Chapitre 68 - Jacob

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Jacob 

Je n'ai aucune surprise lorsque l'homme retourne son fauteuil pour nous accueillir. Là, entouré d'une dizaine de démons, Richard m'offre un sourire pervers que je me fais une joie de lui renvoyer.

— Mon fils ! s'écrie-t-il. Si tu savais comme je suis heureux de te voir ! J'espère que ta sœur va bien.

J'émets un rire jaune.

— Mieux que lorsqu'elle était avec toi, je réponds.

Mon géniteur me dédie une fausse mine choquée avant de regarder un à un les hommes derrière moi.

— Trop peur pour venir seul ?

— Peur de quoi ? Des pouvoirs que tu n'as pas ? Ne joue pas à l'imbécile, tu devrais savoir que rien ne m'effraie et certainement pas toi.

Une fureur sans nom passe dans ses yeux alors que ses phalanges se resserrent sur son fauteuil de cuir. La pièce n'est pas très accueillante. Les murs de métal ne sont décorés d'aucune fantaisie et seule une panoplie d'écrans sur la gauche donne un peu de lumière à l'atmosphère. En observant un peu plus leur contenu, je confirme qu'il a suivi tout mon parcours depuis l'entrée grâce aux caméras de surveillance. A-t-il véritablement préparé son coup ? J'aurais espéré mieux que trois Post-its et une pièce sombre.

Je scrute ensuite les démons également répartis autour de mon paternel. Pas plus impressionnant. Moi qui m'attendais à une fin des plus épiques, me voilà en face de mon vieux père, avec dix démons inférieurs loin de me dépasser en force, même en réunissant leurs pouvoirs.

— Pour quelqu'un qui aime le grandiose, j'espérais tout de même mieux de toi. N'as-tu rien d'autre de plus menaçant que ceci ?

— On ne juge pas un livre à sa couverture.

— Tu me promets donc un combat mémorable ? J'aimerais tout de même te poser une question avant que tu disparaisses de ma vie. Je peux comprendre ta haine envers ton puissant frère un peu trop taquin. Cela dit, pourquoi t'en prendre à ta fille ?

Un sourire sulfureux s'affiche sur son visage.

— Mina n'est qu'une victime collatérale. Un moyen rapide de t'atteindre, même si je dois avouer que son caractère de princesse m'a toujours insupporté.

J'en déduis sans mal que c'est une question d'égo qui nous a conduits jusqu'ici. On dit que pour maitriser les démons qui nous hantent, il faut les accepter, les comprendre et ne faire qu'un avec eux. Je suis impressionné que Richard ait réussi à exhiber cette image d'un homme parfaitement en phase avec lui-même alors que la réalité était bien différente.

— Je comprends mieux pourquoi tu as utilisé les fils de Reian pour parvenir à tes fins. Je me suis toujours demandé pourquoi tu ne m'avais pas tué au berceau. En réalité, notre lien de sang t'en empêchait. J'imagine que tu as retrouvé tes testicules pour oser m'affronter aujourd'hui ?

Il rit.

— Notre père m'est apparu en rêve.

— Ouh ! Dionyssan a sonné l'heure de la fessée ! Et tu ne comptes pas retourner chez nous seul, n'est-ce pas ?

— Encore une fois, tu gâches mon effet de surprise, se renfrogne-t-il. Enfin, j'aurais dû m'en douter, tu n'as jamais su patienter.

Je hausse un sourcil en voyant le traitre se lever. Avec discrétion, je demande aux trois hommes derrière moi de se reculer. En dépit de ses pouvoirs, Émanaël n'est pas en capacité de me battre. Cela dit, je dois reconnaître qu'il a toujours fait preuve d'une grande malice. S'il m'a convoqué aujourd'hui, il ne l'a pas fait sans être préparé. Il sait qu'il va mourir, mais il n'a pas prévu de repartir seul.

Call Me MonsterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant