Chapitre 45

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— Je n'ai aucune idée de ce qu'il prépare, mais c'est louche ! proféra Laura, suspicieuse.

C'était dans sa chambre froide et humide qu'Alyson avait demandé à sa meilleure amie de venir la visiter afin qu'elles puissent échanger sur les événements de la journée. Bien sûr, Laura avait accepté l'invitation sans hésitation et s'était rendue chez elle pour le dîner. Pour Alyson, c'était un véritable coup de chance ; la rousse avait toujours été quelqu'un de rarement accessible pour un tas de raisons et là, c'était encore pire avec sa première année à l'Université. Elle savait que son horaire ne lui permettait plus des petites soirées à l'improviste.

Laura n'avait pas voulu raconter ce qui s'était passé pour qu'elle se retrouve à son lycée, ni ce qui s'était passé durant son quart de travail au Starbucks. Mais selon ses dires et le peu de choses qu'elle avait osé admettre, Lucas allait lui avouer un bon nombre de choses une fois qu'il viendrait la chercher au pas de la porte. Il était arrivé très vite, d'ailleurs. Les deux jeunes filles venaient tout juste de s'installer à l'étage après avoir englouti leur part de pizza végétarienne que Lucas avait envoyé un message à Laura pour la prévenir qu'il l'attendait dehors.

— Il est là, déclara-t-elle en attrapant sa veste.

Alors que son amie aux cheveux pâles était en train de rassembler ses affaires, Alyson reçut un message à son tour. N'ayant reçu aucune nouvelle de Dylan depuis ce qui s'était passé en cours d'histoire, elle fut quelque peu déçue de voir le nom de Ricky s'afficher sur l'écran.

« Aly, répond-moi s'il te plaît. Je suis vraiment désolé pour l'autre soir. Je ne voulais pas te vexer ou te faire de la peine. Quand je suis allé te reconduire chez toi la dernière fois et que j'ai commencé à te toucher, je pensais que ça ne te dérangerait pas étant donné ce qui s'était passé entre nous. Je veux simplement que tu saches que je suis ton ami et que je n'approuve pas du tout ce que Scott a fait. Il a été stupide. Et pour ma proposition, c'était justement ça ; une simple proposition. Je n'obligerai jamais personne à faire ça et toi encore moins. Je me disais que tu avais peut-être besoin d'argent pour partir de chez toi, étant donné que durant la soirée de la fête, tu m'avais raconté que tu avais une relation assez conflictuelle avec tes parents. Si tu penses que je vais te laisser baiser avec n'importe qui, tu te trompes. Je vais prendre soin de toi. Des perles comme toi, ça ne court pas les rues. »

La brune éteignit l'écran de son portable en roulant des yeux.

— C'est qui ? l'interrogea son amie.

— Heu... Dylan.

— Awn ! C'est mignon ! se moqua Laura avec un sourire.

Aly partagea son embarras avec le plafond, et dès que la rousse fut prête, elles entreprirent leur route vers l'étage du dessous. Bien entendu, Manon et Benoît se tenaient tout près de l'entrée et attendaient que leur invitée termine d'enfiler ses chaussures avant de lui souhaiter bonne route.

— Reviens souper avec nous quand tu veux, ma chérie ! fit la mère avec un large sourire qui lui fendait les joues. Ça fait toujours du bien à Alyson de te voir !

La mentionnée leva les yeux en l'air, agacée. Elle détestait qu'on parle d'elle comme si elle n'était pas là. Laura rigola avec nervosité avant de prendre son sac et de l'accrocher à son épaule.

— Tant mieux ! Ces temps-ci, j'avoue que mon agenda déborde entre les cours et mon nouveau travail au café, mais je vais me débrouiller pour qu'on passe plus de temps ensemble ! (Elle se tourna vers la brune.) Et puis, il faudra bien que tu passes voir ma chambre sur le campus ! Elle est énorme ! J'ai hâte que tu la voies. Et je suis certaine que tu vas bien t'entendre avec ma coloc Lily, elle est vraiment sympa.

Alyson n'eut aucun moyen de démontrer une quelconque forme de joie, car les dernières phrases qu'avait prononcé sa meilleure amie était restée coincée dans sa gorge. Un peu comme dans celles de Benoît et de sa mère. Elle palliât sa panique en s'approchant d'elle pour lui faire une accolade. Laura, qui avait bien senti l'atmosphère s'alourdir, préféra sortir rapidement afin d'aller rejoindre le barista qui l'attendait dans une voiture, au coin de la rue.

— Au revoir, Laura ! fit la mère avant de claquer la porte d'entrée.

Une fois l'invitée partie, Manon se planta devant sa fille, son mari à ses côtés. Leurs regards étaient noirs et colériques.

— Tu nous a menti ? demanda Manon, scandalisée.

Alyson resta de glace. Une part d'elle voulait se rebeller et l'autre l'obligeait à ne pas bouger et à écouter.

— L'autre soir, tu nous as dit que tu étais allé la visiter sur le campus et visiblement, ce n'est pas le cas ! ajouta Benoît.

— Oui, bon ! Je n'étais pas avec Laura ! Et puis ?

— Tu étais avec Scott, c'est ça ? demanda sa mère.

— Non !

— Certaine ?

— Oui, très certaine ! Je ne veux plus jamais avoir à faire à lui, je pensais que la question était réglée depuis l'épisode des médocs et de l'hôpital !

Manon soupira avec une telle hargne qu'Aly songea qu'elle ne la croyait pas.

— De toute façon, tu fais toujours ce que tu veux ! marmonna-t-elle en s'éclipsant dans la cuisine.

Voyant que Benoît ne bougeait pas, Alyson la suivit. Sa mère se défoulait sur les couverts dans lesquels ils avaient mangé en les balançant dans l'évier. Aly soupira presqu'en riant :

— Pardon ? Comment peux-tu dire que je fais ce que je veux alors que Benoît et toi passez votre temps à me punir, à me priver de sortie et à m'enlever le peu de vie privée qu'il me reste ?

— Stop, Aly ! Ta mère a raison, tu fais ce que tu veux depuis que tu es revenue de l'hôpital et tu le faisais bien avant ça ! commenta son beau-père qui venait tout juste de les rejoindre.

Alyson se retourna vers lui, le cœur prêt à exploser.

— Si j'avais pu faire ce que je voulais, il y aurait longtemps que je me serais épargnée de voir ta gueule tous les jours et je serais allé vivre chez mon père ! Il est le seul qui arrive à comprendre ce que je ressens et qui me montre un semblant de compréhension, puisque vous ne vous forcez même pas !

— Mais oui, c'est ça ! Vas-y, Aly ! hurla Benoît, furieux. Va vivre chez ton père, celui qui n'a jamais été foutu de prendre soin de toi ! Va vivre chez lui pour gâcher sa vie comme tu as gâché la nôtre !

Alyson ravala un nouveau cri, se demandant si elle avait bien entendu. Elle fixa Benoît qui n'avait clairement pas l'intention de revenir sur ses mots, attendant que sa mère ait une réaction, mais rien. Lorsqu'elle eut enfin la force et la volonté de se retourner vers Manon, celle-ci avait les yeux rivés sur le carrelage du plancher, muette.

— Allez vous faire foutre ! cria-t-elle, consternée.

Elle quitta la pièce en s'abstenant de démontrer quoi que ce soit, excepté la colère. Elle attendit d'être sortie de la maison pour laisser ses yeux déborder de larmes et ses couinements résonner sur la rue. Elle n'arrivait pas à réaliser ce qu'on venait de lui cracher en plein visage. Et surtout, elle n'arrivait pas à croire que sa mère ait pu laisser son mari lui parler de la sorte sans intervenir. Selon elle, la raison était évidente ; elle adhérait.

« Donne-moi l'adresse où tu te planques. J'accepte ta proposition. » fut le dernier message qu'elle envoya avant d'entreprendre sa course en direction du boulevard où passaient les bus de nuit, en pleurs.

L'Alpha - Volume 1 : Le Clan O'ConnellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant