dim. 08/04 : SAAM

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cher journal,

aujourd'hui est un jour qui, je pense, va être important dans ma vie. cela a à voir avec Lucas et la relation que nous avons.

nous sommes aujourd'hui le huitième jour du mois d'avril, également connu pour être le sexual assault awareness month (SAAM étant l'acronyme, et mois de la prévention des agressions sexuelles la traduction). cela ne me faisait ni chaud ni froid concernant ma situation, car je sais bel et bien que je n'oserai jamais dénoncer Lucas à qui que ce soit par peur de représailles...

... sauf que quelqu'un l'a fait à ma place. pas sur mon histoire, mais sur Lucas et son comportement en général.

cet après-midi, je me trouvais dans la cuisine à me préparer un goûter (un thé vert avec des biscuits au chocolat) quand Johnson m'a rejoint, l'air vraiment grave.

« Meg, tu as vu la page facebook des étudiants de UCLA ? »

j'allais rétorquer en disant que non, je ne consultais plus ce réseau social de vieilles personnes depuis déjà longtemps mais en voyant qu'il était vraiment super sérieux, je n'ai rien dit de tout cela et j'ai simplement secoué la tête. dans ce cas, il a déverrouillé son portable et m'a montré ladite page.

Sarah, l'ex petite-amie de Lucas, y a publié un très long message en dénonçant toutes les violences qu'elle a subi de la part de ce dernier. elle y explique le calvaire qu'elle a vécu, entre torture psychologique et violences physiques et sexuelles avec des photos à l'appui.

j'avais l'impression que mon corps avait tout simplement cessé de répondre, que mon cœur m'avait lâché. les larmes me sont montées aux yeux à vitesse grand V. malheureusement, je ne suis pas la seule à être abusée par lui.

« je pensais que c'était une bonne idée de te prévenir de... tout ça. » m'a dit Johnson en me voyant ainsi figée. « fais attention à toi, Megan. vraiment. et si tu as besoin de quoique ce soit, n'hésite pas. »

puis il est parti, sûrement pour me laisser digérer tout cela toute seule.

je n'ai pas bougé pendant de longues minutes. d'un côté, je pensais et je pense toujours que cet aveu peut me mettre en danger : Lucas peut avoir peur que l'annonce de Sarah me donne également l'envie de faire de même, et donc pourrait très bien me retrouver pour me foutre la pression. c'est pour ça que j'ai peur, en ce moment. mais d'un autre côté, si l'on va par là, les autres autour de moi sont désormais au courant du passé abusif de Lucas (qui est, en réalité, encore d'actualité) et seraient plus vigilants.

« et tu ne dis rien pour le protéger ? »

j'ai enfin levé les yeux de mon thé : Gilinsky venait de dire ça. il a beau être adorable, gentil et super drôle, il peut être parfois super lourd. sa remarque ne m'a pas plu du tout. il a dû s'en rendre compte quand je l'ai tué du regard avec mes yeux très humides.

malgré ça, il s'est approché de moi et m'a gentiment frotté le dos.

« écoute, j'ai cherché et trouvé les coordonnées de Sarah. » m'a-t-il chuchoté dans l'oreille. « si jamais tu souhaites la contacter, elles sont indiquées sur ce post-it. »

G a posé ledit bout de papier devant moi, a embrassé ma tempe et a ensuite quitté la cuisine à son tour. du coup, comme d'habitude et comme prévu, j'ai pris toutes mes affaires et suis allée m'enfermer pleurer dans ma chambre.

je n'arrive pas à savoir si c'est une bonne chose ou non. une chose est sûre cependant : je ne le sens pas. je n'arrive pas à voir une bonne fin à cette histoire. j'ai trop peur.

qu'est-ce que je vais devenir...

(écrit le huit vers dix-sept heures)

abused, lonely & hopeless | jack gilinskyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant