XL : Captive

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Moi : Après les aveux de Chiara, Lorenzo me confinait dans la maison, coupée de tout contact avec le monde extérieur. C'était encore pire qu'avant. Je n'avais plus le droit de rien faire. Il avait fait installé des caméras de surveillance dans pratiquement toutes les pièces pour surveiller mes moindres faits et gestes en permanence. Quand il allait en voyage, il faisait en sorte que sa mère reste à la maison pour avoir un total contrôle sur moi. J'avais tout le temps droit à des menaces, à des critiques, à des insultes.

... : C'est vraiment dommage que sa mère ait contribué à cela. Une femme. Une mère. C'est tout simplement décevant.

Moi : Pour me punir de mon insubordination, Lorenzo déployait une cruauté inouïe. Il me soumettait à des sévices physiques et psychologiques, me privant de sommeil pendant des jours, me laissant sans nourriture pendant des périodes prolongées, ou pire, me torturant avec des méthodes brutales pour me faire plier à sa volonté. Il me brulait, abusait de moi de façon sadique et violente, me faisant faire des jeux de rôles humiliants. Il me traitait comme une moins que rien. Il ne se gênait même plus. J'avais l'impression de voir une toute autre personne que l'homme que j'avais aimé. Mais en réalité, c'était juste le vrai Lorenzo. Celui que je n'avais jamais voulu voir tellement j'étais aveuglée par l'amour.

... : Quand vous dites insubordination, à quoi faites-vous allusion ?

Moi : Au fait que je me rebellais, maintenant que je savais qu'il avait tué mon fils. Je ne voulais plus de cette relation, mais lui me forçait à rester à ses côtés comme si de rien était. Il jouait avec mon esprit, utilisant des tactiques de manipulation pour me pousser au bord de la folie.

... : Au bord de la follie ?

Moi : Oui. Littéralement. Il me faisait croire que j'étais responsable de la mort d'Enzo, parce que c'était moi qui avais mis au monde un enfant autiste. Pour lui je ne devais pas lui en vouloir car il avait fait ça pour notre bien. Il disait que j'étais trop jeune pour gâcher ma vie à prendre soin d'un enfant dont l'avenir était déjà condamné. Que je devais le remercier. Il essayait de semer le doute dans mon esprit pour me faire douter de ma propre innocence car il savait que j'étais en train de lui échapper. Que la colère et le dégoût avaient remplacé ce que je ressentais pour lui.

... : C'est vraiment horrible. Je n'ai pas de mots.

Moi : Il voulait me retourner le cerveau pour me faire revenir à lui. Pour me rendre docile de mon plein gré, et non par la force. Pour me contraindre à obéir, Lorenzo n'hésitait pas à utiliser les enfants comme moyen de pression. Il menaçait de me séparer d'eux, de les enlever, de leur faire du mal, voire pire, si je refusais de me conformer à ses exigences, c'est à dire faire comme si tout allait bien. Comme si nous étions heureux et fou amoureux. Comme si nous étions la famille parfaite. Pour protéger mes enfants, je n'avais pas le choix. Plus rien ne devait leur arrive. Je me l'étais promis.

... : Comme le disait si bien Friedrich Nietzsche, l'instinct maternel est divinement animal. La mère n'est plus femme, elle est femelle. La façon dont vous parlez de vos enfants, l'amour que vous leur portez et la force dont vous avez fait preuve pour eux... c'est très admirable.

Moi : Ils sont toute ma vie, dis-je. Pour eux, j'étais prête à tout. Et ça, Lorenzo le savait. C'est pour ça qu'il souhaitait absolument m'entrainer dans son délire. Il voulait que je sois aussi folle que lui... Où s'arrête la normalité, l'acceptable, le socialement correct et où commence la folie lorsqu'elle n'est pas visible par tous, pas diagnostiquée, lorsqu'elle ne s'exprime que dans le huis-clos familial parce qu'elle sait très bien se fondre dans la masse et se parer des attributs de ce qui est socialement valorisé ou accepté ?


Jusqu'à ce que la mort nous sépare.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant