Le présent est à vivre

Chapitre 14 - Une matinée bien chargée 2/2

Loki la dévisagea surpris, le joli sourire de Jeanne se transforma en une expression perverse et amusée qui inquiéta légèrement le dieu. Puis, elle partit au trot et pendant quarante-cinq minutes, ils trottèrent, galopèrent, montèrent des pentes puis descendirent... La fatigue commençait à se faire sentir du côté de Loki, ce n'était pas une promenade, c'était une séance de torture déguisée. Mais Jeanne ne ralentissait pas le rythme, au contraire, elle l'intensifiait au fur et à mesure. Enfin, ils repassèrent au pas. Loki était légèrement essoufflé mais transpirant, ses cuisses le brulaient comme jamais, ses mollets demandaient grâce. Jeanne avait aussi eu chaud, son polo lui collait à la peau.

- Je t'ai demandé ce matin, si tu étais guéri, s'exclama Jeanne en voyant la tête déconfite et rouge du Dieu de la Malice. Ce n'était pas pour rien.

- Tu m'as dit que c'étaient les chevaux que tu entrainais, pas moi, cracha-t-il reprenant son souffle. Tes trottings sont toujours comme ça.

- Je t'ai fait le plus facile.

Le dieu écarquilla les yeux ce qui l'a fit s'esclaffer d'un rire joyeux qui ne lui avait encore jamais entendu. Elle avait les yeux brillants de malice, plus aucune trace de tristesse. Elle se sentait bien, les ténèbres avaient refoulées. Le fait de s'occuper de ses chevaux et de faire découvrir son monde à Loki lui permettaient d'oublier son chagrin.

- On va marcher un quart-d'heure en rentrant tranquillement aux écuries. Il nous restera un troisième lot et avec celui-là on va pouvoir aller s'amuser, lui expliqua-t-elle avec un sourire torve.

L'idée que Jeanne voulait le torturer effleura l'esprit de Loki. Mais de la voir s'y bien, lui picota l'estomac.

- Merci d'être venu, lui dit-elle tout à coup plus sérieusement une légère tristesse dans le regard.

- De ... de rien, lui répondit-il surpris par ce changement de ton. Tu as dit dans l'avion que tu devrais surement fermer les écuries l'année prochaine, pourquoi ?

- Il y a une dizaine d'années, c'étaient les écuries qui permettaient de faire rentrer de l'argent pour faire vivre le Château et le domaine ainsi que les deux milles occupants, commença-t-elle le regard devenant lointain, mon oncle a volé des fonds dans ceux de l'écurie pour payer des pots-de-vin ... et avec notre guerre civile, j'ai fait des mauvais choix pour les écuries qui font que cela fait presque 10 ans que l'on perd de l'argent au lieu d'en gagner. Donc mon grand-père m'a dit que si mes résultats financiers de cette année n'était pas positif ou nul, on liquiderait tout.

Son visage se ferma et elle continua avec colère :

- Imagine 600 ans de sélection précise pour avoir de très bons chevaux, et tout jeter aux oubliettes... Rhaa ! Je ne peux pas l'accepter. Je ne sais pas avec quoi le comparer pour te faire comprendre l'importance que ça a pour moi.

- Eh ! lui dit-il doucement.

Il rapprocha son cheval de celui de Jeanne et attrapa sa main poser sur la cuisse. Jeanne regarda sa main dans celle du dieu avec interrogation avant de plonger ses yeux noisette dans ses yeux bleus.

- En l'espace d'une semaine, j'ai appris à te connaître et vu ce dont tu peux être capable. Je pense que tu n'es pas le genre à baisser les bras facilement. De ce que j'ai entendu dans l'avion, tu as de bons atouts dans ta manche.

Jeanne ne répondit pas. Les paroles de Loki lui mirent du baume au cœur. Mais elle était troublée qu'il cherche au tant son contact depuis cette nuit. Et les sensations qu'elle ressentait, à chaque fois qu'il la touchait, cela la mettait dans un état indescriptible. A la fois un sentiment de sécurité tout en créant une tension dans tout son corps. Elle était en deuil, elle n'avait le droit de ressentir que la douleur et le manque de Joyce. Elle n'avait pas le droit d'être bien. De son côté, Loki appréciait de plus en plus qu'elle accepte qu'il la touche à son initiative. Il ne comprenait toujours pas son besoin d'être au côté d'elle mais il la voulait elle.