XLII : Guardian angel

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Moi : Nous avons donc quitté Palerme, pour Catane. Les enfants et moi tentions de nous adapter à cette nouvelle vie. On se retrouvait dans un environnement inconnu et potentiellement plus hostile, avec encore plus de restrictions et de surveillance. Chiara n'allait plus à l'école, on lui faisait des cours à domicile. Rares étaient les fois où les enfants avaient le droit de sortir. On était toujours cloisonnés à la maison. Nous vivons dans une véritable forteresse. Une prison dorée. En même temps, je devais faire face à la colère et au ressentiment de Lorenzo et sa mère pour ma supposée trahison lors de la fusillade. Pour le fait qu'il ait dû tuer Rafaele.

... : J'imagine qu'à partir de là, les choses ont été encore plus compliquées...

Moi : C'est le cas de le dire, répondis-je. Lorenzo me droguait régulièrement pour me maintenir dans un état de vulnérabilité et de dépendance. Pour que je sois totalement à sa merci. Et le problème, c'est que ça commençait à fonctionner. Même si je la consommais contre mon gré, ça me permettait en quelque sorte de de fuir la réalité et mon corps commençait à s'y habituer. Je m'en voulais mais c'était plus fort que moi. Cette situation me rendait encore plus désespérée, car je luttais entre l'addiction et la volonté de rester lucide et trouver une issue à ma situation.

... : Les addictions, même si elles ne sont pas une généralité chez tous les pervers narcissiques, sont souvent au rendez-vous. Manipulation et drogue vont de paire. Cela démystifie la personnalité du pervers narcissique, que l'on considère trop souvent comme un être fort, en révélant les vrais fondements de sa personnalité. En réalité, il a en lui un énorme vide et de profonds manques qu'il a besoin de combler par la violence, l'alcool, la drogue, le sexe, le jeu... tout ce qui le grise, lui apporte un sentiment de puissance et d'excitation. Il savait que pour vous soumettre, il devait vous rendre accro aux mêmes vices que lui. C'est un cercle vicieux.

Moi : Un cercle vicieux qui risquait fortement de s'amorcer, car la drogue m'aidait à supporter cette relation devenue un véritable enfer. Il avait trouvé une faille pour provoquer chez moi une addiction qui me mettait de facto en position de dépendance affective. En fait, il se comportait en parfait lunatique. Il était la source de mon mal et se servait de la drogue et l'alcool pour jouer le rôle de guérisseur de son propre poison, si je peux dire ça comme ça. Il devenait à la fois le problème et la solution.

... : Je comprend parfaitement ce que vous essayez de dire. Votre relation était si toxique qu'elle a fini par s'axer sur un lien fusionnel très fort, certainement l'un des plus dangereux que l'on puisse nouer avec un être manipulateur. Il vous exposait non seulement à partager son insanité, mais aussi à l'accepter et à le suivre, vous faisant tomber à votre tour dans l'addiction. C'est un jeu pervers qui consiste à détruire psychologiquement sa victime en modelant son psychisme sur son propre psychisme pathologique.

Moi : En présence de sa mère, Lorenzo était encore plus tyrannique et abusif. Le fait qu'elle habite avec nous était invivable pour moi. J'étais aussi profondément attristée par le manque de contact avec Livia depuis notre départ. Je me sentais coupée de mon seul allié potentiel et regrettais de ne pas avoir pu récupérer les cadeaux que Livia avait apporté pour les enfants, surtout pour le téléphone. Toutes les issues semblaient bloquées pour s'échapper de l'emprise de Lorenzo. C'était comme si quoi que je dise ou quoi que je fasse, le destin me liait toujours à lui.

... : Je vais vous laisser poursuivre avant de vous posez une question qui me taraude l'esprit.

J'appréhendais déjà.

Moi : La seule chose qui m'apportait un peu de réconfort était mes enfants. Chiara venait d'avoir 6 ans, et Matteo, lui, avait 11 mois. Ça me réjouissais de le voir grandir normalement malgré les circonstances difficiles : il disait papa, maman ainsi que d'autres petits mots, et ne devait pas tarder à marcher d'ailleurs. Ce n'était qu'une question de temps. C'était grâce à Chiara, ça. Elle lui parlait tout le temps, et lui tenait la main pour l'encourager à faire des pas tous les jours. Malgré la différence d'âge, ils étaient inséparable. J'avais de la chance de les avoir. Et j'avais encore plus de chance d'avoir Chiara. Elle a été et restera mon ange gardien.


Jusqu'à ce que la mort nous sépare.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant