XX : Grieving

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Moi : Quelques semaines après, Don Mancini a fini par tirer sa révérence et s'en aller dans l'au-delà. Vu son état on s'y attendais tous, mais quand la nouvelle est tombe ça a été un gros choc. C'était une période difficile pour tout le monde.

... : J'imagine bien. Perdre un être cher est tout sauf une partie de plaisir.

Moi : J'avais l'impression d'avoir perdu mon propre père, expliquais-je. Celui que la vie m'avait donné après que j'ai dû couper les ponts avec le mien. Pourtant, je ne le connaissais pas depuis si longtemps que ça... Comme quoi il y a bien quelque chose de plus fort que la mort, c'est la présence des absents, dans la mémoire des vivants.

... : Je suis totalement d'accord avec vous.

Moi : Ce que j'ignorais à ce moment là, c'était le tournant qu'allait prendre ma vie après son départ. Ce fut un changement radical. Je n'ai rien vu venir...


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7 ans plus tôt
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Aujourd'hui c'est l'enterrement de Don Mancini. Même si c'est difficile, la famille essaye d'afficher une façade calme, sauf que les émotions sous-jacentes sont palpables. Doña Sofia est dévastée. Habituée à ce qu'elle soit forte, ça fait tout drôle de la voir aussi vulnérable. Après tout c'était son mari, celui qui partageait sa vie depuis une trentaine d'années et le père de ses enfants.

Livia aussi est inconsolable. Elle pleure sans cesse et aucun mot que j'avais beau trouver pour lui remonter le moral ne fonctionnait. Et Lorenzo... Je ne saurais même pas par où commencer pour expliquer à quel point il est à cran. Il ne le montre pas car il essaye d'afficher une façade forte.

Ce qui m'inquiétait le plus était le fait que je ne l'avais ni vu, ni entendu pleurer une seule fois. Pourtant il avait besoin d'évacuer tout ce qu'il ressentait, j'essayais de l'aider, mais ça ne servait à rien sinon à l'irriter encore plus. Je ne sais plus quoi faire.

Debout dans la foule, face au cercueil qui descendait progressivement dans le caveau, j'essuyais furtivement la énième larme qui menaçait de couler sur mon visage. Je n'avais jamais assisté à un enterrement avant aujourd'hui et je dois dire que c'est bizarre. L'atmosphère triste, les pleures, les souvenirs, les regards... on ne sentait que ça.

Quand le cercueil fut totalement en bas, ils ont dit quelques paroles en sicilien avant de commencer à jeter des roses. Les gens passaient à tour de rôle et laissez-moi vous dire que du monde, il y'en avait. Particulièrement des hommes âgés en costumes noirs qui avaient tous l'air de faire partie du même cercle. C'était impressionnant.

L'enterrement fini, on a commencé à se diriger vers les voitures pour se rendre à la maison familiale. N'étant pas à mes côtés, je me suis retournée pour voir où Lorenzo se trouvait, lorsque je l'ai vu debout, face à la tombe de son père qu'on recouvrait à présent. Il ne bougeait pas, mais je le sentais trembler. Ça me brisait le coeur.

Je suis allée à son niveau d'un pas hésitant, avant de lui prendre la main. Il a frissonné.

Moi : Mon amour... soufflais-je. Il faut qu'on y aille.

Il n'a pas répondu, mais il a resserré son emprise sur ma main. Le voir si triste me déchirait le coeur. Je l'aimais tellement que je pouvais sentir sa tristesse et croyez-moi, j'aurais tout donné pour apaiser sa peine.

Moi : Je sais qu'il te manque, mais dis-toi qu'il sera toujours dans ta tête et dans ton coeur. Rien ni personne ne pourra jamais t'enlever ça, continuais-je. Tu entend ?

Jusqu'à ce que la mort nous sépare.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant