XXXIX : Truth

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Moi : Lorenzo et moi étions de plus en plus en conflit. C'était majoritairement lié aux enfants, Matteo en particulier. Il était frustré par ma dépression et mon incapacité à prendre convenablement soin du bébé. Pourtant je faisais de mon mieux, je m'occupait de lui comme mon corps et mon esprit me le permettaient, mais je ne pouvais pas faire plus pour l'instant. Je lui disais que j'avais besoin d'aide, qu'il fallait que je consulte un thérapeute, mais bien sûr il était contre. Pour lui, c'était nos problèmes de famille. Je n'avais pas à en parler à un inconnu. Je trouvais ça paradoxale parce que lui avait consulté pour sa colère. Je ne comprenais pas pourquoi je n'y avais pas droit.

... : Ce genre de réaction est propre à tout pervers narcissique. Tout pour eux, rien pour les autres. Ils ressentent ce besoin de supériorité. De domination. De minimisation du ressenti d'autrui.

Moi : Ça m'agaçait beaucoup qu'il fasse preuve d'autant d'insensibilité envers moi. Ils qualifiait mes sentiments de déraisonnables et de surréalistes. Pourtant ce n'était pas le cas. J'aimais mon fils. Je prenais soin de lui comme je pouvais mais pas assez, je l'admet. Je me sentais incomprise et seule. Toutes mes tentatives pour communiquer avec Lorenzo étant constamment rejetées ou minimisées. Je ne savais plus quoi faire.

J'ai ris. C'est sorti tout seul.

Moi : Mais après tout, c'était normal pour lui. Ça faisait parti de son plan. Un plan bien plus gros que je ne l'aurais imaginé. Un plan dont j'étais la principale cible. Un plan des plus machiavéliques.

... : Que voulez-vous dire ?

Moi : On exprime souvent les mensonges les plus cruels par le silence, dis-je. C'est plus facile de mentir que de dire la vérité. C'est plus facile de trahir que de rester fidèle. C'est plus facile de fuir que de faire face. Plus facile d'oublier que de s'engager. Certains ont choisi la facilité et d'autres ont compris que le bonheur se gagne dans la difficulté. Le mensonge est plus aisé que la vérité. Cependant, il suffit d'une vérité pour faire écrouler toute une pyramide de mensonges.

... : Je ne suis pas très sûre de vous suivre.

Moi : Mon mensonge à moi, s'appelait Lorenzo. Et ma vérité...

J'ai souris.

Moi : C'était Chiara. C'est elle qui m'a ouvert les yeux en brisant son silence. C'est elle qui a mis des mots sur ce qui c'était vraiment passé. Quand le mensonge prend l'ascenseur, la vérité prend l'escalier. Elle met du temps, c'est vrai, mais finit toujours par arriver.

Elle a hoché la tête.

... : Le mensonge, pendant de la vérité, peut être considéré comme une trahison dans un couple ou briser la confiance dans une amitié. Vivre dans le mensonge peut en effet détruire intégralement la réalité supposée de la personne a qui on ment. Ça peur aussi tuer la confiance, l'amour et le respect entre deux êtres.

Moi : C'est totalement ça. La vérité finit toujours pas éclater. Ce n'est qu'une question de temps. Et quand elle éclate, elle peut nous libérer ou mettre fin à tout ce pourquoi on s'est tellement battu. Parfois la vérité sort toute seule, sans qu'on le veuille. D'autres fois, la vérité peut sauter aux yeux, sans qu'un seul mot ne soit prononcé. Mais d'autre fois encore, et c'est ce qui peut nous arriver de pire, la vérité ne nous libère pas mais nous entraîne pour toujours.

... : Lequel de ces trois cas de figure fut le votre ?

Moi : Je vous laisse deviner...


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4 ans plus tôt
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Assise dans le séjour, je me perdais dans mes pensées, comme d'habitude. Matteo était allongé dans son parc, pas loin de moi, il gazouillait. Je devais le surveiller. Mon regard s'est posé sur une photo de famille prise peu avant le premier anniversaire d'Enzo. C'était la seule photo de lui qu'il avait laissé dans la maison. Il avait retiré les autres, prétextant que ça rappelait trop de mauvais souvenirs. Comment est-ce que notre fils pouvait en être un ?

Jusqu'à ce que la mort nous sépare.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant