XXVI : Bipolar

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... : A l'heure d'aujourd'hui, quel est le premier sentiment qui vous vient en tête par rapport à tout ce que vous avez vécu ?

Moi : Le regret, répondis-je sans hésiter.

Par son regard, elle m'incitait à continuer.

Moi : Je crois que le plus difficile quand on a vécu une telle relation, c'est de se dire qu'on y a un temps soit peu contribué, même indirectement. J'aurais dû faire quelque chose pour mettre un terme à tout cela tant qu'il était encore temps.

... : Je peux comprendre votre point de vue, seulement n'oubliez pas que vous n'aviez que 16 ans lorsqu'il est entré dans votre vie et que vous étiez encore mineure quand vous l'avez épousé Kenaya. À cet âge là, on n'est pas forcément assez mature pour prendre les bonnes décisions.

Moi : Plus on avancera dans l'histoire, plus vous comprendrez pourquoi je suis autant responsable que lui... Je sais que vous essayez de m'aider à aller de l'avant, mais à ce stade, rien de ce que vous pourrez me dire ne changera la réalité, ni même tout ce qui a conduit à ma présence ici.

Elle ne dit rien, acquiesçant simplement d'un signe de tête. Au fond d'elle, elle sait bien que j'ai raison. C'est autant ma faute que celle de Lorenzo. Et Dieu seul sait à quel point je regrette d'être autant restée passive.

Moi : Après deux mois de relative accalmie, Lorenzo a recommencé à montrer des signes de frustration, expliquais-je. Je savais que c'était lié au travail. Et bien sûre, toute cette tension avait des répercussions sur notre vie personnelle.

... : À en juger par le schéma habituel, je présume qu'encore une fois, après avoir été loin la dernière fois il n'a plus posé ses mains sur vous un petit moment. Je me trompe ?

Moi : Il faisait des efforts pour se contrôler, crachais-je. Il avait tenu sa promesse, du moins un moment. Il ne me frappait plus et était de nouveau au petit soin avec les enfants et moi. Toutefois, en proie à ses démons intérieurs, Lorenzo devenait de plus en plus irritable à la maison. Les moindres détails le contrariaient, et les employés remarquaient également un changement dans son comportement, créant un climat de tension général. Et je vous laisse deviner qui devait en payer les pots cassés...



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6 ans plus tôt
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Chiara est allée passer le week-end chez Doña Sofia qui se sentait un peu seule, alors il n'y avait que Enzo avec nous à la maison. J'étais en train de le bercer sur le patio lorsque j'ai entendu la voix de mon mari. Il se disputait visiblement avec quelqu'un et ça avait l'air plutôt sérieux.

Ces derniers temps, il s'énervait pour des choses futiles, criaient sur le personnel, les rabaissait en permanence. On aurait dit que toute la colère gratuite qu'il déversait autrefois sur moi, il la dirigeait désormais envers eux. Du coup, pour éviter des représailles, la plupart du temps je n'osais pas intervenir.

Intriguée, je me suis dirigée où provenaient les voix, pour constater qu'il s'agissait de Lorenzo et Rafaele. Pour je ne sais quelle raison, ils se disputaient. Enfin non, Lorenzo le disputait.

Je ne comprenais pas bien tout ce qu'ils disaient car ils parlaient en jargon sicilien et non en italien, mais je captais quand même quelques mots. Lorenzo lui reprochait des choses, et je me demande bien de quoi il est question exactement.

Plus la dispute amplifiait, plus je sentais que ça pouvait dégénérer à n'importe quel moment. Il suffisait d'un mot déplacé de la part de Rafaele pour que Lorenzo lui saute dessus.

Jusqu'à ce que la mort nous sépare.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant