XXXVII : Gone

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Moi : Le 8 avril, dis-je. Je n'oublierai jamais cette date.

... : Pourquoi ? Que s'est-il passé ?

Moi : J'ai perdu une partie de moi ce jour-là.

Mes yeux se sont humidifiés.

Moi : Expérimenter la perte d'un être cher est un chapitre douloureux et bouleversant de l'existence. C'est une épreuve qui confronte brutalement à une réalité que beaucoup préféreraient éviter ou ignorer.

Elle ne dit rien, et attrapa un nouveau carnet. Elle avait fini le premier.

Moi : Le malheur de la mort est qu'elle tue le corps, le présent et le futur pour vous laisser errer le coeur plein de chagrin dans un passé où le défunt est plus que vivant. La mort n'est pas la pire chose de la vie. Le pire, c'est ce qui meurt en nous quand on vit.

... : Qui est mort, Kenaya ?

Je l'ai regardé.

Moi : Vous le savez déjà.

Les larmes se sont mises à inonder mon visage. Je ne pouvais pas les arrêter. Mes mains, elles aussi, commençaient à trembler.

Moi : Avec la perte d'un enfant, quel que soit son âge, nous perdons la confiance en la vie et la confiance en soi. Il y a le manque, massif, insupportable. La sensation d'être amputé, la douleur indescriptible. Et l'incompréhension, la colère. La vie elle-même nous paraît d'une cruauté insoutenable. Nous sommes envahis par cette culpabilité du survivant. Qu'ai-je fait ou que n'ai-je pas fait ? Comment puis-je vivre alors qu'il n'est plus là ? Pourquoi lui et pas moi ? Tellement de questions sans réponses.

... : Je suis vraiment désolée pour vous, Kenaya.

Moi : Avant d'être désolée pour moi, reprenais-je en reniflant. Laissez-moi vous raconter ce qui c'est passé. Laissez-moi vous expliquer comment j'ai moi-même jeté mon fils dans la gueule du loup...


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4 ans plus tôt
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Ce matin là, je me suis réveillée avec une sensation étrange. Une atmosphère lourde et morbide se faisait sentir dans l'air. Ça me mettait assez mal à l'aise.

Lorenzo : Bonjour mon amour.

Il est venu sur le lit avec un plateau contenant des tas de choses pour le petit-déjeuner. J'étais surprise car il n'avait jamais fait cela avant.

Moi : Bonjour, répondis-je en souriant.

Lorenzo : Tu as bien dormi ?

Moi : Mmh, déclarais-je en baillant. Merci. Et toi ?

Lorenzo : Très bien aussi.

Moi : Tu es debout depuis longtemps ?

Lorenzo : Pas vraiment, non. Tu as encore des courbatures ? J'ai appelé une masseuse, elle sera là dans la journée.

Moi : C'est vraiment adorable mon coeur, dis-je. Merci.

Il m'a fait un léger sourire, suivi d'un clin d'oeil.

Lorenzo : Mange, prend des forces.

Moi : Je voudrais bien aller voir Enzo avant, histoire de m'assurer qu'il ait bien dormi.

Lorenzo : Non !

J'ai froncé les sourcils. Il s'est nerveusement passé la main dans les cheveux.

Jusqu'à ce que la mort nous sépare.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant