XLIV : Survival instinct

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Moi : Durant les semaines qui ont suivi ma sortie de l'hôpital, un silence oppressant régnait. On sentait le poids de secrets inavoués et de souffrances dissimulées. Les mots non dits et les émotions refoulées empoisonnaient l'atmosphère, rendant chaque instant insupportable.

... : Dans quel état physique étiez-vous à ce moment là ?

Moi : J'avais encore pas mal de séquelles, répondis-je. Un plâtre à la jambe, et d'autres douleurs. Je ne ressemblais plus à rien. Ça commençait à cicatriser, certes, mais ça se voyait toujours autant.

... : Et mentalement ?

Moi : Ma santé mentale se détériorait. J'avais fréquemment des crises d'anxiété et je souffrais de stress post-traumatique. Je faisais fréquemment des cauchemars où je voyais Lorenzo me rouer de coups jusqu'à n'en plus pouvoir. À chaque fois je me réveillait en sursaut, remerciant le ciel que tout ça ne soit pas réel.

... : Et Lorenzo ? Comment se comportait t-il après avoir presque failli vous tuer ?

Moi : Il était indifférent, détaché, mais aussi gêné. Je pense surtout que me voir si affaiblie l'agaçait parce que je ne pouvais plus faire tout ce qu'il voulait. Le fait qu'il continue constamment de me droguer n'arrangeait pas les choses. Je le suppliais d'arrêter, mais il augmentait de plus en plus les doses. Entre ça et les médicaments que m'avaient prescris les médecins, c'était un cocktail explosif. J'étais défoncée la majeure partie du temps et mon corps s'y habituait. Je n'étais plus moi-même. Et tout ça, ce sont mes enfants qui en payaient les frais...

... : J'allais justement vous demander ce qu'il en était des enfants...

Moi : Tout ce qu'il me faisait, ça les détruisait un peu plus chaque jour, soufflais-je en retenant mes larmes. Chiara se sentait responsable de Matteo. Elle essayait en quelque sorte de compenser mon incapacité à m'occuper d'eux convenablement. J'étais tout le temps dans les vapes, du coup j'étais incapable de réagir normalement face à leurs attentes. Ils montraient des signes évidents de détresse émotionnelle. Surtout Chiara... elle n'allait pas bien. À cause de moi.

... : Ce n'était pas de votre faute. C'était de celle de son père et je suis sûre que votre fille, au fond d'elle, le savait. Arrêtez de vous blâmer.

Moi : Elle essayait de masquer son anxiété et sa frustration, mais ses émotions commençaient à la submerger, se manifestant par des sautes d'humeur, des troubles du sommeil et un début d'insolence, surtout vis à vis de son père. À un moment donné, sa détresse était telle qu'elle a commencé à nouer un certain ressentiment envers moi.

J'ai soupiré.

Moi : Chiara, mon adorable fille... j'espère que quand elle sera assez grande pour comprendre tout ça, elle pourra me pardonner de lui avoir infligé une telle enfance. De l'avoir contrainte à grandir beaucoup trop vite. De lui avoir fait des promesses que je n'ai pas pu tenir. De ne pas toujours avoir pris les bonnes décisions. Et de ne pas avoir été aussi forte que j'aurais dû l'être. J'espère vraiment qu'un jour elle comprendra ce que j'ai réellement enduré et pourquoi, à un moment donné de sa vie, elle a douté de moi.


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3 ans plus tôt
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... : Non Matteo, elle dort. On n'a pas le droit !

... : Si ! Maman !

... : Shhht. Viens, allez !

En ouvrant lentement les yeux, j'ai vu Matteo faire irruption dans la chambre suivi par Chiara qui elle, hésitait à entrer. Elle était restée dans l'encadrement de la porte. Je me suis redressée.

Jusqu'à ce que la mort nous sépare.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant