Chapitre 55 - Rachele

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Rachele

Quelques heures plus tard, mes paupières s'ouvrent avec lenteur. Je suis accueillie par une pénombre calme et sans bruit. Pourtant, en dépit du cadre paisible, une pointe d'angoisse s'enflamme dans ma cage thoracique. Les battements de mon cœur soucieux heurtent la brume dans laquelle on m'a plongée. Ma respiration devient irrégulière et sifflante. À moitié consciente de mon environnement, je sens quelque chose bouger à côté de moi, puis une main douce et rassurante vient se poser sur ma poitrine, là où j'ai mal, là où mes émotions se bousculent.

— Chut... Tout va bien, Rachele.

La chaleur de sa paume et le son mielleux de sa voix suffisent à me faire reprendre mes esprits, néanmoins, cela ne calme pas entièrement l'inquiétude qui me ronge. Je me lève comme piquée à vif, mais à peine ai-je mis un pied à terre que je m'effondre de douleur.

— Que s'est-il passé ? Où est Mina ? Mina ?! Ma cheville !

Jacob attrape mon visage entre ses mains pour me forcer à le regarder. En réponse, mes mains agrippent ses poignets. Mes yeux s'accrochent aux siens dans le but qu'il soulage cette pression qui me comprime la poitrine. Faites que tout cela ne soit qu'un cauchemar. Rongée de l'intérieur, je tente de lire en lui, sans succès.

— On est parvenus à vous rejoindre à temps pour Mina. Quant à Samuel, Tyler a réussi à contenir l'attaque jusqu'à ce que nous arrivions. Tout va bien, d'accord ? Tout va bien. Pour ce qui est de ta cheville, tu t'es blessée dans les bois en essayant de prêter assistance à Mina. Ce n'est pas grand-chose.

Il me sert contre lui, m'enivrant de son parfum océan, puis me susurre des mots doux jusqu'à ce que je m'apaise.

« Tout va bien », je me répète.

— Reviens dans le lit avec moi, murmure-t-il à mon oreille.

Mon protecteur me soulève en veillant à ne pas appuyer sur mon articulation endolorie, puis m'aide à m'asseoir sur le matelas. Je passe une main sur mon front, consciente de l'état désastreux dans lequel je me trouve. Je suis malgré moi devenue l'héroïne de mes romans, mais si l'avenir de mes personnages était clair, le mien est actuellement plus que confus. Je n'ai plus la force de pleurer, les effets du calmant ne se sont pas tous dissipés. Je ne sais plus comment agir et réagir. Je reste là à contempler l'ampleur des dégâts en attendant le moment où mon esprit daignera enfin entrer en action.

— Tu réfléchis beaucoup trop, Campora.

La voix de l'homme face à moi me tire hors de mes pensées noires. Sans vraiment comprendre pourquoi, j'ai soudain le besoin irrépressible de le prendre dans mes bras. Je veux sentir sa peau contre la mienne. Comme si m'accrocher à lui me permettrait de ne pas sombrer dans le gouffre au bord duquel je joue. Comme s'il pouvait me sauver des montres qui tentent de s'emparer de ma raison. C'est vital, animal.

Il fait sombre, toutefois, je peux distinguer sans mal sa carrure musclée grâce à la lumière de la lune qui traverse la fenêtre. Ni trop ni pas assez. Les rayons brillants subliment les dessins sur sa peau, en plus de faire ressortir la malice dans ses yeux.

Je n'ai pas le temps d'appréhender mon geste, que mes lèvres se retrouvent posées sur les siennes à la recherche du contact enivrant. Mes baisers sont un peu maladroits devant l'urgence que je ressens, mais il ne semble pas en tenir compte. Conscient de mon besoin viscéral, il me rend mes attentions. Chaud et pressant, son corps me pousse sur le lit avec agilité. Nos échanges langoureux deviennent plus brûlants, plus sauvages au fur à mesure que nos caresses font grimper la température. Son bassin vient coller son sexe au mien. Nos sous-vêtements représentent la seule protection à l'union de nos êtres.

Il détache quelque peu ses lèvres des miennes pour descendre son souffle haletant dans mon cou. Je gémis et m'appuie contre lui pour qu'il continue. Dans le rayon lumineux, nos deux ombres n'en forment plus qu'une. Il se redresse avant de déboucler sa ceinture qui glisse dans un bruit de cuir frotté. Un frémissement parcourt ma nuque jusqu'à mon sexe. Ses yeux joueurs m'effraient autant qu'ils m'incendient. Il effleure alors mes poignets, puis les attrape et les remonte au-dessus de ma tête. Avec délicatesse, il les attache d'une étonnante dextérité, le lien mordant tendrement ma peau.

Son regard ne demande pas, il prévient. Ses iris virent au rouge vermeil face à son excitation grandissante. Sa bouche s'empare de la mienne, sa langue s'y introduisant avec lascivité. Puis, décidé à passer à la vitesse supérieure, il parcourt mon corps jusqu'à ce que le bout de ses lèvres frôle mon aine. Je me cambre pour me rapprocher de lui, mais il prend un malin plaisir à me torturer. Le désir s'infiltre dans chaque cellule de mon être alors que je gémis sans même qu'il ne me touche.

Languissamment, il retire mon bas et caresse l'intérieur de ma cuisse droite avant de faire de même sur la gauche. Mon entrejambe devient moite, la pression se fait de plus en plus pesante dans tout mon corps. Il se nourrit de mon impatience et attend le point fatidique où je ne contrôlerai plus rien.

— Jacob, je murmure.

Un sourire satisfait sur le visage, il donne un premier coup de langue sur mon clitoris avant de répéter un peu plus durement son geste. Je geins plus fort alors que mon bassin se lève malgré moi pour aller au contact de sa bouche. Il fait mine de recommencer, mais refuse de me délivrer. Je tente d'attraper ses cheveux pour le forcer à m'obéir, mais je me retrouve bloquée par le lien de cuir. Il émet un petit rire machiavélique, heureux de me voir prisonnière d'un désir inassouvi.

— S'il te plait !

Il rit de ma supplique et pose sa bouche sur mon sexe. Son souffle percutant mon désir, je gémis, les lèvres entrouvertes de satisfaction. En réponse, il entre délicieusement un doigt en moi, libérant ainsi la tension de mon bas-ventre. Les émotions fortes se mêlant à un désir ténébreux, il profite de mon abondante humidité pour en rentrer un deuxième, tout en continuant de jouer avec sa langue sur mon point sensible.

Cette énergie psychique et physique qui nous lie n'est en rien commune aux autres êtres vivants. Comme si mon cœur ne reconnaissait que lui, je lui fais une confiance aveugle dès l'instant où il me touche. Sa peau électrise la mienne dans une alchimie féerique en dépit de tout ce qui nous sépare. Alors que je suis percutée de plein fouet par un orgasme puissant, des voix lointaines, douces, et intenses, s'élèvent en chantonnant dans les airs. Elles sont à peine audibles, mais les paroles qu'elles murmurent sont troublantes, presque effrayantes. À tel point que ma peau se couvre d'une chair de poule.

Loin des cieux gardés par l'aurore

La nuit profonde vous honore

Au-delà de la vie rose

C'est la damnation qui vous oppose

Tu es l'unique âme sœur

Que pourra aimer cet être sans cœur

Né dans les flammes noires des enfers

Il sera ton seul roi sur la Terre

Lui, à qui tu donneras ton âme,

Il empêchera que tu te fanes

Entre ses paumes, tu renaîtras

Alors, la Reine tu deviendras

Call Me MonsterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant