Une fenêtre n'avait jamais été une si grande source d'anxiété. Pourtant, Alyson avait passé toute la journée à regarder à travers celle-ci, regrettant de temps à autres la liberté qu'elle n'avait plus. Elle songeait à tout ce qu'elle aurait pu faire si elle n'avait pas été cloîtrée dans cet hôpital, mais aussi au fait qu'elle ne serait peut-être plus là du tout s'il n'avait pas été question de lui.
— Mademoiselle Williams ? l'interpella une voix féminine depuis l'entrée de sa chambre.
La jeune fille tourna suffisamment la tête pour pouvoir apercevoir l'infirmière du coin de l'œil, mais pas assez pour lui prouver qu'elle lui portait attention.
— Mademoiselle Williams ? répéta-t-elle plus fermement. Le souper est servi dans la salle commune. Tu nous rejoins ?
La brune fit claquer les deux pages de son bouquin qu'elle tentait désespérément de lire depuis la fin de l'après-midi, mais sans succès. Elle daigna enfin donner un semblant de réponse à la dame habillée en bleu, à commencer par un long soupir.
— Je n'ai pas faim et je me sens trop fatiguée pour aller dans la salle à manger. Il y a trop de monde. J'attends juste que ma meilleure amie passe me voir plus tard dans la soirée et ensuite j'irai dormir.
— Il faudrait vraiment que tu manges, ma belle.
Aly serra les dents. Elle détestait cette manie qu'avaient ces inconnus à lui donner des surnoms affectueux. Comme si elle leur devait tous quelque chose, dont une certaine coopération qu'elle n'avait pas toujours. C'était à la limite de l'infantilisation, et ça, il s'agissait de quelque chose que la jeune fille ne pouvait supporter. Toutefois, elle tenta de répondre le plus calmement possible :
— Mon estomac est trop noué, ça ne passera pas...
— Est-ce que tu veux que j'essaie de te trouver une collation plus légère ? la coupa l'infirmière. Je vais aller chercher ça pour toi, je reviens.
Sur cette promesse, la dame disparue dans le couloir, en direction de la réception et de la salle commune qui se trouvait à quelques portes de la sienne.
Après que sa vie ait été mise hors de danger, Alyson avait été transférée dans l'aile psychiatrique ou comme elle aimait l'appeler ; la salade du chef. Pourquoi la salade ? La raison était très simple. Cette partie de l'hôpital regroupait tous les types de personnes mentalement malades. Il s'agissait donc d'une dizaine de patients dont les raisons de leur présence n'étaient pas nécessairement compatibles. Alyson, c'était pour une tentative de suicide. Clairement, son hospitalisation était largement justifiable, bien qu'elle n'y crût pas vraiment à l'époque. Mais en réalité, son cas était probablement le moins grave. Entre la dame atteinte d'une sérieuse déficience qui passait son temps à harceler les autres pour qu'ils appellent le neuf-cent onze et le garçon qui avait pété un plomb sans prévenir, il y avait de quoi se sentir saine d'esprit et se questionner sur sa présence dans de tels lieux. Pourtant, Aly avait discuté avec ce garçon de son âge. Il ne faisait qu'errer en jaquette bleue dans les couloirs. Du moins, c'était avant qu'il ne décide de tout casser et d'hurler sur les gens à la réception. Il y avait aussi ce vieillard qui venait dans l'embrassure de sa chambre, et qui, si les infirmiers ne lui demandaient pas de circuler, restait là quelques minutes avant de repartir de lui-même.
En arrivant dans son nouveau logis, son infirmière de nuit l'avait pourtant prévenue que les ailes psychiatriques ne ressemblaient en rien à ce qu'il y avait dans les films. Selon Alyson, c'était bien pire. Après réflexion, c'était sans doute la peur qui l'empêchait d'aller manger parmi tous ces gens, car son ventre lui faisait bien comprendre qu'elle avait besoin de se sustenter. Entre le nettoyage au charbon et sa cuite de la veille, c'était bien un repas qu'il lui fallait.
Malgré ce constat, elle se remit à sa lecture, le front appuyé contre la fenêtre à travers laquelle elle finissait toujours par regarder. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était attendre. Attendre que Laura vienne la voir pour ne pas avoir l'impression que cette journée avait servi à rien. C'était déjà un début, non ?
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L'Alpha - Volume 1 : Le Clan O'Connell
ParanormalLaura, une étudiante timide, fait son entrée à l'Université de Kincardine. Une nouvelle vie intrépide pour la jeune fille qui n'a dès lors jamais connu le monde extérieur, ayant vécu avec sa grand-mère la majorité de sa vie. Tout semble bien aller j...