

Alyson ne sut pas quoi ajouter pour tenter de la rassurer. Elle se demanda alors si Manon regrettait cette journée de congé qu'elle lui avait accordée. Néanmoins, la brune comprenait ses inquiétudes. Si en tant que mère, elle aurait permis à sa fille de rester à la maison à cause de sa phobie scolaire et qu'en revenant du travail, elle se rendait compte que sa progéniture était restée affalée sur le divan toute la journée, elle aurait probablement eu la même réaction. Une des choses qui séparaient les deux femmes, était que Manon n'avait aucune idée de ce qu'impliquait la peur de se rendre dans un lieu que l'on fréquente tous les jours.

La jeune fille étira son bras afin de prendre son verre d'eau quand soudain, son téléphone posé devant elle se mit à vibrer. Voyant qu'il s'agissait d'un message de Ricky, elle s'empressa d'attraper son téléphone.

« Sors dehors. Je suis au coin de la rue. »

Une expression dure apparut sur le visage de l'adolescente, interrogeant Manon qui n'avait pas manqué d'observer sa réaction vis-à-vis la réception de ce texto.

— Qu'est-ce qui se passe ?

Alyson leva de grands yeux en sa direction.

— Rien du tout, répliqua-t-elle d'une voix étranglée. C'est Dylan, le voisin. Il me demandait des infos pour un devoir, mais il ne savait pas que je n'étais pas en cours aujourd'hui.

L'Alpha - Volume 1 : Le Clan O'ConnellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant