Chapitre 9 - Jeanne Longinaud / Une dimanche qui avait si bien commencé

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Je suis né le vendredi 4 juin 1980, à Corbeil-Essonnes vers 21h30. Ma mère s'appelait Valéria Longinaud et mon père Xavier Martin. Corbeil-Essonnes est une ville qui se trouve à une quarantaine de kilomètres au Sud de Paris, la capitale de la France. Ma mère était monitrice d'équitation et avait sa propre structure. Du plus loin, que je me souvienne, j'ai toujours été à cheval. Mon père, était carrossier-peintre, il réparait des camions accidentés ou personnalisait des neufs. J'ai eu une enfance très heureuse. Mes grands-parents maternels s'occupaient beaucoup de moi, j'étais et je suis encore très proche d'eux. Je ne sais pas quoi te dire. J'étais une enfant joyeuse, qui aimait jouer avec des Playmobil. Tu as dû voir mes enfants joués avec ces petites figurines. Je suis fille unique, mais cela ne m'a jamais empêché d'avoir des amis. Il y avait toujours du monde, à la maison ou aux écuries, avec qui je m'entendais. J'étais plutôt une bonne élève, qui avait des capacités mais ne s'en servait pas, tu vois le genre d'écolier dont je parle. Ma mère essayait toujours de me faire faire mes devoirs mais je préférai être à cheval. En plus, tous les week-ends, on faisait des concours, des compétitions de saut d'obstacles. Il faut que je t'explique ? ... D'accord, donc il y a un parcours dans un espace fermé et tu dois sauter les obstacles dans un ordre établi, tu ne dois pas les faire tomber et aller le plus vite possible. Celui qui est le plus rapide sans aucune faute gagne l'épreuve. Voilà à quoi je passais mon temps. Avec mon père j'aimais bien bricoler, c'est avec lui que j'ai appris à utiliser la plupart des outils qu'on utilise aujourd'hui. Mon père était plus un père copain qu'un père autoritaire l'opposé du tien. C'était ma mère qui avait cette casquette. Donc je grandis dans ce foyer toute somme normale.

Pendant l'année de mes treize ans, ma mère m'apprit que mon père avait des problèmes avec l'alcool. C'est là que ma vie a commencé à devenir chaotique. Quelques jours, avant mes quatorze ans, nous avons dû fuir de la maison, mon père devenant de plus en plus violent avec nous. Je suis devenu une mauvaise élève, répondant au professeur, insolente, me bagarrant dans la cour, et je t'en passe. Bref, nous avons déménagés et de vivre aux écuries. Je continuais ma scolarité, tout en montant intensément à cheval et continuant la compétition. Je me rebellai souvent contre ma mère, c'est vrai que je n'ai pas été facile à l'adolescence, j'espère que mes enfants ne seront pas comme ça. Mon père nous en faisait voir des vertes et des pas mures. Ce n'est pas la période la plus heureuse de ma vie même si ma mère faisait tout pour que ma vie soit plus facile. Quand j'ai eu dix-huit ans et le permis en poche, je pris un peu plus de liberté tout en m'étant assagit. Entre les cours et le cheval, je n'avais pas beaucoup de temps pour le reste. En grandissant, je suis devenu solitaire, me réfugiant dans les livres. Tu sais, même à mon échelle, être la fille du chef n'est pas facile. Les gens sont amis avec toi pour obtenir des avantages ou te jalouse par ce que tu as mieux que les autres. Donc la solitude est devenue ma seule autre véritable amie, avec Thomas, on se connaît depuis l'âge de 5 ans et on a fait les quatre cents coups ensemble. Enfin, je préférai être dans mon coin que de faire des choses en groupe, seul Thomas a réussi à résister à mon renfermement. Depuis sa séparation avec mon père, que j'essayais de voir le moins possible, ma mère m'a trimballé avec elle partout, j'ai rencontré plein de gens du monde du cheval de divers horizons. Je me sentais bien avec les adultes, j'étais plus à l'aise qu'avec les gens de mon âge.

Lors de mes vingt ans, je me suis mise à travailler dans un fast-food, c'est une sorte de taverne où on sert de la mauvaise nourriture le plus rapidement possible, pas comme le dîner où on a mangé près de New York. C'est là-bas que j'ai rencontré Joyce. Il a réussi à apprivoiser le garçon manqué sauvage que j'étais. Oh ! tu m'auras vu à l'époque, j'avais à peu près la même coupe que Thor et la faisais tailler à peu près tous les six mois. Oui, le mot féminin n'était pas un qualificatif qui pouvait mettre donner. Je t'interdis de te moquer et de me juger... Bref... J'ai rencontré Joyce et ça fait maintenant près de vingt ans qu'il partage ma vie. Le jour où tu trouveras quelqu'un avec qui tout te sembleras facile, tu sauras que c'est la bonne personne... Tu verras... Bien sûr, on s'engueule. C'est normal, on n'est pas d'accord sur un sujet et on se le fait savoir. Ma mère avait rencontré quelqu'un à cette même époque, j'ai donc déménagé chez lui. Voilà où j'en étais à mes vingt-trois ans, ma vie était redevenue plutôt normal. Mais quelques mois plus tard, on a détecté un cancer des poumons à ma mère et elle partit juste après mes vingt-quatre ans. Ce fut horrible, j'ai dû vendre les écuries, ça été une longue descente aux enfers car huit mois plus tard mon père mourut aussi. Peu après ces événements tragiques, alors qu'avec Joyce, on avait acheté notre maison où nous voulions fonder notre famille, un homme arriva chez nous et se présenta comme mon oncle. Ce n'était pas possible, je connaissais ma famille et il n'en faisait pas partie. Il me montra une photo de ma mère avec mon véritable père. Il me dit que je n'étais pas qu'une simple humaine mais la princesse oubliée d'un royaume secret et maintenant que ma mère n'était plus, il était temps que je rejoigne ma place au sein de la famille. Avant de croire un seul mot, j'appelai mes grands-parents maternels qui sont pour moi la seul famille direct qu'il me reste. Et là, comme tu peux t'imaginer le choc, mes grands-parents me racontent la partie de mon histoire dont j'ignorais l'existence.

Le présent est à vivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant