Chapitre 53 - Jacob

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Jacob

Attaché ainsi sur une roue en bois, le meilleur indic des fils de Reian n'a plus aussi fière allure. Il a pour seul habit, les taches de sang dues aux quelques coups qu'Edward et Kyle lui ont portés et la peur que je lui inspire.

— Je te croyais plus malin que ça Karl, commencé-je. Ça a été un jeu d'enfant de te retrouver.

Un sourire démoniaque s'affiche sur mon visage. J'effleure avec délicatesse les outils en imaginant toutes les tortures que je vais pouvoir infliger à cet être répugnant. Et pourquoi ne pas le dépecer ?

— Je sais que c'est toi qui as pris les photos que Minko m'a adressées.

L'accélération de sa respiration comme l'affolement de son rythme cardiaque confirment mes soupçons. Son incompétence me régale. Peut-être que s'il avait délégué cette tâche, il aurait pu vivre un peu plus longtemps. Mais, j'imagine que dans un élan de fierté pour redorer son image, il a estimé pouvoir faire le travail seul.

— Tu as perdu de ta superbe, Corbeau, je n'y suis pour rien.

Cette fois-ci, sa réflexion me déclenche un rire franc. Foutaises. Les humains et le mensonge, une grande histoire d'amour. Je crois bien que c'est la seule qui perdure au fil des siècles.

Décidé à lui rendre la monnaie de sa pièce, je me lève puis m'approche de son corps disgracieux. Son regard s'accroche au mien comme pour essayer de deviner mes pensées. S'il savait comme c'est inutile. Le démon a besoin de sang. Je saisis alors un petit objet carré de couleur noire.

— Tu aimes avoir mal, Karl ?

Il s'efforce de maitriser son souffle pour ne pas montrer ses émotions, mais c'est peine perdue. La dignité qu'il tente vainement de protéger s'est déjà évaporée il y a bien longtemps. Risquer de souffrir pour une chose qu'il ne possède plus démontre sa stupidité.

— Tu fais une erreur, Corbeau ! s'écrit-il.

Je vais devoir passer à la vitesse supérieure. Moi qui le croyais faible.

— Le mécanisme sur lequel tu es installé est un petit bijou de technologie, annoncé-je en ignorant sa précédente intervention. Je le réserve spécialement pour mes invités les plus prestigieux. Lorsque je l'aurai activé, chaque fois que tu mentiras, le capuchon au bout de ton index détectera une accélération de ton rythme cardiaque et l'aiguille te perforera une partie de ton corps. Sympa, non ?

À ses yeux affolés, je peux voir sa terreur. J'inspire l'odeur de son angoisse. C'est toujours un délice de se repaître de ceux que vous avez longuement cherchés. Comme après une dure, mais productive journée de travail. Je sens les pores de ma peau s'ouvrir et capter chaque particule de peur dans l'air pour nourrir le mal qui me possède.

— Tu as le choix entre me dire tout ce que tu sais maintenant, ou bien on peut jouer à celui qui tiendra le plus longtemps.

Je n'ai pas besoin de le regarder pour deviner la sueur qui perle sur son front. Entre sa position et la mienne, je ne doute pas de gagner n'importe quel jeu qui me viendrait à l'esprit.

— Je te propose un marché ! s'empresse-t-il de me suggérer.

— Je crois avoir oublié de préciser qu'il y a un deuxième bouton sur la commande. Si l'humeur m'en dit, j'ai juste à appuyer dessus pour te transpercer les organes.

— Épargne-moi et je te conduirai à Minko ! Je sais où il se cache, il ne se doutera de rien !

Roman n'est pas des plus futés, mais il n'est pas non plus idiot. Le fait qu'il soit encore vivant aujourd'hui en témoigne. Je n'ai pas besoin de me retourner pour reconnaître que l'homme ment. En dépit de mes explications, il ne peut s'empêcher d'essayer de me berner. La machine émet un signal sonore alors que l'aiguille s'active. Il hurle, me suppliant une nouvelle fois. Je fais le sourd savourant la mélodie de ses lamentations. Et pour rendre la chose un peu plus perverse, l'ustensile ne s'arrête pas directement sur la zone choisie, mais s'amuse à parcourir plusieurs parties du corps du martyr.

Call Me MonsterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant