FAÇONNE-MOI | Loki ~ TERMINÉ ~

Acte II 🌻: Chapitre 4 🐍

Noblesse était perdue. Ces temps-ci, beaucoup trop de questions tournaient dans sa petite tête. Elle avait l'impression qu'à Asgard il fallait sans cesse remettre les gens en cause, que rien n'était facile, comme un énorme nœud impossible à défaire sans comprendre l'utilité de chaque corde. Allongée dans son lit, son cahier de physique ouvert sur le ventre dans le présage d'une évaluation prochaine, l'adolescente fixait le plafond. Si elle résumait les énigmes, il y avait d'abord les disparitions, ensuite la fuite de gaz, puis sa séquestration nocturne, et, on l'oublie trop : la raison pour laquelle son père l'a envoyée ici. Derrière chaque mystère se trouvaient plusieurs visages et dès qu'elle commençait à creuser, tout semblait se compliquer davantage. Et maintenant Sören faisait partie de la catégorie "suspect" ! Avec ça, difficile de dormir sur ses deux oreilles... Avec un lourd soupir, la jeune fille se décida à trouver le sommeil, ou tout du moins, essaya.

~ Cauchemar ~

Une odeur d'humidité agressa les narines de la brune. Il faisait sombre, l'atmosphère était oppressante tandis que le froid environnant ne quittait pas son corps, la recouvrant d'une couche gluante, translucide, extrêmement désagréable. Ses yeux cherchaient dans le noir un quelconque repère alors que ses pas tremblants l'amenaient quelque part. Frissonnante, elle frotta vivement ses bras pour se réchauffer, en vain. Sa respiration sifflante revenait à elle dans un écho morbide, ses pieds nus marchaient dans les ténèbres sur un sol boueux alors que des feuilles collantes venaient chatouiller ses joues.

Où était-elle ? Un cri perça le brouillard épais de ce monde effroyablement réaliste. Une voix l'appela d'une détresse évidente, la lycéenne tenta de suivre le bruit comme elle put bien que des ronces écorchent ses jambes et son pantalon.

- Quentin ! Crie-t-elle en reconnaissant son timbre.

Son cœur battait fort, elle avait peur.

- Quentin, où es-tu ! Fit-elle plus fort dans l'espoir qu'il l'appelle de nouveau.

Mais tout était redevenu silencieux. Paniquée, la protagoniste se déplaçait plus vite, ses gestes étaient brouillons la faisant revenir sur ses pas, lui cognant les orteils contre des cailloux, lui tordant les chevilles dans des creux remplis d'eau verdâtre. Soudain, elle parvint à distinguer son propre corps. Ce qu'elle vit l'épouvanta. Car ce n'était pas l'atmosphère qui collait à sa peau de cette façon répugnante : c'était du sang. Le sang de Quentin. Il imbibait ses habits, recouvrait ses membres, s'incrustait sous ses ongles et coulait même de ses cheveux ! Elle hurla face à cette vision comprenant ce dont son esprit l'accusait.

Essayant de se débarrasser de cette parure sanglante, elle s'aperçut que la chose était incrustée dans sa chair, faisant pourrir ses os. Elle se débattit avec rage et désespoir jusqu'à ce que quelqu'un sorte des ténèbres pour lui faire face. Tombée à genoux dans sa lutte, elle releva ses yeux meurtris vers l'arrivant.

- Loki... Sanglota-t-elle en baissant le regard.

En effet, le fils du directeur arborait un sourire monstrueux qui lui barrait le visage, ses prunelles brillaient d'un éclat psychotique alors que son cou formait un angle droit. Entre ses doigts squelettiques se trouvait un long couteau couvert de cheveux roux.

- Je veux sortir de là, le supplia-t-elle en voulant que ce cirque cesse.

La représentation cauchemardesque du garçon se mit à rire follement, le sol trembla, le ciel gronda, le cadavre mutilé de Quentin rampa jusqu'à Noblesse, ses yeux laiteux la fixèrent et sa bouche asymétrique prononça robotiquement :

- Assassin. Assassin. Assassin. Assassin.

- Tais-toi ! Tais-toi par pitié ! S'écria l'étudiante en bouchant ses oreilles et en secouant son visage de droite à gauche.