Chapitre 69 - Jacob

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Jacob

Non sans douleur, je m'extrais de l'étreinte mortelle avec le corps pétrifié d'Émanaël.

— Jacob, attention ! hurle Tyler.

Épuisé, je n'ai pas le temps de comprendre qu'une nouvelle arme déchire mes muscles. Surpris, je laisse tomber ma tête en arrière, la poitrine projetée vers l'avant, avant de tomber au sol. La douleur lancinante qui m'étreint me fait serrer les dents. Je n'ai pas besoin de lever les yeux. La botte en face de mon visage m'arrache un rictus sarcastique. Mon frère a décidément tout prévu. Au cas où il ne m'achevait pas, il a prévenu les fils de Reian de ma position. Je ferme momentanément les yeux. Les chants lugubres qui murmurent à mon oreille m'apportent une note funeste. Je ne sortirai pas d'ici vivant.

Inquiet, je lève les yeux vers mes amis. Samuel me regarde d'un air terrifié, mais résolu. À genoux, il est attaché et bâillonné alors qu'un homme le tient en joue. Quant à Tyler et Kyle, ils luttent contre la douleur du collier sanctifié qui les prive de leurs pouvoirs. À terre, les traitres et quelques fils de Reian.

Tout à coup, des applaudissements retentissent, accompagnés d'un rire victorieux. Roman émerge du couloir et s'avance dans la grande pièce. Ses cheveux blonds et ses yeux bleus lui confèrent une tête d'ange, pourtant, je peux discerner les ombres qui dansent à l'intérieur de son être. Son âme est pervertie.

— Mes amis, aujourd'hui est un grand jour pour notre seigneur ! Regardez qui nous venons d'attraper ! Jacob Natan en personne ! L'incube préféré de Dionyssan. Le général adulé. Le démon aux mille et un titres. Le fils aux mille et une victoires. Accessoirement, le ténébreux le plus sexy d'Europe, même si j'émets des réserves sur ce dernier point.

— Enfoiré...

— Oh ! Merci du compliment.

Il s'accroupit près de moi et attrape mon menton. Mes iris rougeoyants se scellent aux siens. Sa voix descend d'une octave comme s'il était excité. Son index caresse ma joue, étalant le sang déjà présent.

— Si tu savais comme tu m'as manqué. J'avais presque oublié ce que c'était d'avoir un adversaire qui tient la route.

Il s'approche un peu plus pour frôler mes lèvres avec les siennes.

— Maintenant que je sais qui tu es vraiment, je me demande ce que ça me ferait de coucher avec toi. Est-ce que je prendrai mon pied malgré l'horreur que ça m'inspire ? Combien de personnes as-tu tuées alors que tu les baisais ?

Un rire s'échappe de mon corps en souffrance. Volontairement, je me rapproche de mon ennemi. Coucher avec un homme ne m'a jamais dérangé, mais le dégoût que j'éprouve envers Roman est tel que la simple idée me tord l'estomac.

— Aurais-tu des désirs cachés, mon mignon ? Je peux exaucer le moindre de tes fantasmes. Pour ce qui est des personnes que j'ai tuées, j'ai perdu le compte. Cela dit, je peux t'assurer que leur ultime râle n'avait rien à voir avec celui que tu vas pousser.

Volontairement provocant, je scrute la moindre de ses réactions. Je maintiens la face, mais je sais qu'il me reste peu de temps. Le poison se répand dans mon corps, bloquant de peu à peu mes capacités de guérison. Mon cœur est de plus en plus douloureux sous la pression de l'Enfer qui m'engloutit. Plus les secondes passent, plus il m'est difficile de ne pas geindre.

— Même mourant, tu fais encore de l'humour. Quel gâchis que tu ne sois qu'une merde de créature ! Si tu avais un humain, j'aurais fait de toi mon bras droit. Toi et moi, on serait devenus les plus puissants, écrasant tous ces insectes sous nos bottes. Je t'aurais chéri comme mon frère.

Call Me MonsterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant