Epilogue II

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Quand j'ai ouvert les yeux, tout était flou. Je me sentais lourde, comme si mon corps ne m'appartenait plus vraiment. Chaque mouvement demandait un effort immense, et la douleur était omniprésente, diffuse mais bien réelle, me rappelant chaque coup, chaque blessure. Je n'étais pas à l'hôpital, la pièce autour de moi ressemblait à une chambre, avec des machines médicales qui bourdonnaient dans un coin.

Je voulais bouger, me redresser, mais mon corps m'en empêchait. Juste un mouvement de ma main, un léger sursaut, et c'est là que je l'ai vue. Chiara. Ma fille, endormie à côté de moi, sa tête posée sur ses bras croisés, au bord du lit. Elle a l'air épuisée, ses yeux rougis et gonflés trahissant les nuits sans sommeil.

Je tente de bouger un peu, et ce mouvement, bien qu'infime, réveille Chiara. Elle lève la tête brusquement, ses yeux s'écarquillant en me voyant. Puis, soudain, les larmes débordent de ses yeux. Elle n'essaye même pas de les retenir.

Chiara : Ma... maman ?

Moi : Oui, c'est moi chérie...

Chiara : Je croyais que tu n'allais jamais te réveiller. Ça fait deux mois... deux mois que tu es ici, sans bouger. J'avais tellement peur de te perdre, maman.

Je tente de digérer l'information, abasourdie.

Moi : Deux mois ? Répétais-je, incrédule. Et... Matteo ? Où est-il ?

Son regard change, et je sais tout de suite que la réponse ne sera pas celle que j'espère.

Chiara : On ne sait pas... On ne les a pas retrouvés. La police les cherche, mais... toujours rien.

Je ferme les yeux, le choc de cette nouvelle s'abattant sur moi comme une vague froide. Mon estomac se noue, et une terreur indicible s'empare de moi.

Le médecin entre à ce moment-là, interrompant notre échange. Il s'approche avec précaution, comme s'il ne voulait pas troubler cet instant. Chiara se redresse et essuie rapidement ses larmes du revers de la main.

Docteur : Madame, c'est bon de vous voir réveillée. Nous ne savions pas si ce moment arriverait.

Il me regarde avec sérieux, son ton devient plus grave.

Docteur : Je dois vous dire que votre rétablissement sera long et compliqué. Vos organes internes ont été gravement endommagés... plusieurs opérations ont été nécessaires. Vous avez eu beaucoup de chance de survivre. Mais... il y aura des séquelles.

Moi : Des... séquelles ?

Docteur : Oui. Votre corps est marqué à vie, et il faudra des années avant que tout fonctionne normalement. Il y aura un suivi médical intensif, et malheureusement, certaines limitations physiques risquent d'être permanentes.

Je me tais, digérant ses paroles. Une partie de moi veut pleurer, mais l'autre est déjà trop fatiguée pour exprimer cette douleur. La main de Chiara toujours dans la mienne, je sens son regard sur moi. Elle attendait une réaction, quelque chose. Mais que pouvais-je dire ?

Chiara : Je suis désolée...

Je tourne la tête vers elle, surprise.

Moi : Pourquoi tu t'excuses, ma chérie ?

Chiara : Parce que je n'ai pas pu te protéger. J'ai essayé, mais je n'ai rien pu faire.

Ces mots me frappent plus fort que toutes les douleurs physiques que je ressens. Elle pense que c'est sa faute ?

Moi : Non, Chiara. Tu as été incroyablement forte. Plus forte que n'importe qui n'aurait dû l'être à ton âge. Tu m'as protégée, tu es restée à mes côtés, et c'est tout ce que je pouvais espérer.

Jusqu'à ce que la mort nous sépare.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant