Rachele
Épuisée par ma longue discussion avec Mina et mes mésaventures de la veille, je sombre dans un lourd sommeil. Si au départ, les rêves ne sont que de brèves images sans queue ni tête, bien vite, ils se noircissent. Mon cœur est douloureux dans ma poitrine. Comme un étau qui se resserre autour de moi, je suis une nouvelle fois plongée dans un cauchemar sans fin.
Projetée dans une immense grotte, forgée sous terre par une lave démoniaque, je doute de la réalité dans laquelle je suis. Tout est taillé dans la roche de façon gigantesque et majestueuse. Des perles de sueurs apparaissent sur ma peau en réponse à ma température corporelle qui augmente. L'endroit n'est pas anodin. Des serviteurs recouverts de fins voiles noirs s'affairent à combler les désirs de leur maître alors que celui-ci prend un malin plaisir à les torturer. Quant à moi, entourée de flammes, je danse sans pouvoir contrôler mes propres mouvements. Je suis comme une marionnette qu'il active selon ses idées de l'instant. Assis sur son trône de pierre, ses iris rouges me fixent intensément. Je ne peux pas me soustraire à son pouvoir. Avec une lenteur démesurée, il bouge son index en me montrant en silence comment assouvir ses envies.
Ce qui me trouble le plus c'est que la créature qui me contrôle ainsi n'est pas un inconnu. Je l'ai rencontré à trois reprises sous cette forme et je l'ai côtoyé bien plus sous son apparence humaine. Si dans mon monde, il s'agit de Jacob, dans celui-ci, il se montre tel qu'il est vraiment : un démon millénaire du nom d'Azakiel.
Combien de fois est-il venu dans mes songes sans mon autorisation ?
Combien de fois m'a-t-il tourmentée, caché dans l'ombre, à rire ?
Soudain, mon rythme cardiaque s'accélère en le voyant se lever. Avec la grâce d'un fauve, il s'avance vers moi. La peur au ventre, j'essaie de reprendre le contrôle de mon rêve, mais mon effort le fait sourire.
Je ne suis pas du genre à supplier, mais serais-je capable de le faire devant tant de puissance démoniaque ? Quel humain pourrait se vanter de ne pas avoir cédé aux caprices d'un seigneur de l'ombre pour s'éviter l'Enfer ?
Il est seulement vêtu d'un pantalon noir décoré de chaînes. Son torse nu agrémenté de bijoux tels que le collier d'argent autour de son cou laisse place à une possibilité infinie de fantasmes. Ses tatouages, les mêmes que sur son corps humain, semblent vivre sur sa peau. Il s'approche de moi, écartant sur son passage flammes et serviteurs qui l'empêchent de me rejoindre. Je tente un repli en arrière, mais je heurte quelque chose de froid. J'abaisse les yeux pour regarder l'objet en question et sursaute en voyant la main d'un cadavre joncher le sol. Le torse brûlant du démon apparaît alors contre mon dos. Ma respiration devient irrationnelle.
Vais-je me réveiller un jour ? Et s'il m'avait faite prisonnière à jamais de cet endroit ?
D'une main tendre, il caresse ma nuque du bout des doigts. Ce geste couplé à sa nature destructrice me déstabilise. Sans même que je m'en aperçoive, mon corps répond positivement à ses demandes. Mes seins se tendent tandis que mon bas-ventre s'humidifie.
— Joue avec moi, Rachele.
Sa voix rauque d'outre-tombe entraîne en moi une réaction en chaîne qui intensifie mes désirs les plus sombres. Dans cette dimension où il est le maître, où plus rien ne compte, puis-je céder à mes envies les plus perverses ? Utilise-t-il cette méthode avec toutes ses proies ?
Je fais volte-face vers lui alors que sa main relève mon menton. Enivrée par son parfum mêlant poivre noir et fleur d'oranger, je me laisse bercer par son regard joueur. Il entoure ma taille avec lascivité, puis se penche un peu plus vers mon visage. Son souffle ardent me caresse, ajoutant plus d'intensité à notre interaction. Sa langue vient s'abreuver de mes lèvres avant de les lier aux siennes.
Alors que nous échangeons un baiser passionné, nos corps s'entrelacent et des voix s'élèvent dans un chant lyrique. La chaleur augmente crescendo tout comme notre excitation. Je n'ai pas seulement cédé à la tentation, je n'ai même pas essayé d'y résister. Cela fait-il de moi un monstre ? Suis-je vouée à la damnation ? Après tout, je lui ai vendu mon âme.
Un sourire pervers étire ses lèvres.
— C'est moi la damnation, Princesse.
Un frisson glacé me parcourt, très vite remplacé par le feu qui nous consume. Il colle un peu plus son corps au mien. Sa main droite remonte jusqu'à mon cou. Il enroule ses doigts autour de ma trachée. En quelques secondes apparaît un collier en or relié à une laisse incrustée de diamants qu'il tient d'une poigne ferme. Un mélange de panique et d'envie s'élève parmi les autres émotions qui font rage à l'intérieur de ma poitrine. Mes yeux inquiets s'ancrent dans les siens.
— Je ne veux pas devenir ton esclave.
Il s'esclaffe.
— Oh non, Rachele, tu es bien plus que ça, murmure-t-il.
Il se recule, tandis qu'un vent chaud vient m'entourer, entraînant les voix dans un fredonnement de plus en plus fort. Ma peur s'accentue loin des bras rassurants du démon. Le chant lyrique est accompagné de sons plus graves alors que des tambours se mettent en marche, alourdissant un peu plus l'atmosphère. Mon sang bat dans mes tempes et mon rythme cardiaque s'affole. Inquiète, je tente de rejoindre l'homme, mais au lieu d'assouvir mon besoin de protection, il prononce quelques mots en agitant son index. En réponse, mon corps se met à flotter au gré de ses envies.
— Jacob !
— Je vais t'avouer quelque chose, Rachele.
Mon estomac se resserre face au vertige qui comprime ma cage thoracique.
— Tu n'aurais jamais pu échapper à ton destin. Tôt ou tard, tu m'aurais vendu ton âme, reprend-il.
— Comment le sais-tu ?
Il rit alors que je me contorsionne pour garder notre contact visuel. Il met quelques secondes à répondre. Cela dit, lorsqu'il énonce sa phrase, c'est comme si la fatalité funeste l'avait elle-même prononcée.
— Parce que ton cœur m'a toujours appartenu.
À ces mots, ma poitrine se resserre.
— Repose-moi, je t'en prie !
Mes hurlements ne semblent pas le moins du monde l'inquiéter. Avec nonchalance, il retourne s'asseoir sur son trône en continuant de m'utiliser comme simple passe-temps visuel.
— Mais le pire dans tout ça, c'est que Morwën m'a aussi condamné. Le lien est réciproque. Pour ne pas que je t'anéantisse. Pour ne pas que je perde la raison.
Je ne comprends pas un traitre mot de ce qu'il dit. Soudain, il abaisse son index et je chute de plusieurs mètres à une vitesse folle. Je m'époumone en pensant que c'est la fin, mais au dernier moment, il relève le bout du doigt pour m'éviter de toucher terre. La respiration coupée, je hoquète alors qu'il me fait avancer jusqu'à ses genoux. Toujours en me fixant de ses iris enflammés et pleins de malice, il attrape le calice à sa droite puis le porte à ses lèvres. Il s'abreuve d'une gorgée avant de me le tendre. Agacée par son comportement, je refuse.
Il hausse un sourcil et s'esclaffe devant ma piètre rébellion. D'un geste de la main, il me fait monter sur lui, avec pour seule protection entre nos deux sexes, ce fin tissu noir qui recouvre à peine ma peau.
Il boit une deuxième lampée, mais cette fois-ci, au lieu de l'avaler, ses lèvres viennent s'écraser sur les miennes pour me forcer le passage. Contre toute attente, mon corps réagit positivement à ses caresses. Mes désirs prenant le pas sur ma raison, je me frotte à lui tout en léchant la moindre goutte qu'il m'offre du liquide noir.
« Tu es mon égale dans ce monde. », résonne-t-il dans mon esprit.
Puis soudain, tout devient flou.
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Call Me Monster
HorrorATTENTION ! Cette histoire contient du sexe et de la violence ! Âmes sensibles s'abstenir :) TOUS DROITS RÉSERVÉS. Cette histoire est soumise à un contrat et n'est en aucun cas libre de droit. La plagier est pénalement répréhensible. Le cerveau hu...