Chapitre 16 - Jacob

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Jacob

Encore galvanisé par le meurtre que je viens de commettre, je rentre dans l'appartement de Rachele. Ce matin, elle a deviné que mes intentions n'étaient pas pures, mais je doute qu'elle sache de quoi il en retourne. J'aurais presque été touché de cette lueur dans ces iris lorsqu'elle a compris que ces cinq ans n'avaient rien changé. Et cet éclat de colère... Très sexy !

En voyant les lumières éteintes, je m'approche à pas de loup. Silencieux, je me glisse dans les ombres jusqu'au corps allongé sur le canapé. Mes yeux se posent instinctivement sur ses jambes dénudées. Un frisson parcourt ma colonne vertébrale. Sous tension, je relève la tête en arrière et serre les poings. J'essaie de lutter contre la brûlante envie de la toucher, mais plus je résiste, plus mon désir s'embrase.

« Touche-la... »

Encore sa voix... Je ne comprends pas pourquoi je l'entends si souvent depuis que je suis sorti, mais elle me pousse irrémédiablement vers ma proie. La seule que je n'ai pas le droit de capturer. L'unique que je n'ai pas le droit de briser. Mais comme j'ai envie de la dévorer !

À l'époque, j'avais déjà remarqué que j'agissais différemment avec elle. J'aimais la taquiner plus que de raison, je ne supportais pas qu'elle regarde d'autres hommes. J'étais comme un chat qui joue avec sa souris et qui ne supporte pas qu'un autre félin s'en approche. Je me disais que c'était parce qu'elle m'était interdite et que le défi décuplait mon besoin de jouer. Mais jamais je n'ai ressenti cette vague de désir, cette faim presque incontrôlable. Qu'est-ce qui m'arrive ?

Du coin de l'œil, je vois son chat émerger du couloir provenant des chambres. Son regard se plante dans le mien. Aussi étonnant que cela puisse paraître, malgré ma lutte interne, il ne semble pas vouloir m'attaquer. Simplement me surveiller. Pourquoi ? Ne devrait-il pas me chasser ? Me griffer ? Feuler ?

Alors qu'une fièvre me gagne, je commence à trembler. Ma respiration est chaotique, ma poitrine douloureuse. Je me suis pourtant nourri sur d'autres humains, mais c'est comme si j'avais passé dix ans sans une seule goutte d'énergie. Je suis assoiffé. Je serre les dents pour éviter de céder à ces instincts qui me dictent de la caresser, de l'embrasser, de la faire mienne. Des décharges électriques parcourent mon corps, mon sexe se dresse sans même que j'ai eu à faire quoi que soit. Mes pensées rationnelles le sont de moins en moins et des flashs de son corps nu m'assènent un coup de plus. Le poison parcourt mon sang jusqu'à colorer mes yeux de rouge. Si jamais elle se réveille, elle me verra tel que je suis vraiment. Cela dit, à l'instant T, je m'en fiche. J'ai l'impression d'être de retour dans les sous-sols miteux de la prison, enchaîné, torturé par des instruments en titane imprégnés d'une substance de millepertuis. Mon corps me brûle, ma tête est sur le point d'exploser, mais la seule barrière qui me retient est la promesse que j'ai faite à ma sœur. Ne pas lui faire de mal.

« Quelques gouttes ne lui briseront pas le cœur... »

Cette dernière intonation sinistre finit de faire céder le barrage. Ma chair et mes os ne peuvent plus contenir cette puissance démoniaque qui m'oblige à m'abandonner. Incapable de me contrôler, un grognement m'échappe et je perds toute notion de raison. Mes bas instincts prennent le dessus et mon regard se reporte sur la belle endormie. Habillée d'un t-shirt Disney et d'un short très court, elle me laisse le loisir d'admirer sa peau laiteuse. Comme si mon corps s'était langui d'elle pendant cinq ans, je passe mes doigts fascinés sur son mollet avant de glisser sur sa cuisse, puis sur son bras. Sans la réveiller, je m'accroupis à sa hauteur en retenant un gémissement. Je peux entendre les battements de son cœur s'accélérer sous mes caresses.

La dernière fois que j'ai perdu le contrôle, j'étais un enfant qui apprenait à maîtriser ses pouvoirs. Aujourd'hui, je suis un prédateur qui doit vivre avec une proie beaucoup trop appétissante.

Condamnée par mon regard affamé, elle n'a même pas conscience qu'un démon s'apprête à la déguster. D'une douceur contrastant avec la tempête qui me dévore, je pose mes lèvres sur les siennes. Chaudes, douces, câlines. Aussitôt, mon esprit se lie au sien pour la faire rêver pendant que son goût explose sur mes papilles. La douleur disparaît, toutes les tensions s'évaporent, il n'y a plus que ma bouche sur la sienne, ma chaleur qui l'enveloppe, nos songes qui se rejoignent.

Je partage avec elle ces fantasmes qui me hantent. Elle, à mes genoux, moi assit dans un fauteuil noir. Elle est nue, offerte, excitée par mon arme qui glisse sur sa peau en suivant ses formes généreuses. Dans son regard, les braises de son envie grandissante. Dans le mien, une faim qui n'a pas d'égale. Alors que ma main passe dans ses cheveux, mon neuf millimètres est remplacé par mes lèvres. Je la goûte en parcourant la peau de son cou pendant que mes doigts descendent sur ses seins. Ses halètements se font plus forts tandis que je laisse une traînée brûlante jusqu'à son sexe. Les battements de son cœur s'intensifient sous mes attentions. Avec douceur, je joue avec son clitoris qui se gorge de sang au fur et à mesure que je l'emmène plus loin dans le plaisir. Ses soupirs m'encouragent. Nos peaux ont besoin de se toucher, nos corps ont besoin de fusionner, nos esprits veulent se lier de toutes les manières possibles. Ce n'est pas bestial, malgré l'incendie qui fait perler l'eau sur nos corps. Je veux prendre mon temps pour la savourer, je veux l'amener à m'en redemander, à me supplier.

Mais le rêve s'arrête là. Alors que je m'apprête à aller plus loin, sonsubconscient trouve la force de me rejeter et je suis propulsé hors de sessonges. 

Call Me MonsterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant