Chapitre 19 - L'alpha et l'oméga.

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L'effet de cette annonce fut une douche froide pour Jeanne comme pour Loki. Après les avoir enchainés, le roi Schran ordonna qu'on les emmène. Il se retrouvèrent affublés du même attirail que Thomas pendant la crémation, la muselière en moins pour le dieu.

- Vous n'avez pas honte de nous traiter ainsi, s'énerva-t-il.

On les conduisait à travers des couloirs qu'il n'avait pas encore pu explorer.

- Calme-toi, le suppliait Jeanne le ressentant bouillir de colère.

- Comment veux-tu que je me calme ? Je me retrouve enchaîner alors que c'est toi qui as perdu le contrôle.

Il remarqua les regards étranges que s'échangeaient les gardes humains et lycans qui les escortaient.

- Quoi ? Gronda-t-il à l'attention d'un des gardiens dont le regard s'était attardé un peu trop longtemps sur sa personne.

- Reste tranquille, lui dit Jeanne sur un ton rassurant, on ne va pas en cellule mais en salle de veille.

- Qu'est-ce que ce sont encore ses salles de veille ? rétorqua-t-il condescendant.

- Comment connaissez-vous ce terme ? demanda le garde qu'il avait apostrophé un peu avant.

- Jeanne vient de me dire que vous nous y conduisez en ce moment même, s'étonna-t-il, cet imbécile n'avait rien écouté de leur échange ?

- Votre Altesse, dit le garde avec les yeux écarquillés, Madame Jeanne est sous sa forme lycane...

- Merci, j'avais remarqué, le coupa-t-il immédiatement grinçant.

- ... Monsieur, il est juste étonnant que vous la compreniez car elle ne peut communiquer sous cette forme !

Il fut parcouru par un frisson d'effroi alors que les poils de Jeanne se dressaient.

- Tu es dans ma tête, dit-il à haute voix alors que cette pensée résonnait dans la sienne.

C'était quoi cette histoire ?

- Faut que je parle à Thor, il faut que j'aille à la bibliothèque, paniqua-t-il essayant de défaire ses chaines magiquement.

En vain. Le lien qui venait de s'établir les avait bouleversés à un point qu'il n'arrivait plus à maîtriser ses pouvoirs. Il sentait Jeanne essayer de se calmer afin qu'il puisse en bénéficier, mais son calme apparent le fit encore plus paniquer.

- Vos Altesses, Sa Majesté a décidé que vous serez confinés en salle de veille tant qu'une décision ne sera prise, dit un des gardes en s'arrêtant devant une porte.

Pendant la conversation, ils étaient sortis du château par une issue qui débouchait sur un couloir vitré qui les menait à un autre bâtiment que Loki avait pu apercevoir par la fenêtre derrière le bureau de chez Jeanne.

- Il est ...

- Loki, tout va bien se passer, dit Jeanne sur un ton apaisant. Nous n'allons pas en cellule. Nous allons retrouver nos apparences et nous pourrons retourner à nos occupations d'ici un jour ou deux.

Jeanne entra dans la pièce derrière la porte. Elle faisait la taille d'une cellule et, à l'avis de Loki, y ressemblait beaucoup trop. La pièce était nue, on n'y trouvait qu'une table avec deux chaises de couleur argentés. Une fenêtre donnait sur l'extérieur mais comportait d'épais barreaux en métal.

On venait de défaire ses chaines. Pendant que les gardes finissaient avec Jeanne, il profita du moment de flottement pour essayer de s'échapper. Alors qu'un lycan l'attrapa à la gorge pour l'arrêter, Jeanne attaqua celui-ci sans ménagement, toutes dents dehors. Le lycan le repoussa avec violence à l'intérieur de la cellule alors qu'un autre avait sorti son épée pour séparer Jeanne du premier. Il se jeta sur le deuxième dans un mouvement purement instinctif. Un garde humain s'interposa et alors que Loki allait prendre un coup de lame, Jeanne attrapa le garde et l'envoya valser dans le couloir tout en propulsant Loki au fond de la pièce dans un cri effroyable. Le premier lycan profita de sa déconcentration pour la repousser à l'intérieur pendant que les autres gardes sortaient. Elle grogna fortement quand elle ressentit la morsure du métal composé d'argent lui brûler le dos, douleur qu'elle partagea avec le dieu. Inconsciemment, il se rua sur les gardes avec une envie de les tailler en pièces. Un autre lycan l'intercepta par le bras avant de l'envoyer voler à l'intérieur de la salle et de fermer la porte à clé. Dans un geste de pure colère, il se jeta sur celle-ci pour essayer de l'enfoncer avec sa force jötunn. Jeanne poussa un râle de douleur tout en se relevant de la table.

Le présent est à vivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant