Chapitre 60

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— Le plus préférable serait qu'on contacte sa mère le plus vite possible, lança une voix inconnue.

Docteur ?

Infirmière ?

Policière ?

Alyson ne savait plus faire la différence.

Sa seule distraction s'était réduite à fixer le sol de la chambre d'hôpital dans laquelle elle se trouvait. À ce moment-là, même le vide s'advenait passionnant. Elle s'en donnait la migraine. Et de temps en temps, le visage de Patrick surgissait à son esprit et ses yeux devenaient vitreux sans que les larmes ne daignent couler. Elle avait déjà trop pleuré.

Il y avait déjà quelques heures qu'Alyson était là et elle ne voulait pas parler. Elle se sentait envahie, étouffée par les questions inutiles du personnel de l'hôpital. Tel que savoir si elle avait des idées noires. S'il y avait bien des idées qui bousculaient toutes les autres dans sa tête, c'étaient bien celles-là.

— Mademoiselle Williams ?

La brune ne vacilla pas d'un centimètre après avoir entendu son nom ainsi que son prénom. À croire qu'elle ne savait plus qui elle était.

— Alyson ? insista un aide-soignant.

— Laissez-moi, murmura-t-elle d'une voix grave.

Celle-ci se recroquevilla tandis qu'on continuait à s'acharner. Elle ne voulait plus rien entendre. Elle ne voulait plus qu'on lui parle de son père, ni de sa mère.

Tout tournait autour d'elle. Les voix vrillaient dans ses oreilles et la rendait dingue. Lorsqu'une main vint se poser sur son épaule, ce fut trop.

— Dégagez ! Foutez-moi la paix ! cria-t-elle.

Lorsqu'elle daigna enfin regarder la foule de personnel qui entourait son lit, elle constata que la plupart d'entre eux tenaient du papier et un stylo. Alyson choisit une victime au hasard – une infirmière aux cheveux colorés – et lui arracha des mains. Elle s'empressa d'y noter le numéro de téléphone de Manon ainsi que celui de Benoît avant de remettre le bout de papier dans un mouvement tout aussi brusque. Elle songea que son écriture devait être illisible, car elle tremblait de partout.

— Voilà, grogna Aly sans minimiser le volume de sa voix. Vous avez eu ce que vous voulez, maintenant fichez-moi la paix !

Sa volonté fut exaucée.

Une fois seule, Alyson fut enfin en mesure de pouvoir retourner à sa contemplation du vide. Et bientôt de son bras. L'aiguille du soluté implanté dans ses vaines n'étaient pas ce qui s'avérait être le plus douloureux ou le plus regrettable.

Elle aimait Dylan plus que tout, mais elle lui prouvait le contraire. À ses yeux, l'amour n'était pas compliqué. Il rendait la vie plus facile, surtout s'il était question de cette personne. Elle croyait que c'était arrangeant. Accommodant. Que cette personne serait contrainte de jurer que par elle, que par ses choix. Qu'elle les accepterait quoi qu'il arrive.

Mais l'amour n'est pas comme ça.

Dylan n'est pas comme ça.

Il n'est pas la personne parfaite.

Cette personne parfaite n'existe pas.

Il n'est pas une chose forcée d'approuver mes actes, car il a les siens à gérer.

Comme tout le monde.

Comme Manon.

Comme Laura.

Comme moi.

Alyson mourrait d'envie de reprendre son souffle, mais le faire sans personne pour l'aider semblait impossible. Du moins, jusqu'à ce qu'elle y soit contrainte. Il fallait qu'elle apprenne, qu'elle se regarde en face. Qu'elle abatte ses pensées intrusives et négatives et qu'elle transforme son cœur en un endroit meilleur. Elle était seule, mais c'était bien la première fois qu'elle s'en rendait vraiment compte.

L'Alpha - Volume 1 : Le Clan O'ConnellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant