lun. 08/01 : altercation avec l'autre débile

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coucou, ça va ?

j'ai passé une plutôt bonne journée, ou presque.

je me suis levée plus tôt pour préparer nos petit-déjeuners, histoire de remercier Lisa d'avoir cuisiné hier. elle m'a demandé pourquoi ma joue droite était rouge, j'ai dû inventer un bobard et lui dire que je me suis pris la porte en me levant ce matin, ce qu'elle a cru sans même réfléchir. je passe encore pour une conne mais tant pis, j'ai l'habitude maintenant. c'est pas la première fois que j'invente des excuses débiles pour ne pas avouer que mon copain me frappe.

j'ai alors avalé mon petit-déj à une vitesse phénoménale pour avoir le temps de me maquiller. j'ai failli exploser en sanglots au moment où je me suis rendue compte que mon fond de teint n'était pas assez couvrant pour cacher ma joue rougie. j'ai fouillé dans les affaires de ma colocataire et ai appliqué le sien, qui était largement mieux que le mien. heureusement que nous sommes en hiver et qu'il fait moins chaud que d'habitude, car je me demande sérieusement comment j'aurais fait pour supporter la chaleur avec ces plusieurs couches de maquillage sur le visage.

aujourd'hui, c'est Lisa qui nous a conduit à l'université. nos cours commencent à neuf heures mais nous avons l'habitude d'y aller une heure plus tôt, histoire de travailler chacune de notre côté dans un environnement autre que notre appart.

elle et moi sommes dans le même secteur d'études mais pas la même branche : je suis dans l'architecture intérieure alors qu'elle est dans l'extérieur. c'est donc pour cela que nous avons à peu près les mêmes horaires.

« je vais bosser avec Thomas, ça te dérange pas ? » m'avait-elle demandé en sortant de la voiture, une fois garée.

« non, bien sûr que non ! fais-lui un gros câlin de ma part, c'est tout ce que je te demande. » lui avais-je répondu en souriant.

je me suis donc dirigée vers une salle de travail où je ne croise jamais personne, près de la cafétéria, pour aller relire mes cours et consulter la plateforme informatique de l'université, histoire de voir si de nouvelles notes sont en ligne ou si jamais un de mes professeurs était absents.

« salut beauté. toujours aussi studieuse, à ce que je vois. »

ses lèvres se sont rapidement posées sur mon front pour me saluer, ce qui m'a dégoûté mais je n'ai rien laissé paraître, puis le monstre s'est assis à ma table.

« quoi de neuf ? tu ne m'as pas écrit, hier. »

agacée de ses propos, j'ai fermé mon ordinateur, enlevé mes lunettes que je mets uniquement pour lire sur un écran et lui ai donné toute mon attention. j'ai assez travaillé, de toute façon.

« peut-être parce que tu m'as encore frappé et violé l'autre soir ? » ai-je chuchoté entre mes dents pour que notre conversation soit privée.

il a explosé de rire et je lui ai lancé un regard noir.

« bébé, nous sommes en couple donc ce n'est pas un viol. tu sais combien de filles voudraient être à ta place ? » a-t-il lâché avec un sourire moqueur.

prétentieux, en plus de tout. quelle enflure. comment j'ai pu tomber avec un gars pareil.

« je te déteste. »

mes mots ne lui avaient pas du tout plu, car il a attrapé l'arrière de ma nuque et a brusquement collé mon front du sien, manquant presque de me mettre un coup de tête.

« fais attention à ce que tu dis, Megan. tu ne voudrais pas que je déboîte ta jolie mâchoire pour te faire taire, si ? »

son regard sombre est réapparu, celui avec lequel il me fixe quand je dépasse les limites, ses limites. ses yeux devenus noirs de colère plus notre proximité m'a glacé le sang. je n'osais plus respirer, ni rien faire.

« allez, dégage. » m'a-t-il dit en me relâchant. « travaille bien, mon amour ! »

j'ai pris mes affaires en moins de deux secondes et je suis partie vers la salle où j'avais cours en première heure, et Lucas a profité de mon passage pour me mettre la main aux fesses. j'ai mordu ma lèvre si fort pour essayer de contenir ma rage, et j'ai réussi à ne rien répliquer. ce serait aggraver mon cas.

bref, une journée basique dans la vie de Megan Forth. il ne se passe jamais rien, toujours la même chose, les mêmes cours, les mêmes têtes, les mêmes environnements, les mêmes discussions, les mêmes repas, les mêmes habitudes.

j'aurais bien besoin de casser la routine.

m'enfin, raconter mes journées dans ce journal me permet de dormir sur mes deux oreilles et de ne pas ruminer. je commence même à y prendre goût. d'ailleurs, j'ai vu une citation sur pinterest qui m'a beaucoup plu l'autre jour, et là-voici :

"la vie, ce n'est pas d'attendre que les orages passent, c'est d'apprendre à danser sous la pluie"

peut-être que je devrais devenir gentille avec Lucas et que ça le calmera...









en fait non, c'est un gros con. pourquoi être amicale avec un homme abusif et violeur ? il mérite de crever.

bon, me voilà fatiguée. en espérant que quelque chose de bien m'arrive demain ou que mon merveilleux petit-ami décide de me lâcher la grappe.

(écrit le huit janvier au soir, toujours assise dans mon lit mais Médi manque à l'appel, ce soir. elle est sûrement en train de se goinfrer.)

abused, lonely & hopeless | jack gilinskyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant