mer. 28/03 : début de la panique

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bonsoir,

pour le moment, tout va bien.

je suis retournée en cours lundi, mardi et aujourd'hui car je me sentais mieux et j'avais besoin de sortir de chez moi, prendre l'air et voir des gens. Erin m'a d'abord grondée en me voyant de retour si tôt, mais je lui ai expliqué que ça allait mieux et elle a fini par me croire. de toute façon, c'est vrai !

à cela s'est ajouté mon rendez-vous chez le médecin, ce même jour vers 4p.m., juste après mes cours. je lui ai donc demandé à quels types d'avortement je pouvais avoir recours, et il m'a conseillé de procéder à la technique médicamenteuse. il m'a bien tout expliqué oralement et sur une ordonnance... du coup, après cela, je suis vite rentrée pour en parler avec Johnson. comme dimanche lors de l'annonce, il a tout pris en main comme un chef : il est allé à la pharmacie chercher les médicaments dont j'aurai besoin à ma place (je ne me sentais pas trop à l'aise à l'idée d'y aller) puis, ayant décrété de mon côté que je ferai cela jeudi, il a appelé son travail sous mes yeux pour prendre sa journée de congé. j'ai vraiment trop de chance d'avoir un ami comme lui... je ne sais pas quoi faire pour le remercier. vraiment!

sauf que mine de rien, jeudi... c'est demain, quoi. et je commence à paniquer. et habituellement, quand je panique, je fais une chose : j'accours vider mon sac auprès de Lisa. je me sentais prête à lui avouer ma grossesse, ce que je m'apprête à faire avec ces médocs etc... et je sais qu'elle sera là pour moi. elle est ma meilleure amie, personne ne me connait mieux qu'elle. donc je suis partie de la maison vite fait bien fait, sans réfléchir.

j'ai marché jusqu'à l'appartement de Thomas, chez qui elle vit désormais : c'est d'ailleurs lui qui m'a ouvert la porte. il était surpris de me voir débarquer à l'improviste... normal. mais bon, je suis en période de crise, donc je réfléchis pas forcément à tout.

« Meg ! comment tu vas ? » m'a-t-il demandé malgré tout.

« ça va. dis, ta chérie est là ? »

il a secoué la tête, désolé. « non, elle est sortie avec des amies de sa classe. je ne sais pas à quelle heure elle va rentrer...
- oh, d'accord. tant pis pour moi. » ai-je fini par dire.

j'ai haussé les épaules, l'air de dire que ce n'était pas grave, mais je n'ai pas pu empêcher la montée de larmes. j'ai donc baissé la tête, et Thomas a de suite compris que ça n'allait pas.

« allez, rentre. »

j'ai donc exécuté son ordre, puis suis restée plantée dans l'entrée sans trop savoir quoi faire. Tom m'a vite mis à l'aise en me demandant si j'avais mangé, puis m'a proposé de me préparer quelque chose, ce qu'il a fait malgré ma réponse négative. il m'a fait des pâtes au pesto, le repas qui me réconforte le plus au monde.

« raconte-moi : quoi de neuf en ce moment ? » m'a-t-il demandé, sûrement pour me changer les idées.

j'ai haussé les épaules. « rien de très joyeux. c'est... j'en ai marre. c'est dur.
- de quoi parles-tu ? »

je ne savais pas si j'avais envie de lui parler, en fait. il fallait que ça sorte, mais je sais pas si j'étais prête à me confier à lui.

au passage, je ne sais pas si j'en ai déjà parlé ici, mais c'est lui qui m'a fait connaître Lisa ! j'étais amie avec Thomas avant de le devenir avec Lisa. les parents de Tom et ma mère sont amis depuis toujours, donc nous sommes inévitablement devenus amis. je sais beaucoup de choses sur lui, et lui sur moi :  il sait notamment que je suis parfois mal à l'aise dans ma relation avec Lucas (sans en connaître tous les détails) car il le connait et sait qu'il peut être très lourd par moment alors qu'au contraire, je suis plutôt timide et très souvent dans mon coin sans rien dire à personne. de mon côté, je sais par exemple que Thomas est de nature compatissante, bienveillante, et fait très attention à ses proches. il l'a toujours été bien sûr mais le décès de sa grande sœur Holly l'a pas mal changé. elle s'est donnée la mort il y a maintenant trois ans. elle voulait mettre un terme à ses souffrances dont personne ne connaissait l'existence et ça a été (évidemment) très dur pour lui et ses parents. et quand je suis pas bien, désespérée de la vie que je mène et de la maltraitance que je subis, je sais qu'il s'inquiète pour moi. et je m'en veux parfois d'être vulnérable face à lui. enfin, j'arrive pas à savoir si je dois me cacher devant lui ou non. je ne sais pas.

« de tout. mais ça va aller. »

il n'a rien ajouté, moi non plus. il a allumé la télé, on a mangé en regardant je-ne-sais-même-plus-quoi et il est maintenant 9p.m.. en toute honnêteté, j'avais pris des affaires avec moi : je connais Lisa, elle m'aurait interdit de quitter leur appart après lui avoir annoncé une telle nouvelle (aussi bien pour me rassurer que pour être sûre que quelqu'un me protège, donc elle l'aurait fait elle-même) et m'aurait proposé de dormir chez eux. moi j'étais ok! j'ai dans mon sac mes cours pour demain, mon pyjama, mes affaires de toilettes... et même mon journal, vu que j'écris actuellement depuis l'appart de mes meilleurs amis. bref, je ne sais pas ce que je vais faire.

tiens, Thomas s'apprête à venir me dire quelque chose. lui comme Lisa sait que ce qui se trouve dans ce journal est secret, donc il respecte mon temps d'écriture où j'ai besoin d'être seule. mais bon, je ne vais pas froisser mon hôte en l'empêchant de me parler non plus.

à plus! :)

(écrit le vingt-huit au soir, vers vingt-et-une heure)

abused, lonely & hopeless | jack gilinskyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant