Chapitre 44

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Laura s'était réveillée en panique à huit heures pile.

Elle était furieuse contre son cadran qui avait persisté à la tirer si agressivement de son sommeil la semaine passée, et celle d'avant. Dans un geste pas du tout contrôlé à cause de son éveil sous-jacent, elle envoya son cadran valser sur le sol, se fichant éperdument du bruit que cela pouvait engendrer.

— Mmh...

Même les yeux clos, elle put affirmer que ce râlement fatigué provenait de sa coloc de chambre. Elle l'entendit même se retourner dans ses draps.

— Quelle est la raison de cette rage matinale, cette fois ? demanda-t-elle d'une voix endormie.

Laura se redressa avec difficulté avant de se frotter les yeux qui lui étaient difficiles à ouvrir. Elle tenta de se souvenir de son rêve qui, pour peu qu'il l'eût donné des sueurs froides, ne lui avait pas fait spécialement peur. Même si son front était encore trempé, elle n'arrivait pas à se souvenir du sujet du rêve ni du loup.

Lorsqu'elle fut plus sortie des vapes, elle grogna, le visage enfoui dans ses paumes lorsqu'elle se rendit compte qu'elle devait partir travailler. C'était vendredi.

— Tu n'as pas à t'en faire avec Lucas, tu sais. Je suis sûre qu'il a une bonne excuse pour ce qui s'est passé, la rassura Lily en remarquant l'air débité de son amie.

La petite voix qui parlait très peu dans la tête de la rousse, la plus mesquine d'entre toutes, espérait que Lucas l'attendrait en sueur derrière son comptoir.

Il avait tenté de la contacter par message la veille, mais ce n'était pas suffisant pour acheter son pardon. Elle ne comprenait pas pourquoi il ne venait pas la voir en face. Ce n'était pas son genre de se défiler de la sorte ou du moins, elle ne pensait pas que ce l'était. Le nœud qui lui avait noué la gorge au moment où il l'avait foutu hors de son appartement le vendredi d'avant, serrait toujours autant sa trachée. Elle était empreinte d'une colère qu'elle n'arrivait pas à surmonter et c'était quelque chose à laquelle elle n'avait jamais fait face. Sauf envers sa mère.

— J'espère, répondit-elle enfin en fixant ses mains.

Lorsqu'elle put enfin s'extirper de son lit, Laura eut alors à tout enchaîner : s'habiller, manger, mettre ses chaussures et ranger son tablier dans son sac. Elle avait si peur de perdre son courage en cours de route qu'elle s'était forcée à se préparer le plus vite possible. Passer un coup de téléphone ou envoyer un message à Lucas pour lui annoncer qu'elle ne rentrerait pas travailler aurait été si facile. Pire encore ! La veille, comme si Lucas était au courant de sa frustration contre lui, il lui avait gentiment proposé de rentrer travailler après l'ouverture, vers huit heures trente. Néanmoins, à ce moment-là, Laura se foutait de sa si proéminente générosité. Il n'avait pas à agir comme si rien ne s'était passé et il allait devoir lui donner une explication du tonnerre pour tout réparer.

Il pleuvait des cordes. Selon la rouquine, le climat représentait parfaitement son désarroi face à la journée qui l'attendait. Elle n'était pas au bout de ses peines, car lorsqu'elle arriva enfin sous le toit en pente, devant le café, elle fut furax en tombant nez à nez avec son propre reflet dans la vitrine. Le peu d'effort qu'elle avait mis dans sa coiffure venait d'être anéanti par l'averse. Ce simple détail lui avait manifesté l'envie de s'effondrer en larmes et d'ailleurs, elle avait exprimé ce besoin plusieurs fois au cours de la semaine.

L'Alpha - Volume 1 : Le Clan O'ConnellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant