XXVIII : Heaven & Hell

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Moi : Les semaines qui ont suivi, Lorenzo redevenait progressivement froid, distant et agressif. C'était toujours comme ça. Soit il se comportait en homme attentionné et parfait, soit c'était tout le contraire. Il n'y avait jamais de juste milieu avec lui. Il allait toujours d'un extrême à l'autre.

... : A-t-il recommencé à vous frapper, après vous avoir presque casser le nez le soir du baptême de votre fille ?

Moi : Non. Enfin, si... hésitais-je. Il s'en prenait de nouveau physiquement à moi, mais il s'arrangeait toujours pour que ça n'aille jamais trop loin.

Elle a soufflé, comme agacée de ma réponse. Et je savais exactement pourquoi elle avait cette réaction. À vrai dire, c'était compréhensible, mais je ne fais pas exprès.

... : Vous ne répondez pas vraiment à ma question... On dirait plutôt que vous essayez encore de le défendre alors qu'à ce stade Kenaya, vous ne devriez plus.

Cette fois, ce fut à moi de soupirer. C'est pas que je le défend ou le protège comme beaucoup ont tendance à croire, c'est juste que j'ai tellement été habituée à cacher et couvrir ses écarts de conduite qu'à l'heure d'aujourd'hui, c'est difficile pour moi de sortir certaines habitudes de ma tête, tellement elles y ont été ancrées. Pourtant j'aimerai, je vous le jure. Mais c'est plus facile à dire qu'à faire.

Moi : C'était des gifles par ci et là, ou alors il me poussait, me secouait, me tirait les cheveux, m'insultait, me faisait des croche-pieds et j'en passe. Il trouvait toujours de nouvelles façon de passer sa colère sur moi. Une fois, il est même allé jusqu'à me sortir du lit en pleine nuit pour m'enfermer sur le balcon, sous une pluie ardente, juste parce qu'il était rentré tard et de mauvaise humeur. Pour lui, lorsqu'il n'était pas là je ne devais pas dormir et me prélasser, mais m'inquiéter et l'attendre. J'y ai passé le reste de la nuit, j'étais trempée, j'avais froid. Ça ma rendue malade, mais lui... il s'en fichait.

... : Les individus qui ont une personnalité narcissique ont généralement un manque d'empathie et des difficultés à prendre conscience des désirs, du vécu subjectif et des sentiments d'autrui.

Moi : La seule chose qui me rassurait, poursuivais-je. C'est qu'il ne faisait plus rien devant les enfants. Je pense qu'il avait bien compris à quel point Chiara en avait été affectée, du coup il voulait éviter que ça se reproduise. En fait, Lorenzo voulait jouer le père parfait devant ses enfants et l'homme parfait devant sa famille et ses proches, alors que la réalité était toute autre...


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6 ans plus tôt
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Nous sommes à Venise depuis deux jours, car aujourd'hui a lieu le mariage de Livia. Les Mancini avaient pourtant insisté pour que cette dernière se marie en Sicile, mais elle ne voulait pas. Pour elle, Venise était la ville de l'amour et rien ni personne n'aurait pu lui faire changer d'avis. Ça fait d'ailleurs partie des choses que j'admire le plus chez elle : sa ténacité, son courage et son aptitude à faire les choses comme elle le souhaite et non pas comme les gens le veulent. Et dire que j'étais comme ça avant de rencontrer son frère...

Moi : Ça va ? Pas trop stressée ?

Vêtue de sa magnifique robe et de son voile, elle se contentait de sourire. Nous étions toute les deux seules dans la pièce car elle voulait que je l'aide à finir de s'apprêter. Au fond, je savais que c'était juste une excuse pour que je puisse être loin de Lorenzo quelques minutes.

Livia : Bizarrement, non. Ça va. J'ai juste hâte d'en finir.

Puisque je suis sa demoiselle d'honneur, je devais arriver à la cérémonie séparément de mon mari. Pas besoin de vous dire qu'il n'était pas forcement ravi, car il déteste le fait que je sois avec d'autres gens sans qu'il ne soit présent. Encore pire lorsqu'il s'agit de sa soeur, car monsieur estime que je lui met des choses dans la tête et que je lui parle de notre vie intime, alors que non.

Jusqu'à ce que la mort nous sépare.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant