Chapitre 37- Jacob

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Jacob

Je savoure intérieurement de voir Rachele effrayée au point d'oser me faire confiance. Elle essaie de se montrer forte, mais son corps parle pour elle. Les tics nerveux que je décèle me donnent envie de la prendre contre le mur, là, maintenant, de m'emparer d'elle et de lui faire l'amour jusqu'à ce qu'elle se détende entièrement. Je n'avais pas prévu cette sortie ni de l'emmener. Cela dit, si Samuel a pris le risque de m'appeler, c'est que l'info est importante. Trop pour être annoncée au téléphone. Quant à la demoiselle, il se peut qu'elle soit en danger. D'après Sam, les sbires de Roman ont retrouvé ma trace. Je ne sais pas comment, mais je soupçonne un traitre dans mes rangs. Si ce n'était que ça... Roman semble se questionner sur Rachele et il risque d'entreprendre des actions pour la rencontrer. Si ce chien découvre qu'elle a une quelconque importance pour moi, il n'hésitera pas à la torturer pour avoir des informations. Pire, il pourrait la tuer. Encore une fois, la nuit d'hier a scellé son destin. Je vais devoir garder un œil attentif sur elle.

J'appuie sur le bouton de l'ascenseur. Ma jeune biche veille à rester près de moi, sans pour autant me toucher. Et elle a raison de mettre cette distance entre nous. J'ai tant de fois désiré la faire crier, que je ne me pense pas capable de résister longtemps à la sensation de son petit corps contre le mien. Surtout lorsque je repense à mon incartade dans la salle de bain. Je n'ai pas pu m'en empêcher. L'odeur de son effroi, ses yeux implorants, c'était ça ou exploser.

Elle me suit à l'intérieur et nous montons ensemble jusqu'au bureau de Samuel. Lorsque les portes s'ouvrent, mon ami m'accueille chaleureusement.

— J'ai de bonnes nouvelles pour toi, mon frère ! s'exclame le gangster.

À l'instant où ses yeux se posent sur Rachele, il tique. Il s'attendait certainement à ce que je la laisse seule en bas, cela dit, je n'ai pas aimé les regards salaces des videurs. De plus, la jeune femme aurait probablement refusé. Évitons-nous une scène qui nous mettrait tous dans l'embarras.

— Rachele ! Quel plaisir ! Comment vas-tu ?

— Bien, merci Samuel. Et toi ?

— On ne peut mieux !

— Qu'as-tu trouvé pour oser me faire venir un jour saint ? raillé-je.

— Navré de t'avoir dérangé, se moque-t-il avec un œil complice, mais j'ai pensé que tu aimerais avoir au plus vite l'information que je viens de découvrir.

Mon ami pique ma curiosité. D'un geste de la main, j'invite Rachele à s'asseoir dans le petit salon. J'aimerais éviter qu'elle ne lise au-dessus de mon épaule. Je suis fou, mais pas suicidaire. Elle obéit sans rechigner et alors que je la délaisse pour m'approcher du bureau de Sam, il me lance un dossier que je m'empresse d'ouvrir. Des photos d'une femme prises à son insu s'étalent devant moi. En m'arrêtant sur les clichés d'un peu plus près, son look soigné m'apparait comme familier malgré sa posture trop crispée. Il est clair que la peur se reflète sur sa démarche. Est-elle poursuivie ? Un frisson meurtrier me parcourut l'échine en remarquant un bracelet que je ne connais que trop bien. Malgré ses lunettes de soleil, je reconnais la femme en quelques secondes. Monica James.

— Elle se fait appeler Vanessa Ditore, chuchote Samuel. J'ai vu une photo d'elle dans un magazine par hasard. La cause ? Sa relation sulfureuse avec un trafiquant italien. Elle a fait de la chirurgie, mais son regard ne trompe pas. Je me suis donc permis de faire quelques recherches approfondies.

Je déglutis péniblement. Cette femme est l'une des exceptions de ma carrière que je me dois de rectifier. Elle a réussi à se jouer de moi. Néanmoins, toute personne vivant dans notre milieu sait que les ombres finissent toujours par nous rattraper. Elle n'a fait que retarder l'heure de sa mort et, par conséquent, la rendre plus douloureuse.

— Où est-elle ? demandé-je d'une voix sans émotion.

— Elle loge actuellement au grand hôtel cinq-étoiles sur la place de Rodembourg. Elle doit y rester trois jours.

Je n'ai donc que très peu de temps devant moi pour agir. Cette occasion est bien trop belle pour que je la laisse m'échapper.

— Merci, dis-je en me levant. Je te revaudrai cela.

— J'espère bien ! me taquine Samuel, un sourire malin aux lèvres.

— Avant de partir, j'aimerais te parler de quelque chose.

— Bien sûr.

Discrètement, je lui fais signe de me suivre dans le couloir sombre qui mène à sa chambre.

— Mickaël m'a révélé le nom du dernier homme que nous cherchons.

— Qui est-ce ?

— Toi.

Mon ton est calme, détaché, effrayant. Un sourcil relevé, j'observe mon bras droit perdre ses couleurs et froncer ses sourcils. Cela dit, ce n'est pas de la peur qui émane de lui. C'est de la colère.

— Qu'est-ce que tu racontes ? Ne me dis pas que tu le crois ? Je t'ai juré fidélité jusqu'à ma mort. Tu es mon frère. Jacob, jamais je n'aurais pu faire une chose pareille ! Et comment aurais-je pu blesser Mina à ce point ?

Alors qu'il m'avoue à demi-mot être fou amoureux de ma sœur, je souris.

— Ta déclaration d'amour est couchante, mais pas nécessaire. Je sais que tu n'es pas coupable. Tu n'en as ni les signes ni l'odeur. Mais pour donner ton nom, c'est que l'individu en question connaît notre relation.

Soulagé, il passe une main dans ses cheveux.

— Beaucoup de gens savent que je suis ton bras droit.

— Mais peu auraient eu l'idée de t'utiliser. Donner ton nom n'est pas anodin. Celui qui a fait voulait que je te croie coupable.

— Il voulait que tu te sentes trahi, continue-t-il.

J'acquiesce d'un mouvement de tête.

— Son but n'était pas seulement de me livrer aux fils de Reian. Il voulait me détruire, me faire mal.

— Mais pour ça, il devait se douter que tu survivrais. Il devait savoir qu'en sortant, tu mènerais des recherches. Jusqu'à tomber sur Mickaël.

Alors que la vérité s'impose à nous, Samuel entrouvre les lèvres de surprise.

— Cette personne connaît ta nature, murmure-t-il.

— Sans lui, les fils de Reian n'auraient jamais pu me vaincre. Il leur a donné des infos sur la façon de me vaincre.

— Que veux-tu que je fasse ?

— Cherche du côté de nos hommes et de ceux de mon père.

Call Me MonsterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant