abused, lonely & hopeless | jack gilinsky

mar. 28/08 : turbulences chez les Forth

salut,

bon. je... bon. je ne sais même pas par où commencer... alors je vais te raconter ce qu'il s'est passé depuis la dernière fois, d'accord ?

comme prévu, je suis arrivée à 5a.m. à l'aéroport. j'ai attendu un petit quart d'heure pour récupérer ma valise, puis j'ai rejoint ma maman qui m'avait au préalable dit dans quel terminal elle se trouvait. l'aéroport est quasiment désert à cette heure-là donc je l'ai très vite repérée, d'autant plus qu'elle était encore dans sa tenue d'hôtesse de l'air. son tailleur toujours nickel, ses cheveux parfaitement attachés, son maquillage intact malgré ses déplacements. on a pris un taxi pour rentrer, on est arrivées une heure plus tard à l'appartement, j'ai à peine défait mes affaires que je me suis préparée pour aller au lit puis me suis endormie.

je crois ne jamais t'avoir parlé de ma vie ici, cher journal ? eh bien... mon train de vie ici est bien différent de celui de LA. très différent. mes parents habitent un superbe appartement très moderne (et bien trop grand pour eux je trouve...) en plein milieu de Manhattan, à deux pas de la Fifth Avenue et de Central Park. cela fait environ cinq ans que nous sommes ici et je pense que les deux ne vont pas tarder à vouloir déménager : eux ne s'attachent jamais aux endroits dans lesquels ils vivent et apprécient de changer "souvent" d'habitation. financer de tels endroits est possible grâce à la grande carrière de mon père en tant que joueur de hockey sur glace professionnel dans une des équipes les plus importantes du pays, les Rangers de New York. le salaire qu'il recevait... c'était des sommes à en perdre son latin. désormais à la retraite, il continue de toucher un salaire mensuel certes moindre, mais toujours vraiment pas mal... ma maman travaille aussi de son côté dans une très importante compagnie aérienne. bref : tout va très bien financièrement parlant.

je me suis réveillée le lendemain matin vers 11:30a.m., puis je suis restée dans mon lit à réfléchir à plein de choses. puis je n'avais pas trop envie de voir mon père, lui qui avait été si désagréable avec moi au téléphone. j'ai fini par sortir de ma chambre une heure plus tard. mes parents étaient en train de mettre le couvert, une bonne odeur provenait de la cuisine. ma mère m'a foncé dessus pour me faire de gros câlins et bisous, ce qui me faisait rire. mon père m'a ensuite salué d'une bise. on s'est assis à table, il nous a servi le déjeuner chacun notre tour puis nous avons commencé à manger. ma maman me posait toute sorte de question du style "comment ça va ?", "tu as fait bon voyage hier ?" ou encore "le plat est assez chaud pour toi ?", je répondais sans trop développer. j'étais un peu mal à l'aise avec mon père assis en face de moi. on savait tous les trois que ça finirait par péter à un moment, mais personne ne savait quand, donc c'était "tendu".

maman m'a dit que Lisa et Tom lui avaient passé un coup de fil il y a peu pour lui annoncer l'heureuse nouvelle. elle et mon père sont extrêmement ravis pour mes meilleurs amis qu'ils, au final, tout comme moi, considèrent comme une partie de notre propre famille.

« et toi alors, qu'est-ce que tu as fait depuis Noël, la dernière fois qu'on t'a vu ? »

j'ai levé les yeux vers mon père, auteur de la question. « j'ai vieilli d'un an, déjà... puis on a déménagé, puis j'ai travaillé pour obtenir mon année...
- et maintenant ? »

j'ai haussé les épaules. « j'ai profité des deux mois de l'été, mais il faut maintenant que je cherche un travail...
- comment ça, profiter ? qu'est-ce que tu as fait ? »

je commençais à comprendre ce qu'il voulait. il me posait les mêmes questions que lors de son appel. en gros : "qu'as-tu trouvé de mieux à faire que de voir ton vieux père ?"