FAÇONNE-MOI | Loki ~ TERMINÉ ~

Acte III 🌹: Chapitre 17 🐍

L'hommage des sujets a suivi, entraînant tous les aristocrates aux pieds de leur nouveau roi. Libérée de ses fonctions, l'héroïne en a profité pour se fondre dans la masse, passant inaperçue grâce à la distraction que lui offrait son meilleur ami. Elle essuya ensuite les quelques larmes qui glissaient sur ses joues du revers de la main, désespérée de se ressaisir. Après tout, ce n'était rien de tragique. Ce qui la bouleversait était plutôt la réalisation du chemin parcouru et son amour incommensurable.

Loki était tout simplement sublime ! Peut-être était-ce ces mois loin l'un de l'autre qui lui avaient pesé sur la conscience... mais il lui semblait, alors qu'elle l'observait sur le trône avec son sourire arrogant, le redécouvrir sous un jour encore plus somptueux. Il était comme une divinité dans son auréole de gloire, brillant d'une puissance parsemée d'orgueil. C'était le mélange cynique du prestige et de l'ambition ; un mariage à l'allure parfaite cachant une noirceur sous sa robe.

La brune savait. Elle voyait cet éclat dans les prunelles bleues de son partenaire : ce désir ardent de soumettre pour goûter au pouvoir. Faire de cette notion un vin palpable qu'il pourrait sentir s'écouler en lui, qu'il pourrait reconnaître à l'odeur, à la vue et aux saveurs. Il voulait non pas le toucher, ni le posséder, mais bien l'absorber pour n'être finalement qu'un.

Loki sera le pouvoir lui-même. Il veut que les gens tremblent à sa vue, pleurent de remords et le supplient. C'est le juste désir d'être en capacité de dominer les âmes pour se venger du temps où la sienne a été à genoux. Parce que c'est fini : il ne courbera l'échine face à personne désormais. Il ne supportera plus l'humiliation de ses mains enchaînées à des forces supérieures : des forces injustes qui se prétendaient morales. Le souverain se fiche de ce que les faibles jugent "bon" ou "mauvais" : il n'y a dans ce monde que ce qu'il veut ou ne veut pas. Et Noblesse sait, bien sûr, qu'elle devrait s'y opposer. Sauf que la colère a aussi fleuri dans son cœur. La rancune s'est logée en silence dans son sang. Elle ne veut plus être cette ombre que sa mère a reniée, ni l'adolescente invisible dans le fond de la classe.

Aujourd'hui, elle aspire à devenir quelqu'un.

Quand elle accepte enfin cette évidence, la dessinatrice se sent prise d'un élan de détermination. Elle imagine le futur plus loin que le Jötunleren, elle envisage l'avenir plus beau que dans un métier qui ne lui convient pas. Il y a tant de possibilités autres que la voie sur laquelle on l'a mise ! Elle pourrait essayer de vendre des toiles, de postuler au Sceptre d'Émeraude, ou de croire dur comme fer en la prophétie du Docteur Strange ! Qu'est-ce qui l'empêche de saisir sa chance ? La peur ? Son bien-aimé lui a appris que la quête de reconnaissance était légitime ! Et si l'insignifiante mademoiselle Sathyne était, derrière sa crainte et sa retenue, une femme d'ambition ? Était-ce mal ?

Ils ne sont pas des gens bien.
Mais ils en sont fiers.

Un sourire courba les lèvres de la lycéenne. Elle avait l'impression de renaître d'une mort dont elle ne se savait pas victime.

La Cour a commencé à sortir de la salle, signant la fin de la cérémonie et l'ouverture des festivités. La brune, pour sa part, se contenta de rester sur place, ses iris fixant l'homme de toutes ses convoitises qui n'avait pas non plus l'air décidé à rejoindre la fête. Il surplombait les bourgeois qui quittaient les lieux avec supériorité, son visage d'albâtre rempli de dédain et la couronne scintillant sur sa crinière obscure de manière menaçante. Puis soudain, comme si un simple battement de cils s'était écoulé, les protagonistes étaient seuls, se regardant sans un bruit. L'électricité ambiante s'accentua, crépitant à travers le fils qui les reliait depuis toujours...

— Tu vas continuer à me fixer ou me rejoindre ? Demanda suavement le garçon.

Ils pouvaient enfin discuter sans contraintes sociales et le roi n'allait pas se priver de titiller l'héroïne après leur éloignement.