L'Alpha - Volume 1 : Le Clan O'Connell

Chapitre 22

"She's got a smile that it seems to me,

Reminds me of childhood memories.

Where everything was as fresh as the bright blue sky."

Lily avait écouté cette chanson en boucle toute la journée, sans véritablement comprendre pourquoi. Était-ce la mélodie de la guitare au début du morceau qui l'extasiait tant ? Ou peut-être le caractère feel good et entraînant ? Quoi qu'il en soit, ce n'étaient certainement pas les paroles qui la poussaient à l'écouter avec une telle assiduité. Cela aurait été bien trop triste.

En ce qui concernait son grand plongeon et son retour, le premier cours avait sans doute été le pire. Le destin avait décidé qu'elle tomberait sur Monsieur Merchant, le même professeur de littérature qu'elle avait eu lors de son dernier trimestre. Ce matin-là, à neuf heures précises, la jeune fille avait eu l'envie irrépressible de quitter la salle en le voyant, réalisant qu'il faisait partie de ses enseignants. Il était gentil, c'était bien là le problème. Après avoir découvert que Lily se faisait vomir dans les toilettes entre les cours, il avait pris l'habitude de garder une collation et une bouteille d'eau pour elle dans le dernier tiroir de son bureau. La brune l'avait toujours soupçonné d'avoir joué un rôle dans son expulsion précipitée du campus, même si elle savait que le cerveau de l'opération avait été Hélène. Elle espérait sincèrement que ce nouveau trimestre serait différent. Vraiment. Elle prouverait ou mentirait à tout le monde sur le fait qu'elle se portait bien.

Comme à son habitude, Lily laissa échapper un soupir d'épuisement en se retrouvant immobile. Elle venait tout juste de regagner sa chambre déserte, sans la moindre trace de la rousse aux alentours, ce qui lui procura une satisfaction étrange. Laura était une fille charmante, sans doute très chouette une fois que l'on parvenait à percer sa carapace de jeune timide, mais Lily préférait attendre que celle-ci fasse les premiers pas. Elle ne voulait pas risquer de nourrir une amitié potentielle si Laura la jugeait trop étrange pour la fréquenter ou même simplement l'approcher. La plupart des gens que Lily avait rencontré avait fini par la percevoir comme une charge trop lourde, un fardeau. Une plaie qui continue toujours de saigner et dont l'hémorragie est inarrêtable.

La brune sentit son ventre se contracter, accompagné d'un gargouillement qui rompit le silence. Elle se remémora les œufs que Laura lui avait gentiment proposés en début de journée, mais laissa le tout retrouver les abysses du cratère dans lequel était tombée sa faim des mois auparavant.

Ça passera.

Tu n'as pas faim.

Garde le contrôle.

Sa soirée resta similaire à ce type de pensées. Lily tenta d'oublier son envie de manger et combla ces lacunes en décorant sa chambre. Accrocher des lumières au-dessus de son lit et écouter les meilleurs hits de Bon Jovi était sûrement la meilleure manière de se changer les idées et garder certaines crevasses fermées. Même si l'une d'entre elles semblait toujours vouloir laisser passer des souvenirs et des images douloureuses. Ce ne fut qu'à neuf heures trente, lorsque la porte d'entrée s'ouvrit en un coup de vent que la brune put mettre une limite à ses projections.

— Hey, salut ! clama Laura en dégageant une mèche rousse de son visage, surprise.

Lily, perchée sur sa tête de lit, finit d'accrocher les cordes lumineuses aux crochets en métal fixés au plafond et se laissa tomber dans ses draps.

— Salut, répondit-elle avec un léger sourire.

— Je suis contente que tu sois encore debout, dit Laura en déposant sa veste et son sac par terre. Je m'en serais voulu si je t'avais réveillée.