Chapitre 72

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Il pleuvait encore cet après-midi-là. Bien que cela était habituel en cette saison et que Laura avait toujours détesté les averses et le froid, là, elle ne pouvait que s'en réjouir.

La jeune fille s'était vite lassée des clients désagréables et des cafés deux sucres deux crèmes. Les gens qui s'amusaient à la gêner avec des remarques stupides et des blagues de grands-pères partaient souvent du Starbucks avec une honte d'eux-mêmes. La rouquine avait tendance à répliquer plus qu'elle ne restait de glace. Cependant, elle ne savait pas si c'était dû à sa transformation ou à l'influence que Lucas avait eu sur elle au fil du temps. Un peu les deux, sans doute.

Les coups de vingt-et-une heure étaient arrivées d'un seul coup, en même temps que le ciel était viré au noir charbon. Une fois les machines éteintes et les clients virés du café, Laura put enfin relaxer une minute. Il était devenu épuisant de passer des heures entières à entendre les moindres conversations, mastications et ingurgitations de cafés et autres boissons. Pour elle, les bruits d'inspiration dans les pailles en plastique étaient les pires.

— Brendon te salue en passant, déclara-t-elle alors qu'elle passait un coup de chiffon sur une des nombreuses tables rondes du café.

Malgré le fait que Lucas se trouvait à l'autre extrémité de l'endroit et qu'il frottait lui aussi vigoureusement une table, elle l'entendit soupirer. Pour le plus grand malheur de la rousse, parler de Brendon était devenu un terrain glissant sur lequel il fallait à tout prix éviter de s'aventurer.

— Est-ce qu'il l'a fait à l'ancienne ou sa bouche est restée fermée ?

— Arrête. Tu n'as aucune raison d'être jaloux.

— Bien sûr ! rétorqua-t-il avec sarcasme. (Il se mit à chuchoter.) Si tu savais combien je donnerais pour être à sa place.

Laura balança sa guenille d'un geste nonchalant, et jugeant que sa remarque était de trop, elle se retourna vers le brun en le fusillant du regard.

— Je pensais avoir été claire la dernière fois, Lucas. Je crois que nous sommes assez proches pour que tu puisses te permettre de me parler et me dire ce que tu penses de vive voix.

— Et je suis pas mal certain que nous aurions beaucoup de choses à nous dire par la pensée, riposta-t-il.

La rouquine délaissa sa tâche ménagère pour de bon et alla le rejoindre à petits pas, attendant une réaction. Il la regardait, les bras pantelants. Il avait laissé son travail de côté, lui aussi.

— Très bien, dis-moi. Je suis tout ouïe.

— Tu es drôle, fit Lucas.

— Ça m'arrive. Le monstre dort de temps en temps.

Lucas, qui avait tenté de garder son sérieux jusque-là, laissa son visage se fendre et ses lèvres se retrousser dans un petit rictus amusé. Quand soudain, il réalisa que sa compagne attendait toujours une réponse, il perdit de la couleur. Il se retrouva blanc comme un drap en entrouvrant les lèvres.

— J'ai très envie de toi.

En dépit de son étonnement, la jeune fille ne broncha pas et tenta de garder une expression normale.

— Laura ? demanda-t-il d'un œil soucieux avant de soupirer, s'en voulant déjà à mort. Tu vois ? Je savais que ce n'était pas une bonne idée. Je suis désolé.

Après une dizaine de secondes qui parurent une éternité autant pour Lucas que pour Laura, car elle était trop concentrée à essayer de calmer les battements désordonnés de son cœur, elle osa enfin répondre quelque chose :

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 12 ⏰

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